Gaspard-Hubert Lonsi Koko, porte-parole du Rassemblement pour le Développement et la paix au Congo (RDPC) - Photo RDPC. |
Il est des moments où une crise doit aller jusqu’au bout de son paroxysme. Ainsi est-il inutile de vouloir systématiquement contourner un obstacle. Il faudra au contraire avoir le courage de s’appuyer dessus.
Un négociateur impartial
D’aucuns connaissent le rôle néfaste joué par l’Ouganda, le
Rwanda et le Burundi en vue de la déstabilisation de l’Est de la République
Démocratique du Congo. Accepter le président ougandais, Yoweri Kaguta
Museveni, comme négociateur entre le
gouvernement congolais et les rebelles du M23 ne pourrait que relever de la
naïveté, de l’impuissance et de la complicité. En effet, l’Ouganda, qui mise,
comme ses alliés locaux, sur la désintégration de son grand voisin, sera a
fortiori juge et partie. Sa partialité ne pourra que renvoyer
dos-à-dos les belligérants, et cautionner l’impunité en faveur des criminels
réclamés par la Cour pénale internationale.
La République Démocratique du Congo étant un pays souverain,
le Rassemblement pour le développement et la paix au Congo (RDPC) milite pour
que l’oubli n’efface à jamais les crimes de guerre et crimes contre
l’Humanité commis par les bourreaux des grands lacs. En conséquence, aucun pays impliqué d’une manière ou d’une autre dans
les actions relatives aux violences sexuelles, aux violations des droits
fondamentaux de la personne humaine, à l’enrôlement de force des enfants dans
les groupes armés et au génocide congolais[1]
ne doivent faire partie de la médiation. Ainsi le RDPC demande-t-il au
président Joseph Kabila de solliciter
ses pairs francophones en vue d’une diplomatie susceptible de convaincre le
Rwanda, le Burundi et l’Ouganda de cesser toute implication, directe ou
indirecte, dans la région du Kivu. La Francophonie en particulier, et la communauté internationale en
général, devront mener à leur encontre la politique de la carotte et du bâton.
Une assistance militaire aux FARDC[2]
Le malheur des populations de l’Est de la République
Démocratique du Congo résulte de l’opération Turquoise[3].
La France ayant de ce fait une responsabilité morale au regard des crimes et
des violations des droits fondamentaux de la personne humaine à l’encontre des
autochtones congolais, le RDPC incite le président Joseph Kabila à demander à son homologue François
Hollande pour que la France pèse de tout
son poids au Conseil de sécurité des Nations Unies. L’objectant consiste à ce
que la Monusco reste
la force neutre et puisse assister les
FARDC dans leur tâche ayant trait à la pacification de la région du
Kivu.
D’aucuns savent que le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi ne sont que des bras séculiers de multinationales qui sont intéressées à moindre coût par les richesses dont regorge la République Démocratique du Congo. La non-ingérence de ses entreprises étrangères privera leurs faire-valoir de la région des grands lacs de moyens qu’ils mettent à la disposition des rebelles qui sévissent dans la région du Kivu.
Le RDPC souhait que le législateur congolais adapte quelques lois nationales aux divers plans anti-corruption, comme la loi américaine contre les pratiques de corruption à l’étranger (Foreign Corrupt Practices Act)[4] et la loi anglaise[5] concernant les poursuites à l’encontre des multinationales dont les maisons-mères n’ont aucun dispositif de prévention adéquat.
On ne peut continuer d’ignorer l’illégitimité du pouvoir
politique en place à Kinshasa, qui ne cesse d’hypothéquer la cohésion
nationale. En effet, les conséquences de la crise due aux élections bâclées de
2011[6]
ne peuvent qu’encourager le recours aux armes pour sanctionner ceux qui se sont
maintenus aux commandes des institutions étatiques indépendamment de la volonté
populaire. Sans pour autant sombrer dans les erreurs du passé, allusion entre
autres au système « 1 + 4 »[7]
ayant été mis en place avant l’élection présidentielle de 2006, le RDPC est
favorable aux solutions idoines. Ainsi les Congolais de l’étranger doivent-ils
être impliqués, au même titre que les acteurs locaux, dans toute initiative
relative à la cohésion nationale.
Documentation
- NicolasSarkozy et Paul Kagame : les noces franco-rwandaises.
[1] La mort de six millions de Congolais est reconnue par
les Nations Unies (voir rapport du Projet Mapping 2010 concernant les
violations des droits de l'homme 1993-2003).
[2] Forces armées de la République Démocratique du Congo.
[3] Cette opération fut mandatée par les Nations Unies,
par le vote de la résolution 929, et menée et par l’armée française – sous le
commandement du général Jean-Claude Lafourcade du 21 juin au 24 août 1994 –
pour le maintien de la paix au Rwanda. La résolution onusienne avait prévu un
déploiement français avec des objectifs humanitaires en coopération avec la
Mission des Nations Unies au Rwanda (MINUAR). Un pont aérien fut donc réalisé
entre Paris et Goma, ayant projeté hommes et matériels à l’Est de la République
du Zaïre (l’actuel République Démocratique du Congo).
[4] Elle a été utilisée de manière agressive par des
juges américains contre des multinationales, lors de pratiques de dessous de
table avérées dans le monde.
[5] Une nouvelle loi anti-pots-de-vin au Royaume-Uni,
peut-être la plus dure en l’espèce dans le monde, peut avoir des effets sur la
lutte contre la corruption à un niveau global. Votée à la fin de l’année 2010,
elle est en principe entrée en vigueur en avril 2011.
[6] Lors de la présentation officielle de son rapport
final sur le déroulement des élections du 28 novembre dernier, la Voix des sans
voix (VSV) a proposé l’organisation de nouvelles élections. Selon cet ONG, la
République Démocratique du Congo connaît une crise de légitimité de pouvoir à
cause des irrégularités constatées lors de ces élections. Elle a donc proposé
l’instauration d’un dialogue entre Joseph Kabila et l’opposant Étienne
Tshisekedi, le président d’Union pour la démocratie et le progrès social
(UDPS), pour la gestion consensuelle du pays en vue de l’organisation des
nouvelles élections. (In La VSV demande l’organisation de nouvelles
élections en RDC).
[7] Le pouvoir devait être partagé entre un président :
Joseph Kabila et quatre vice-présidents. Le gouvernement d’union nationale,
formé le 30 juin 2003, était chargé de mettre en œuvre le processus électoral
dont le référendum constitutionnel, organisé les 18 et 19 décembre 2005,
constituait la première étape, suivie par les élections présidentielle et
législatives en juillet et octobre 2006. Le gouvernement avait aussi pour
mission de rétablir l’autorité de l’État dans toutes les provinces, autorité
bafouée par les belligérants qui s’étaient répartis leur contrôle administratif
et militaire, au gré de leurs alliances et de leurs intérêts économiques.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire