vendredi 24 décembre 2010

La République Démocratique du Congo, un combat pour la survie

Cet ouvrage paraîtra en février 2011 chez L'Harmattan dans la collection Études africaines.


Dans cet ouvrage, il est question de la feuille de route pour une République Démocratique du Congo du troisième millénaire. Effectivement, en homme de foi et excellent visionnaire, Gaspard-Hubert Lonsi Koko trace avec conviction les sillons d’une politique audacieuse dont la finalité est – à court, moyen et long termes – la paix, la croissance économique et l’évolution sociale. Toutes les propositions de l’auteur s’articulent autour de quatre principes fondamentaux : la Liberté, l’Égalité, la Sécurité et la Prospérité.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko confirme donc qu’il a réellement une ambition nationale. Une ambition collective pour réinventer, 50 ans après la décolonisation, la manière de faire de la politique et de rendre possible une alternative crédible en République Démocratique du Congo. Ainsi propose-t-il à ses concitoyens un projet de société d’avant-garde fort, humaniste et fraternel, lequel pose les véritables fondements du Congo d’avenir.

L'auteur :

Ancien cadre du Parti Socialiste français et auteur de plusieurs ouvrages, Gaspard- Hubert Lonsi Koko a présidé le Club de réflexion Enjeux Socialistes et Républicains ainsi que le Club Afrique. Il est actuellement le Président d’Union du Congo et le porte- parole du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC).

ISBN : 978-2-296-13725-7

Prix : 11 euros.

Pour se procurer déjà cet ouvrage, prière de cliquer sur le lien ci-contre : http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=33224

jeudi 23 décembre 2010

L’Île-de-France, un terreau propice à d’éventuels futurs terroristes « lingalaphones »


Il y a quelques semaines, par le biais d'un document très argumenté sur la nécessité d'un changement politique en République Démocratique du Congo, le porte-parole du Rassemblement pour Développement et la Paix au Congo (RDPC) attirait l'attention de la communauté internationale sur les risques à moyen et long terme d'une politique de désinvolture, s'agissant du règlement des conflits armés dans la région des grands lacs africains. Ainsi a-t-il rappelé que la déflagration de la gestion inexperte de la République Démocratique du Congo aura des effets collatéraux garantis sur l'ensemble du monde.
Toujours dans le souci de conscientiser cette communauté internationale, qui a tendance à réagir plutôt qu'à agir de manière anticipée, l'accent est mis cette fois-ci sur un phénomène qui semble marginal aujourd'hui, mais dont les conséquences, si l'on ne s'y intéresse pas plus tôt, se matérialiseraient très prochainement. De plus, pour les jeunes « lingalaphones » de France – dont le passé reste muet, le présent sourd et l'avenir aveugle –, la perspective de se réaliser à travers le terrorisme est très alléchante. En effet, la marginalisation de facto, dont cette jeunesse est victime, et la « conscience » – celle-ci n'étant, en réalité, qu'une impression accentuée et déformée par des prédicateurs connus –, ont de l'implication du Nord, surtout dans le maintien de la misère et dans l'organisation du désordre, au Sud. Elles constituent donc des motifs solides dont la finalité est un viatique : ce raccourci qui semble faire ses preuves, ne serait-ce que par les tourments qu'il inflige aux pays occidentaux.

La problématique des « lingalaphones » de France

Au moins trois raisons doivent inciter la communauté internationale, la France et l'Union européenne en premier, à se pencher sérieusement sur le cas de ces jeunes gens, c'est-à-dire sur la problématique relative aux « lingalaphones » de France. Primo, sur le plan typiquement français, le lingala est devenu la première langue africaine parlée en région parisienne (C'est déjà en Wallonie, surtout dans la région bruxelloise). Secundo, il est important d'avoir à l'esprit le fait que l’aire géographique du lingala couvre le Congo-Kinshasa, le Congo-Brazzaville, la République centrafricaine et l’Angola : à savoir plus des deux tiers du bassin du Congo. Tertio, d’après les statistiques, beaucoup de citoyens français de moins de 25 ans habitant l’Île-de-France sont nés des parents « lingalaphones », c’est-à-dire originaires dans la plus grande majorité des pays qui composent ledit bassin du Congo. Pourtant, l’implantation durable de cette immigration, dont la majorité provient de la République Démocratique du Congo, est très récente en France. Les sociologues la situent, globalement, au début des années 1980.

L’exclusion à la française

D’après plusieurs enquêtes, les conditions sociales de la plupart de jeunes Français et immigrés « lingalaphones » ne sont guère reluisantes. Pis encore, pour eux, l’horizon se bouche davantage. Effectivement, ils sont en proie aux innombrables problèmes sociaux et aux multiples tracasseries administratives dues aux instructions d’une classe politique soucieuse de couper l’herbe sous le pied de l’extrême droite – en l’occurrence le Front National. Tous ces éléments montrent que les perspectives d’instruction et d’emplois sont, d’une manière ou d’une autre, moins prometteuses pour ces jeunes gens. Très démoralisés, puisque sans aucun débouché intéressant, ils ne savent plus à quel saint se vouer. Ainsi deviennent-ils des proies faciles pour quelques imams pratiquant un islam peu orthodoxe. Ces derniers finissent par les convaincre de suivre un enseignement axé sur les pseudo-vertus du terrorisme. Et, après l’endoctrinement, le stage pratique se déroule, bien entendu, en Afghanistan ou au Pakistan. Aussitôt leur formation achevée, ils s’envolent vers l’Afrique subsaharienne afin de combattre la politique occidentale, surtout celle des États-Unis d’Amérique consistant à constituer un bouclier contre le terrorisme dans une zone géographique s’étendant du Proche-Orient au continent africain.

L’intérêt pour les richesses et la position géostratégique de l’Afrique

Il est évident que les richesses dont regorgent quelques pays africains n’intéressent pas que les seuls Occidentaux, mais aussi d’autres puissances confirmées et émergentes comme la Chine, la Russie, le Japon, l’Inde, Brésil... À ceux-là, il faut ajouter des groupes extrémistes tels que les Hezbollahs, Al-Qaïda, les Talibans... Ces derniers travaillent non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour des pays comme l’Iran, le Pakistan... qui les protègent plus ou moins. L’autre intérêt des puissances existantes, ou en phase de le devenir, pour l’Afrique, c’est indéniablement sa position géostratégique. En effet, l’avenir d’un bon nombre de continents, en premier lieu l’Europe, ou de pays à dimension continentale à l’instar de la Chine et de la Russie, dépendent du continent africain. Qui détiendra cette partie du monde, dans toute l’acception de l’expression, aura accès non seulement aux matières premières, mais surtout contrôlera à la fois les océans Atlantique et Indien, ainsi qu’une partie de la Mer Méditerranée. Il est des analystes, ne l'oublions pas, qui ne voient dans le soutien aux régimes en place – considérés comme des alliés locaux –, contre les groupes opposés aux intérêts occidentaux – tels que l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA), les Shebabs, les commandos salafistes... – qu'un prétexte en vue de la mainmise sur les richesses de l’Afrique.

L’implication des « lingalaphones » de la diaspora sur le devenir du continent africain

Il est à noter que, en matière de terrorisme, l’Afrique est en train de se transformer en un nouveau champ de bataille contre les intérêts des Occidentaux, ces derniers étant de plus en plus attirés par ses richesses et par sa situation géographique. Mais pourquoi les « lingalaphones » de la diaspora sont-ils parties prenantes dans l’impitoyable adversité entre ces différents camps sur le sol africain ?
« L’arbre ne s’élève qu’en enfonçant ses racines dans la terre nourricière », dit un vieux proverbe bantou. Il est certain que la misère de la majorité des peuples africains a des effets négatifs sur leurs parents vivant hors du continent. Ces derniers ont l’impression que les Occidentaux maintiennent en place certains régimes douteux d’une part pour mieux exploiter les richesses des pays africains et, d’autre part, pour maintenir davantage lesdits États dans le sous-développement  – l'objectif étant de mieux les déstabiliser. En conséquence, ces « lingalaphones » de l'étranger, qui s’estiment exclus de la gestion de la chose publique en France (pour ceux qui sont citoyens français) et qui n’y voient aucun avenir, projettent de retourner dans les pays de leurs ancêtres dans le but d’y rétablir l’ordre. Dans leur esprit, le désordre règne dans ces pays à cause des anciennes puissances colonisatrices, en particulier, et, en général, des Occidentaux. Raison pour laquelle ils s’allient d’office à ceux qui combattent, au prix de leur vie, les intérêts occidentaux en Afrique. Les ennemis de nos ennemis ne sont-ils pas nos amis ? Dans la mesure où la lutte contre le terrorisme doit se faire à l’échelle internationale, la solution concernant les conditions sociales des Français et immigrés « lingalaphones » de l’Île-de-France n’est pas que franco-française. Elle est aussi bien américaine qu’européenne et congolaise.
Une solution globale en vue de la dignité des peuples africains

Les réponses à cette problématique des « lingalaphones » de la région parisienne sont aussi américaines, parce que la lutte contre le terrorisme que mènent les États-Unis en Afrique est considérée par certains caciques comme un paravent d’une politique néo-coloniale. D’aucuns soutiennent volontiers que, à tort ou à raison, la politique américaine dans le continent africain consiste à brandir la menace terroriste dans l’espoir de se rallier les dirigeants locaux et d’obtenir, moyennant finances et armements, de nombreux marchés. Il est très important de rappeler que l’intérêt croissant de Washington pour les richesses pétrolières des pays de l’ouest et du centre de l’Afrique est l’une des alternatives à ses approvisionnements du Proche-Orient.
Les solutions sont aussi européennes, dans la mesure où le partenariat entre l’Europe et le Maghreb préconise une loi de lutte contre le terrorisme en Afrique. Dans le même ordre d’idée, la Convention européenne pour la répression du terrorisme, conclue le 27 janvier 1977 à Strasbourg, ne consiste-t-elle pas à dissuader, par tous les moyens, les actes contre les intérêts des pays d’Europe à travers le monde ? De l’avis de la plupart de spécialistes des relations entre le Nord et le Sud, les Occidentaux ont plutôt intérêt à conditionner leur partenariat avec les régimes africains à la bonne gouvernance et non à continuer de protéger des potentats au détriment des peuples. En agissant de la sorte, non seulement ils maîtriseront l’immigration africaine, mais ils contribueront surtout à la dignité des populations africaines. Ils participeront, de facto, à l’émergence et à la consolidation des États de droit.
Ces réponses sont également congolaises car la République Démocratique du Congo doit s’intéresser davantage aux entrepreneurs congolais de l’étranger, sachant que sa diaspora représente une manne financière considérable et indispensable à son développement socio-économique. C’est parce que la solution est globale que le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC) réintroduira, dans la législature 2010-2015, le ministère qui avait en charge les Congolais de la diaspora et renforcera ses attributions. Dans cette optique, le gouvernement du RDPC créera un Conseil Représentatif de la Diaspora Congolaise (CRDC), lequel sera composé de membres élus et dont le rôle sera avant tout économique et social. Ainsi le RDPC fera-t-il appel aux compétences des Congolais de l’étranger, parmi lesquels figurent les Congolo-Français, dans les différents secteurs étatiques et privés. Il est question non seulement des échanges humanistes avec les partenaires habituels de la République Démocratique du Congo en vue de l’expatriation des ressortissants congolais d’origine détenant les citoyennetés étrangères, mais aussi du retour concerté des immigrés congolais, qui le souhaitent, à la terre de leurs ancêtres.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

vendredi 17 décembre 2010

De la Côte d'Ivoire à la République Démocratique du Congo

Cinq questions à Gaspard-Hubert Lonsi Koko (*)


1. Quel regard portez-vous sur la crise institutionnelle qui secoue actuellement la Côte d’Ivoire ?
Dès lors qu’il s’est posé la question de la validité juridique au regard du délai légal, le Conseil constitutionnel a automatiquement pris le relais. S’agissant des fraudes, cette institution a déclaré « avoir constaté des irrégularités graves de nature à entacher la sincérité du scrutin et à en affecter le résultat d’ensemble ». Fallait-il pour autant reconnaître Laurent Gbagbo comme le président nouvellement élu ? D’après l’article 64 du code électoral ivoirien, on aurait dû prononcer l’annulation du scrutin pour permettre au Conseil des ministres de fixer par décret, sur proposition de la Commission chargée des élections, la date de l’élection dans les 45 jours à compter de la décision du Conseil constitutionnel. Mon regard privilégie donc des voies et moyens en vue d’une sortie de crise.

2. Comment expliquez-vous ce soutien clairement affiché de l’Union africaine et de la communauté internationale à Alassane Ouattara ?

Le Conseil constitutionnel est l’organe habilité à investir le président de la République ivoirienne. Alassane Ouattara le sait très bien, car il a prêté serment, par écrit, auprès de cette institution. Seulement, celle-ci a déjà reconnu le candidat Gbagbo comme magistrat suprême. Rappelons que la décision du Conseil constitutionnel est sans appel. Les arguments avancés par les différents antagonistes laissent supposer l’existence d’un vide juridique. Dans l’affirmative, la décision du Conseil constitutionnel devra faire d’office jurisprudence. Gbagbo est-il l’homme à abattre ? Il faut savoir que les Nations unies ont toujours recherché un « règlement pacifique », conformément au chapitre VI de la Charte qui les régit. C’était le cas notamment en République démocratique du Congo, s’agissant des affrontements entre les rebelles de Laurent Nkunda et l’armée nationale congolaise. Mais les Nations unies peuvent aussi passer outre le principe de non-intervention dans les affaires intérieures d’un État, conformément aux articles 39 et 42 du chapitre II de sa Charte, en ayant recours, comme le préconise l’article 41 du chapitre VII, à des mesures non militaires (embargo, sanctions économiques) pour faire pression sur les partisans de Laurent Gbagbo. En tout cas, il se pose, sur le fond, le problème de la souveraineté d’un État. La communauté internationale ne peut pas agir n’importe comment par crainte d’empiéter sur les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire. Si elle intervient militairement, elle risque de matérialiser pour très longtemps la balkanisation de ce pays. 

3. Laurent Gbabgo a-t-il été piégé en ayant accepté d’organiser cette élection ?
Sachant très bien qu’il n’était pas soutenu par la communauté internationale, Laurent Gbagbo n’aurait pas dû organiser l’élection sans que l’État soit présent dans l’ensemble du territoire. Cela n’a pas permis à ses partisans de mieux surveiller le déroulement du vote au Nord. Mais s’il ne l’avait pas fait, on l’aurait accusé de vouloir confisquer le pouvoir. À mon avis, il a eu raison de recourir aux urnes. Son plus grand tort, c’était d’avoir cru qu’il allait bénéficier au second tour de l’électorat de Konan Bédié au détriment d’Alassane Ouattara.

4. Y a-t-il lieu de s’inquiéter sur l’avenir de la Côte d’Ivoire ?
Je parlerai plutôt du devenir du continent africain, lequel est en train de se jouer en ce moment, on ne s’en rend peut-être pas compte, en Côte d’Ivoire. Faut-il croire que tout a été entrepris par des puissances extra-continentales pour confirmer la séparation entre le Nord et le Sud ? Si cela se concrétise, le Soudan, le Nigeria, le Cameroun, la République démocratique du Congo et l’Angola subiront le même sort.

5. Pensez-vous que ce qui est en train de se dérouler en Côte d’Ivoire peut se reproduire en République démocratique du Congo qui entend organiser l’élection présidentielle en 2011, scrutin auquel vous serez candidat ?
Notre pays aurait pu vivre cette situation en 2006, si Jean-Pierre Bemba n’avait pas reconnu la victoire du président Kabila. Aucun pays africain n’étant à l’abri de ce qui se passe en Côte d’Ivoire, nous devons à tout prix lever les causes d’une éventuelle contestation avant l’organisation du scrutin. Nous devons donc mettre en place des dispositifs appropriés dans l’espoir d’un meilleur accompagnement du processus électoral, à commencer par l’exigence de la présence d’assesseurs de chaque candidat et d’observateurs de la communauté internationale dans tous les bureaux de vote. Il est aussi impératif qu’un Haut Représentant des Nations unies pour les élections soit nommé en vue d’un droit de regard, en conformité avec les dispositions légales, dans le processus électoral. Celui-ci doit permettre le déploiement des éléments de la Monusco (Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo) dans les zones contrôlées par les éléments du CNDP, échappant de ce fait aux FARDC. Si nous procédons de la sorte, notre pays échappera au « syndrome ivoirien ».

PROPOS RECUEILLIS PAR ROBERT KONGO, CORRESPONDANT EN FRANCE

(*) Président d’Union du Congo

© Le potentiel

mardi 14 décembre 2010

Joseph Kabila et le syndrome ivoirien

En République Démocratique du Congo, l’Alliance entre la Majorité Présidentielle (AMP) et le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) justifie l’inquiétude de ceux qui craignaient à juste titre, les conséquences des événements en cours en Côte d’Ivoire à travers le continent africain. Effectivement, malgré tout ce que le Groupe d’experts des Nations Unies a écrit, le président Joseph Kabila a pris l’option de s’allier avec les hommes de Laurent Nkunda et de Bosco Ntaganda, promesse ayant été faite à certains d’entre eux d’intégrer le commandement des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). La signature de l’adhésion à l’AMP par le pasteur Jean-Marie Runiga, chargé des relations extérieures de l’ancienne rébellion du Nord-Kivu de Laurent Nkunda et Bosco Ntaganda, ne peut en principe laisser indifférents tous ceux qui ne cessent de dénoncer les crimes de guerre, les crimes contre l’Humanité et les violations des droits fondamentaux de la personne humaine commises par les éléments du CNDP.

La pression électorale

Il y a encore quelques mois, certains spécialistes, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, pronostiquaient « la victoire sans coup férir » du président sortant aux prochains enjeux électoraux. Or, face à la pression électorale qu’exercent habilement certains candidats à la magistrature suprême issus de l’opposition, le vent commence à tourner. La preuve en est que le président sortant vient de renoncer au calendrier électoral adopté par la Commission Électorale Indépendante (CEI), laquelle n’a pourtant fait qu’obéir aux injonctions de l’AMP, et souhaite l’installation de la Commission Nationale Électorale Indépendante (CENI) dans un meilleur délai. Quant à l’ambition du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD) de se présenter seul aux élections, elle est de moins en moins à l’ordre du jour. L’alliance officielle de la majorité présidentielle avec les acolytes de Laurent Nkunda et de Bosco Ntaganda, sachant pertinemment que ces derniers sont dans la ligne de mire de la cour pénale internationale, laisse donc  apparaître les faiblesses du supposé vainqueur. Comment réagir face à pareille incertitude ?

Péril en la demeure ?

Rappelons que le Kivu, qui avait massivement élu le président Joseph Kabila en 2006, ne lui est plus du tout favorable. En effet, le départ du camp majoritaire de l’ancien président de la chambre basse Vital Kamerhe, qui était très apprécié dans cette région, et l’insécurité grandissante dans l’Est de la République Démocratique du Congo écartent davantage l’hypothèse de la réélection tant souhaitée. Y aurait-il péril en la demeure ?
En tout cas, les joueurs d’échecs savent ce qu’est une fourchette. Il s’agit d’un coup tactique qui consiste à attaquer deux pièces adverses, ou plus à la fois, pour obtenir un avantage matériel – la prise d’une pièce de l’adversaire étant imparable. À travers l’adhésion du CNDP à l’AMP, le président congolais, en proie au « syndrome ivoirien », tient d’une part à s’assurer à tout prix de la mainmise sur tous les bureaux de vote situés dans les territoires actuellement non accessibles aux FARDC mais contrôlés par le CNDP. D’autre part, par ce choix, il espère compter sur les affidés de ce parti militaro-politique en cas de contestation des résultats du scrutin.

Un meilleur accompagnement du processus électoral

Il faudrait absolument éviter que ne se reproduise en République Démocratique du Congo ce qui est en train de se dérouler en Côte d’Ivoire. Ainsi revient-il aux acteurs politiques congolais et à la communauté internationale de mettre en place des dispositifs idoines en vue d’un meilleur accompagnement du processus électoral, à commencer par l’exigence de la présence d’assesseurs de chaque candidat et d’observateurs de la communauté internationale à l’élection présidentielle dans tous les bureaux de vote. Ensuite, compte tenu de la majorité détenue par l’AMP à la CENI et de la composition du Conseil constitutionnel (ou de l’institution qui en fait office) au sein de laquelle ne se retrouvent que des partisans du président Kabila, il est impératif qu’un Haut Représentant des Nations Unies pour les élections soit nommé en vue d’un droit de regard, en conformité avec les dispositions légales, dans le processus électoral en République Démocratique du Congo. Enfin, le processus électoral en cours doit permettre le déploiement des éléments de la Mission des Nations Unies au Congo (monusco) dans les territoires qui sont sous le contrôle des éléments du CNDP, échappant de ce fait au contrôle des FARDC.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

lundi 13 décembre 2010

COMMUNIQUE DE PRESSE n° 20101213/009 relatif à l'adhésion du CNDP dans l'alliance des kabilistes

La majorité présidentielle en République démocratique du Congo, l'AMP, s'est enrichie d'une nouvelle recrue. En effet, malgré tout ce qu'a écrit le Groupe d'experts des Nations Unies, le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) s'est officiellement allié au président Joseph Kabila, l'adhésion à l'AMP ayant été signée par le pasteur Jean-Marie Runiga, chargé des relations extérieures de l'ancienne rébellion du Nord-Kivu de Laurent Nkunda et Bosco Ntaganda. En contrepartie, un bon nombre d'éléments du CNDP seront promis dans la direction des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC).

À travers cette adhésion, ayant surtout à l'esprit les événements en cours en Côte d'Ivoire, le président Kabila vient d'une part de s'assurer de la mainmise sur tous les bureaux de vote situés dans les territoires actuellement non accessibles aux FARDC mais contrôlés par le CNDP. D'autre part, il espère compter sur les affidés de ce parti militaro-politique en cas de contestation des résultats des élections.

En conséquence, le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC) exige la présence des assesseurs de chaque candidat et des observateurs de la communauté internationale à l'élection présidentielle dans tous les bureaux de vote. Dans la même optique, l'AMP étant majoritaire dans la CENI et que le Conseil constitutionnel (ou de l'institution qui en fait office) étant composé des affidés du président Kabila, il est impératif qu'un Haut Représentant des Nations Unies pour les élections soit nommé en vue d'un droit de regard, en conformité avec les dispositions légales, dans le processus électoral en République Démocratique du Congo. Enfin, il est nécessaire de déployer, au moment du scrutin, les éléments de la monusco dans les territoires qui sont sous le contrôle des éléments du CNDP.

La Direction du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo

Fait à Paris, le 13 décembre 2010

samedi 11 décembre 2010

COMMUNIQUE DE PRESSE N° 20101211/009 relatif à la laïcité républicaine en République Démocratique du Congo

M. Gaspard-Hubert Lonsi Koko a été l’un des invités du dîner républicain qui a été organisé par la fédération de la Gauche Moderne du Val-de-Marne, le vendredi 10 décembre au restaurant La Diva à Maisons-Alfrot. En présence des cadres de ce parti politique français et ceux du Parti Radical Valoisien – comme Michel Suchod, Gilles  Casanova, Marc d’Héré, Eric Malmaison, Jean-Luc Caddedu... – et des conseillers municipaux – tels que Jacques Poirson, Christine Moirenc... –, Gaspard-Hubert Lonsi Koko a rappelé que la laïcité, que d’aucuns qualifient d’« exception française », n’a jamais préconisé la disparition du principe spirituel. Au contraire, elle reconnaît à celui-ci une pratique individuelle, donc relevant de la sphère privée. Après avoir évoqué le foisonnement des églises en République Démocratique du Congo et leurs implications, directes ou indirectes, dans la gestion de la chose publique, M. Lonsi Koko a insisté sur la nécessité pour un État de reconnaître toutes les religions sans pourtant en adopter une – la laïcité devant surtout être l’un des fondements du pacte républicain.

Dans la mesure où la croyance en un Dieu unique fait partie de la culture négro-africaine et de la civilisation bantoue, M. Lonsis Koko a expliqué que le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC) réglementerait, pendant la mandature 2011-2016, la liberté religieuse dans le sens de la protection de la foi et de l’affirmation spirituelle, du respect des croyances et des opinions. Partant du principe que la République Démocratique du Congo est un État laïque, le gouvernement dirigé par le RDPC mettra sur pied un Conseil Suprême des Affaires Religieuses (CSAR) pour harmoniser les relations entre les différentes confessions et faire régulièrement des propositions au gouvernement en matière spirituelle, l’objectif étant de consolider la laïcité républicaine.

La Direction du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo

Fait à Paris, le 11 décembre 2011

mercredi 8 décembre 2010

COMMUNIQUE DE PRESSE n° 20101208/008 relatif à l’état de grâces ou de disgrâces en République Démocratique du Congo

Lors de son allocution sur l’état de la Nation faite ce mercredi 8 décembre, devant les deux chambres réunies en congrès au Palais du peuple, le président Joseph Kabila s’est réjoui que 2010 a été « une année de grâces pour la République Démocratique du Congo ». Pour justifier « cet état de grâces », le président de la République a surtout évoqué l’atteinte du point d’achèvement à l’initiative PPTE avec comme conséquence l’effacement de plus de 80 % de la dette extérieure, la victoire pour la deuxième année consécutive du Tout Puissant Mazembe en Ligue des champions de la Confédération Africaine de Football (CAF).

Après avoir décrété 2010 l’année du social, le peuple congolais s’attendait à ce que le président de la République fasse objectivement le bilan social des 11 mois écoulés. Le président de la République a ainsi omis d’évoquer les disgrâces qui ont terni l’image de notre pays, s’agissant de l’année 2010. En effet, au court de l’année qui est en tain de s’achever, la République Démocratique du Congo a renoncé à organiser la Coupe d’Afrique des nations 2015 ou l’édition 2017. Pis encore, un pays très riche comme le nôtre ne peut se réjouir de figurer parmi les Pays Pauvres et Très Endettés (PPTE). Sur le plan des droits fondamentaux de la personne humaine, les tergiversations sur les affaires Chebeya, Tungulu et consorts constituent au tant de zones d’ombre dont on ne peut pas se glorifier.

Par ailleurs, qu’est-ce qui a réellement changé, sur le plan social, dans le quotidien du Congolais moyen ? Son pouvoir d’achat a-t-il augmenté ? La situation, en matière d’emploi, s’est-elle améliorée ? La gratuité de l’école a-t-elle été suivie de mesures appropriées afin d’éviter les dégâts collatéraux à l’encontre des parents et d’épargner moult tracasseries aux enseignants ? Les salaires de ces derniers se sont-ils améliorés ? Nombreuses sont donc des questions dont les réponses sont négatives.

En conséquence, pour que les Congolaises et les Congolais retrouvent le bonheur auquel ils ont droit, le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC) s’engage à promouvoir, lors de la mandature 2011-2016, une politique audacieuse qui sera axée sur la Liberté, l’Égalité, la Sécurité et la Prospérité, les objectifs étant la croissance économique, l’évolution sociale, l’innovation politique et la paix.

La Direction du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC)

Fait à Marseille, le 8 novembre 2010

lundi 6 décembre 2010

Côte d’Ivoire, le pays où se joue l’avenir de l’Afrique

Surtout ne nous trompons pas, l’avenir du continent africain se joue, en ce moment, en Côte d’Ivoire. Sans vouloir prendre partie pour l’un au détriment de l’autre, l’épreuve des forces entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara ne doit laisser aucun Africain indifférent. Mine de rien, derrière cette lutte acharnée entre deux fortes personnalités se cachent plusieurs enjeux. Sur fond de lutte entre les musulmans et les chrétiens dans la prise du pouvoir, d’investissements chinois et de balkanisation de la Côte d’Ivoire, c’est le nouveau découpage territorial de l’Afrique qui est au menu des grandes puissances de ce monde.

L’opposition entre les chrétiens et les musulmans

On ne peut qu’être surpris du silence de l’ancien président Henri Konan Bédié qui est à l’un des promoteurs du concept d’ivoirité ayant fait injustement d’Alassane Ouattara « le paria » de la classe politique ivoirienne. Ironie du sort, Bédié a été obligé, au second tour de l’élection présidentielle, de soutenir Ouattara qui avait été l’allié de circonstances de Laurent Gbagbo en 2000. Certes, d’aucuns pourraient s’abriter derrière la mauvaise utilisation d’un concept qui, conçu par Nangoranh Porquet dans les années 1970, devait en principe permettre la synthèse de différentes cultures ivoiriennes. En fait, à travers « l’affirmation de l’épanouissement de l’homme ivoirien dans ce qui fait sa spécificité », l’objectif de l’ancien président avait consisté à contenir les ambitions présidentielles de son rival nordiste de l’époque, l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara. Ce dernier avait été écarté, à deux reprises (en 1995 et en 2000), de la course à la magistrature suprême pour « nationalité douteuse ».

En tout cas, l’utilisation politique de l’ivoirité par Henri Konan Bédié au lendemain du décès de Félix Houphouët Boigny, a abouti au résultat contraire. En effet, au lieu d’unir les Ivoiriens, l’ivoirité a été utilisée pour exclure les gens du Nord majoritairement musulmans. Ainsi a-t-elle fini par générer le putsch des insurgés nordistes en 2002 au point de balkaniser la Côte d’Ivoire.

Les investissements chinois

Il est évident que les puissances occidentales voient d’un mauvais œil le fait que la Chine aille à l’assaut du continent africain. Or, sachant l’intérêt de l’Empire du milieu pour les ressources naturelles de l’Afrique, une stratégie s’est mise en place pour contrer son implantation. Contrairement à ce que l’on peut penser, le choix d’un asiatique, en l’occurrence Youn-Jin Choi, comme représentant des Nations Unies en Côte d’Ivoire n’est pas du tout anodin. En ayant certifié la victoire de l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara, tous ceux qui voient en Laurent Gbagbo l’adversaire du néo-colonialisme vont désormais associer les asiatiques aux manigances qui consistent à vouloir hypothéquer l’avenir du continent africain. Cela risque donc de porter préjudice aux investissements chinois dans cette partie de la planète.

Ayant fleuré le piège, la Chine s’est jointe à la Russie en apportant leur soutien à Laurent Gbagbo. Ainsi ces deux pays, qui siègent au Conseil de sécurité, ont-ils manifesté leur désaccord avec la majorité de la communauté internationale qui ont volé au secours d’Alassane Ouattara.

La balkanisation de la Côte d’Ivoire

Le choix de Thabo Mbeki, comme médiateur, montre bien l’hypocrisie de l’Union Africaine. Il est vrai que Thabo Mbeki avait réussi à obtenir, à Pretoria en avril 2005, un accord ayant proclamé la « fin des hostilités ». Mais le texte était resté lettre morte, car les rebelles du Nord ont accusé le médiateur de l’époque d’être un « partisan acharné » de Laurent Gbagbo. Comment l’ancien président sud-africain peut-il, aujourd’hui, trouver une issue à la situation en cours en Côte d’Ivoire dès lors que les éléments constitutifs de la crise ivoirienne sont toujours d’actualité ?

Quant aux forces onusiennes, comment peuvent-elles justifier en Côte d’Ivoire le principe qui a poussé la monuc, conformément au chapitre VI de la charte des Nations Unies, à privilégier le « règlement pacifique » s’agissant des affrontements meurtriers entre les rebelles de Laurent Nkunda et l’armée nationale congolaise dans l’Est de la République Démocratique du Congo ? On peut également s’interroger sur les raisons qui ont poussé les forces onusiennes à ne pas intervenir avant l’entrée en jeu du Conseil constitutionnel. Cela aura au moins permis à la Commission Électorale Indépendante de proclamer les résultats dans le délai légal. S’est-il agi de l’objectif recherché dans l’espoir de maintenir la coupure de la Côte d’Ivoire en deux ? Mises devant le fait accompli, il ne leur reste plus que deux choix. Soit elles passent outre le principe de non-intervention dans les affaires intérieures d’un État, conformément aux articles 39 et 42 du chapitre II de la Charte des Nations Unies. Soit elles recourent, comme le préconise l’article 41 du chapitre VII de ladite charte, à des mesures non militaires (embargo, sanctions économiques) pour faire pression sur les partisans de Laurent Gbagbo.

Or, dès lors que le Conseil constitutionnel a confirmé la victoire du président Gbagbo, une éventuelle intervention militaire des Nations Unies équivaudra à un putsch. En conséquence, les forces onusiennes se retrouveront dans la situation de l’arroseur arrosé, après soutenu qu’Alassane Ouattara était victime d’un putsch de la part du président sortant. Si jamais les Nations Unies interviennent militairement en Côte d’Ivoire et que l’armée ivoirienne parvient à défendre la partie Sud du pays, il y aura des fortes probabilités que la ligne de démarcation entre le Nord et le Sud soit maintenue. Ainsi la matérialisation de la balkanisation du pays deviendra-t-elle officielle. Ouattara deviendra, de facto, le président de la Côte d’Ivoire du Nord et Gbagbo celui de la Côte d’Ivoire du Sud.

L’avenir du continent africain

La légitimité doit-elle forcément primer sur la légalité ? Certes, seul Laurent Gbagbo détient, aujourd’hui, la clef du dénouement de ce dilemme. Mais, au-delà du problème interne à la Côte d’Ivoire, il est important de rappeler que l’imbroglio ivoirien peut servir de précédent à la balkanisation du Soudan, du Nigeria, de la République Démocratique du Congo, de l’Angola et du Cameroun. Les Africains ont donc intérêt à ce qu’une solution salutaire soit trouvée en Côte d’Ivoire, s’ils veulent sauvegarder l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation conformément à la charte de l’Organisation de l’Unité Africaine de 1964. Il ne faut surtout pas que les Ivoiriens, chrétiens comme musulmans, s’enferment dans le schéma extra-continental que l’on veut leur imposer. De plus, il est question, non seulement de l’unification de la Côte d’Ivoire, mais probablement de l’avenir de toute l’Afrique.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko