lundi 28 janvier 2013

RD Congo, le cynisme des prédateurs

Selon Eri Kaneko, une porte-parole du secrétaire général des Nations unies, la signature d’un accord-cadre régional sur la paix[1] dans l’Est de la République Démocratique du Congo a été repoussée sine die. Pourtant, quelques heures plutôt, Ban Ki-moon avait espéré que « les dirigeants régionaux [adhéreraient] à l’accord-cadre pour la paix et la sécurité, qui a pour objet de remédier aux causes profondes des violences récurrentes », raison pour laquelle « l’Organisation des Nations unies, l’Union africaine et d’autres parties intéressées [travaillaient] en concertation en République Démocratique du Congo ».

Deux visions diamétralement opposées

« C’est un sujet très complexe et des discussions se poursuivent », a rassuré la porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies. Ce report est dû en réalité au désaccord entre deux conceptions différentes, s’agissant des opérations armées à mener à l’Est de la République Démocratique du Congo. D’une part, le pays membres de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et ceux de la Communauté de développement de l’Afrique australe  (SADC) préconisent le remplacement de la Monusco par une force interafricaine. Quant aux Nations Unies, elles veulent faire de la force internationale neutre, que comptent mettre en place les pays de la CIRGL et de la SADC, une brigade spéciale au sein de la Monusco dans le cadre d’une force d’intervention rapide. Il est donc urgent de clarifier cette divergence que d’aucuns n’osent soulever. De plus, les objectifs et les motivations de différents acteurs ne sont pas les mêmes.

Des initiatives communes et concertées

La complexité de la situation en cours dans la région du Kivu nécessite de prendre en compte plusieurs paramètres : la requalification du mandat de la Monusco, ainsi que l’implication de la Communauté internationale en concertation avec non seulement les forces onusiennes et les institutions congolaises, mais aussi avec les pays limitrophes qui soutiennent le M23. Seul l’effort commun et concerté de tous acteurs – locaux, nationaux, régionaux, continentaux et internationaux – permettra de stabiliser l’Est de la République Démocratique du Congo et de pacifier la région des Grands Lacs africains.
Personne n’est dupe. En dépit des concertations auxquelles s’adonnent les soi-disant pompiers qui se penchent sur le drame du Kivu, leur véritable rôle de pyromane, au travers d’une connivence bien entretenue, est un secret de polichinelle. Faisons en sorte que, face au drame qui se joue dans le Kivu, la logique humaniste l’emporte sur le cynisme des prédateurs sans foi ni loi.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

© Jolpress

À lire aussi :

- RDC : le masque tombe à Kampala
- RDC : faut-il remplacer la Monusco par une force neutre internationale ?

[1] Cela devait être ratifié ce lundi à Addis-Abeba en marge du 20ème sommet de l’Union africaine au sommet de l’Union africaine, par les chefs d’État de la région des Grands Lacs, sous l’égide de Ban Ki-moon.

dimanche 27 janvier 2013

RDC : Exit la Monusco ?

La création d'une force internationale neutre signifiera-t-elle la fin de la mission des casques bleus dans l'Est de la République démocratique du Congo ? Les pays de la région, réunis au sein de la SADC et de la CIRGL, viennent de demander le remplacement de la Monusco par une force africaine. Une proposition qui pourrait sonner le glas des casques bleus en RDC.

Coup dur pour la Monusco. Critiquée pour son inefficacité, la mission de l'ONU au Congo est depuis quelques semaines la cible des pays africains de la région. Les ministres de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), proposent à l'Union africaine (UA), de remplacer la Monusco par des troupes africaines. La raison avancée :  l'échec de la mission de l'ONU dans l'Est de la RDC, en proie à des conflits chroniques et son incapacité  à protéger les populations civile.

La Monusco sur la sellette

La charge anti-Monusco est signée par le général Aronda Nyakairima, le ministre ougandais de la Défense. "Nous recommandons que l'Afrique prenne le relais de la Monusco", a précisé le général à  une agence de presse chinoise. Selon lui, "les forces africaines peuvent mieux faire que les forces internationales qui viennent de l'extérieur et qui ne ne savent pas ce qu'elles font". Une critique qui tombe après que certains membres de l'ONU se déclarent "contre l'idée de déployer une force internationale neutre pour combattre les forces négatives" en République démocratique du Congo. Ces membres proposaient une "simple" intégration de la force neutre à la Monusco. Proposition inacceptable pour le général ougandais Nyakairima [lire la suite].

Christophe Rigaud

© Afrikarabia

vendredi 25 janvier 2013

RDC : le masque tombe à Kampala

Selon Fred Opolot, porte-parole de la présidence ougandaise, « au dernier sommet des chefs d’États de la Conférence des Grands Lacs, il a été établi devant le président Kabila que les questions soulevées par le M23 [devaient] être écoutées ». Une façon sibylline de faire comprendre à la délégation de Kinshasa que Yoweri Kaguta Museveni approuve l’idée d’aborder à Kampala, peu importent la forme et le temps que prendront les pourparlers, tous les problèmes de la République Démocratique.

Le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni, le Bismarck des Grands Lacs.

La force internationale neutre, future brigade de la Monusco

Dans une interview accordée à la presse chinoise, le ministre congolais des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, rappelle que lors de la réunion qui s’est tenue en décembre 2012 à Addis-Abeba, les Nations Unies, l’Union africaine, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et les pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe  (SADC) avaient convenu, en présence de l’ensemble des partenaires bilatéraux et multilatéraux, de faire de la force internationale neutre une brigade spéciale au sein de la Monusco. Ce choix a été privilégié dans l’optique de faciliter l’opérationnalisation de la force. On doit donc revoir à cet effet, en termes de renforcement, le mandat de la mission onusienne.
Tous les participants à la rencontre, qui a eu lieu au siège de l’Union africaine, ont la ferme conviction que l’on doit plus rapidement traduire la force dans les faits. S’ils ont opté pour cette formule, pourquoi les ministres de la Défense des pays de l’Afrique australe et des Grands Lacs ont-ils recommandé, à Kampala, le remplacement de la Monusco par la force internationale neutre ? Entre-temps, le Conseil de sécurité des Nations Unies a donné son feu vert à l’utilisation de drones de surveillance dans la région du Kivu par la force de maintien de la paix.

Une attitude très bismarckienne

Curieusement, le changement d’attitude du président Yoweri Kaguta Museveni intervient au moment où les divergences s’amplifient au sein du M23. Selon le porte-parole militaire de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (Monusco), le commandant Ibrahim Diene, le renforcement des positions du M23 dans les zones occupées du Nord de Goma n’a pu empêcher la défection de nombreux rebelles qui continuent à se rendre aux différents postes opérationnels de la force de la paix qui aurait notamment signé leur reddition. Le président ougandais, en abondant dans le sens des agresseurs du M23, désavoue de facto ses homologues rwandais et congolais. Compte-t-il en réalité court-circuiter le dialogue intercongolais, tant souhaité par le président congolais, en vue de la cohésion nationale ? Le soi-disant Bismarck des Grands Lacs, profitant de la mauvaise posture dans laquelle se trouve Paul Kagamé, veut-il enfin confirmer son hégémonie sur l’ensemble des pays de la région ?

Délocaliser la rencontre de Kampala

En désapprouvant le facilitateur Chrispus Kayonga, le président ougandais vient de confirmer sa partialité. Il montre publiquement qu’il est à la fois juge et partie. Quelle doit être la réaction de Kinshasa, maintenant que Yoweri Kaguta Museveni a montré son vrai visage ? Par l’attitude de son président, mine de rien, l’Ouganda offre à la délégation conduite par Raymond Tshibanda l’occasion de claquer la porte et de solliciter un autre médiateur, tel que Denis Sassou Nguesso du Congo-Brazzavile, en vue de la poursuite des pourparlers. Leur externalisation est plus que jamais de mise. La balle est maintenant dans le camp de Joseph Kabila. Il doit façonner l’argile pendant qu’elle est humide.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

© Jolpress

À lire aussi :

- RDC : faut-il remplacer la Monusco par une force internationale neutre ?
- Kinshasa, le cadre légitime du dialogue interconglais 
- Quel avenir pour les pays des Grands Lacs africains ?

jeudi 24 janvier 2013

RDC : faut-il remplacer la Monusco par une force internationale neutre ?

Le général Aronda Nyakairima, ministre ougandais de la Défense, a fait savoir à Kampala le 23 janvier 2011 que les ministres de la Défense des pays de l’Afrique australe et des Grands Lacs ont recommandé le remplacement de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (Monusco) par une force africaine dans la région du Kivu. 
En effet, les ministres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) ont avancé cette proposition à l’Union africaine (UA) à l’issue de la réunion qui s’est tenue le week-end dernier, en raison de l’échec de la Monusco dans ses efforts de protéger les Congolais. Ainsi le ministre ougandais de la Défense a-t-il déploré que certains membres des Nations unies se déclarent contre l’idée de déployer une force internationale neutre pour combattre les forces négatives dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo, tout en proposant que celle-ci soit intégrée dans l’effectif de la Monusco.

Comme par hasard…

Comme par hasard, la prise de position des ministres de la Défense des pays de l’Afrique australe et des Grands Lacs intervient après que le diplomate Hervé Ladsous, le chef des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, s’est prononcé le 8 janvier dernier, lors d’une séance du Conseil de sécurité, en faveur de l’utilisation des drones pour surveiller l’Est de la République Démocratique du Congo. Ces avions sans pilote permettraient de détecter tous les mouvements d’armes et de troupes. Ils surveilleront aussi la région du Kivu, en proie à une guerre orchestrée par les rebelles du M23 soutenus militairement et financièrement par Kigali.
« Il n’est pas avisé d’utiliser un équipement sur lequel nous n’avons pas suffisamment d’informations », a d’abord assuré, Olivier Nduhungirehe, le numéro deux de la délégation rwandaise aux Nations Unies. « L’Afrique ne deviendra pas un laboratoire de surveillance étranger », a-t-il conclu. D’aucuns n’ignorent que le président rwandais, Paul Kagamé, était hostile au déploiement de ces drones avant de changer d’avis le 22 janvier en déclarant, lors d’une conférence de presse, que l’utilisation de drones ne lui posait aucun problème, surtout si les Nations Unies pensaient que cela pourrait aider. « Je n’ai pas le pouvoir d’empêcher que cela soit fait », a reconnu le président rwandais, tout en demandant qu’on lui explique « comment ces drones [contribueraient] au maintien de la paix ».

Éviter une « zone franche » dans le Kivu

Quant au Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, il milite pour le renforcement de la Monusco. Cela gêne les pays qui déstabilisent la région du Kivu, par le M23 interposé, dans la mesure où la requalification de son mandat permettra à la mission onusienne de se transformer en force réelle d’imposition de la paix. Cela lui permettra donc de trouver une solution durable à la dramatique situation qui prévaut dans la partie orientale du pays. Ainsi redorera-t-elle le blason de la Communauté internationale en sécurisant enfin, aux côtés des Forces armées congolaises (FARDC), les populations civiles et en empêchant les incursions à partir des frontières rwandaise et ougandaise. La présence d’une force internationale neutre ne résoudra en rien les problèmes en cours dans la région du Kivu. Seule une force « d’assistance, et non d’interposition, permettra à la RD Congo, qui est un pays souverain, d’asseoir son autorité sur l’ensemble du territoire national.
Il ne faudra surtout pas tomber dans le piège qui consiste à installer, à travers cette force internationale neutre, une « zone franche », laquelle préfigurera à court terme la mise en place d’un futur État autonome. Ayons à l’esprit que le Rwanda et l’Ouganda veulent recourir à un autre processus, très subtil cette fois-ci, pour parvenir à la balkanisation de la République Démocratique du Congo.

Assistance aux FARDC

Les forces qui seront mandatées par la SADC et par l’Afrique centrale également, ne doivent pas du tout être neutres. Au contraire, la République Démocratique du Congo étant un État souverain, elles doivent intervenir militairement aux côtés de FARDC, sous la direction de la Monusco. Les forces onusiennes devront poursuivre leur rôle en constatant la cessation des activités du CNDP, du M23, des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) et d’autres forces négatives instrumentalisées par les régimes de Kigali et de Kampala. Elles devront aussi permettre l’évacuation des éléments des FDLR soit vers le Rwanda en vue du dialogue inter-rwandais, soit vers d’autres pays non limitrophes du Rwanda et de la RD Congo.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

© Jolpress

À lire aussi :

- Quel avenir pour les pays des Grands Lacs africains ?
- Que cache le cessez-le-feu décrété unilatéralement par le CNDP ?

mercredi 23 janvier 2013

Gaspard-Hubert Lonsi Koko sur Radio Vexin Val de Seine

Samedi 26 janvier à 15 h (heure de Paris),
Robert Kongo, journaliste, correspondant en France du
journal Le Potentiel et responsable rédactionnel sur
Radio Vexin Val de Seine, évoquera les grands événements
politiques 2012.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko, écrivain et acteur politique congolais, sera l'invité de l'émission.

Fidèle à ses engagements humanistes, il pense profondément que "Les seules personnes qui devraient gouverner ce monde sont celles qui s'intéressent plus aux gens qu'au pouvoir". 

LA REDACTION
Radio Vexin Val de Seine 96.2 FM
www.rvvs.fr

Comme la France au Mali, qu’attend la Belgique pour sauver le Kivu ?

La France et la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) viennent de bénéficier d’un soutien de taille de la part des États-Unis, afin de chasser du nord du Mali les islamistes armés. En effet, faisant suite à la demande du gouvernement français, les Américains ont commencé à affréter par les airs de l’équipement et du personnel de la France vers le Mali. Washington fournit déjà une aide en matière de renseignements à l’intervention française, même si elle exclut l’envoi de troupes. Pourquoi les Occidentaux s’engagent-ils, militairement, partout en Afrique où règnent l’insécurité sauf dans la région du Kivu, à l’Est de la République Démocratique du Congo, où une dramatique situation est en train d’hypothéquer l’avenir de la région des Grands lacs et de l’Afrique centrale ?

Les guerres de Nicolas Sarkozy et de François Hollande

Le 19 mars 2011, peu après le sommet international de Paris[1], les opérations militaires de la coalition internationale en Libye ont commencé. L’aviation française a détruit, dans le cadre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité[2], plusieurs chars et véhicules blindés libyens au Sud-Ouest de Benghazi où les combats faisaient rage. Les forces britanniques sont aussi entrées en action au-dessus de la Libye. Les frappes aériennes de la coalition internationale ont fragilisé les capacités défensives libyennes et ont permis la chute du régime du colonel Mouammar Kadhafi.
En Côte d’Ivoire, le refus de Laurent Kodou Gbagbo de reconnaître sa défaite[3] face à Alassane Dramane Ouattara a été unanimement condamné par la Communauté internationale, notamment les Nations Unies, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’Union européenne, la France et les États-Unis. Après que l’Union européenne et les États-Unis ont imposé des sanctions ciblées à l’encontre des principaux membres du régime et des entités ivoiriennes qui soutenaient financièrement le gouvernement, les troupes françaises sont intervenues militairement[4]. Ainsi ont-elles arrêté le président Gbagbo et l’ont livré à son rival Ouattara.
François Hollande a récemment lancé l’opération Serval, engageant ainsi les troupes françaises en soutien à l’armée malienne pour libérer le Nord du Mali occupé par des islamistes armés. Emboîtant le pas aux Américains, la représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, a confirmé que l’UE était « très favorable aux actions de la France au Mali », et qu’elle voulait « jouer un rôle actif » pour résoudre la crise.

La défense des valeurs universelles

Si, sous la présidence de l’ancien de Nicolas Sarkozy, les deux interventions françaises en Afrique ont été très contestées, celle que mène en ce moment la France au Mali, sous la présidence de François Hollande, est globalement acceptée. En effet, la France vole au secours d’un pays francophone en passe d’être occupé par des gens qui, ne bénéficiant d’aucune aide directe des pays frontaliers, sont très hostiles aux valeurs universelles pour lesquelles elle s’est toujours battue. Or, ces mêmes valeurs universelles sont constamment bafouées dans la région du Kivu. Est-ce parce que l’agression à laquelle est exposé le Congo-KInshasa est soutenue par le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi – alliés des États-Unis dans la région des Grands Lacs africains – que la Communauté internationale n’ose pas intervenir ? D’aucuns pensent que cela est dû plutôt à l’Histoire commune ayant lié les peuples français et maliens.

Les liens coloniaux

Doit-on alors voir, dans l’intervention française au Mali, une logique propre au passé colonial ? Dans l’affirmative, qu’attend la Belgique pour voler au secours de son ancienne colonie qui risque de subir, si rien n’est fait efficacement, le même sort que le Soudan ? D’aucuns savent que, sans la République Démocratique du Congo, la Belgique aurait déjà été confrontée à la même situation que la Grèce, l’Espagne et le Portugal par rapport à la crise économique qui frappe la zone euro.
Si la France et les États-Unis ont une dette morale[5] envers la République Démocratique du Congo, la Belgique n’est pas forcément étrangère, d’une manière ou d’une autre, dans les différentes déstabilisations de son ancienne colonie de 1960 à nos jours. Alors, une réaction ferme du gouvernement belge auprès de l’exécutif européen ne pourra qu’appuyer une éventuelle résolution de la France au Conseil de sécurité en vue de la requalification du rôle des forces onusiennes et, pourquoi pas, l’intervention de l’Eurofor dans la région du Kivu. Les autorités congolaises ont-elles fait auprès des Occidentaux, à l’instar du gouvernement malien auprès de la France, une demande officielle abondant dans ce sens ? Telle est la question que les Congolaises et les Congolais sont en droit de se poser.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

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À lire aussi :

- Mali et RD Congo : deux poids, deux mesures ? ;
- Sommet de Kampala au sujet de la RDC, de qui se moque-t-on ?
Notes :
[1] Auquel prenaient part Ban Ki-moon, le Secrétaire général des Nations Unies et la secrétaire d’État américaine aux Affaires étrangères Hillary Clinton.
[2] Autorisant le recours à la force pour protéger les civils.
[3] Lors de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010.
[4] Rappelons que l’intervention militaire de la Force des Nations Unies en Côte d’Ivoire (Onuci) et de la force française Licorne ont joué un rôle déterminant, en avril 2011, quelques jours avant l’arrestation du président Gbagbo, en ayant contraint les troupes gouvernementales à cesser les combats.
[5] Allusion faite à l’opération Turquoise, pour ce qui est de la France. Dans la même optique, c’est grâce à l’uranium en provenance du Congo belge que les États-Unis ont affirmé leur hégémonie sur le plan militaire en ayant neutralisé le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale (cf. les bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki). Cela nécessite une intervention directe d’Africom dans l’Est de la République Démocratique du Congo, et non un simple usage de drones.

lundi 21 janvier 2013

Kinshasa, le cadre légitime du dialogue intercongolais

Les désaccords entre la délégation du gouvernement congolais et les représentants du M23 montrent l’impasse des pourparlers de Kampala dont aucune raison ne justifie la tenue. De plus, la République Démocratique du Congo est un État souverain. Il revient donc aux forces régionales et à la communauté internationale d’assister les Forces armées congolaises (FARDC) dans leurs initiatives en vue de la stabilisation de la région du Kivu, et non de cautionner un marché de dupe dont l’issue consiste en réalité à infiltrer les institutions congolaises pour une balkanisation à court terme.

Les revendications supplémentaires du M23

Les rebelles du M23 exigent, comme condition à un cessez-le-feu qu’ils ont pourtant décrété unilatéralement, une amnistie des faits de guerre, la prise en charge par le gouvernement de l’actif et du passif comptable du M23, un gouvernement de transition… en complément de l’ordre du jour des travaux. Celui-ci, adopté et signé lors de la plénière du 16 janvier dernier, comprend quatre points : la revue de l’accord du 23 mars 2009[1] ; les questions sécuritaires ; les questions sociales, politiques et économiques, ainsi que le plan de mise en œuvre. La délégation conduite par le ministre congolais des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda, a fait savoir que la rencontre de Kampala ne devait en aucun cas « se pencher sur tous les problèmes de la République Démocratique du Congo ». De plus, le M23 a outrepassé le cadre préalablement défini le 21 novembre 2012 par les trois Chefs d’État de la région – en l’occurrence Yoweri Kaguta Museveni, Paul Kagamé et Joseph Kabila – ayant permis la convocation du Sommet extraordinaire des Chefs d’État de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) du 24 novembre 2012. Le facilitateur Crispus Kiyonga, qui plus est ministre ougandais de la Défense, devra en principe rejeter cette demande supplémentaire, au risque de confirmer la partialité du pays hôte.

Les raisons du refus de Kinshasa

Certaines revendications du M23, lesquelles sont certes judicieuses, sont déjà formulées par les différentes entités de l’opposition, dans toutes ses composantes, et par la société civile sans pour autant verser le sang des Congolais, ni déstabiliser la Nation par le recours aux armes. L’amnistie des criminels et leur intégration dans les institutions de l’État[2] légitimeront non seulement l’affront fait au peuple congolais martyrisé et humilié, mais confirmeront surtout la complicité de l’Alliance pour la majorité présidentielle (AMP) avec les parrains du M23 et banaliseront l’impunité. Dans la même optique, peut-on donner satisfaction aux revendications d’une structure qualifiée de criminelle par des institutions internationales et dont les principaux dirigeants sont recherchés par la Cour pénale internationale (CPI) ? Comment peut-on se plier aux desiderata d’une bande armée dont les membres n’ont cessé de s’adonner aux violences sexuelles, au viol systématique des dispositifs constitutionnels, aux pillages des ressources naturelles, à la déstabilisation du territoire national… ? Comment peut-on composer avec des gens qui trahissent la Nation congolaise, en agissant en intelligence avec les agresseurs ? Le gouvernement congolais est contraint d’éviter, constate-t-on, toute accointance avec les forces négatives.

Des concertations dans un cadre national

Au vu des arguties évoquées ci-dessus, le gouvernement congolais ne peut que rejeter toute proposition imposée de l’extérieur, à propos de la cohésion nationale et de la sécurisation de la région du Kivu. Ainsi a-t-il  intérêt, pour éviter l’amalgame, à ce que les judicieuses revendications concernant les institutions de la République et le « vivre ensemble » puissent être plutôt débattues à Kinshasa dans un cadre inclusif. En effet, sans exclure l’implication indirecte de la communauté internationale à d’éventuelles assises, les différentes problématiques congolaises ne doivent être abordées qu’à la seule initiative des Congolaises et des Congolais par le truchement des concertations dans un cadre national.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

© Jolpress

À lire aussi :

- Que cache le cessez-le-feu en RDC, décrété unilatéralement par le M23 ? ;
- Le devenir de la RDC, de Kampala à Kinshasa ;
- Ban Ki-moon appelle les rebelles du M23 à déposer les armes ;
- Debout, Congolais ! ;
- La RD Congo: le patriotisme d abord.

[1] Allusion au 23 mars 2009, date à laquelle le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda, alors mouvement politico-militaire, avait signé un accord avec le gouvernement congolais pour mettre fin à la rébellion, se transformer en parti politique et faire intégrer ses troupes dans les FARDC. Le M23 dénonce le non-respect par le gouvernement dudit accord relatif au maintien de tous les officiers du CNDP dans leurs grades et l’intégration de la branche politique dans les institutions gouvernementales. Les éléments de ce mouvement armé refusent également « le brassage » : c’est-à-dire l’affectation dans d’autres unités et d’autres régions que veut leur imposer Kinshasa, ce qui les éloignerait de leur zone d’influence dans l’Est.
[2] Rappelons que les éléments du M23, à l’époque membres du CNDP, ont déjà bénéficié d’une loi d’amnistiée ayant couvert les crimes de guerre de 203 à 2009 et ont été intégrés dans l’armée nationale congolaise. Mais cela ne les a pas empêchés de déserter de nouveau les rangs des FARDC et de commettre d’autres crimes.

vendredi 18 janvier 2013

Quel avenir pour les pays des Grands Lacs africains ?

Ces dix-huit dernières années, la région des Grands Lacs africains a été le théâtre de violences meurtrières, de catastrophes humanitaires et bouleversements politiques sans précédent. En effet, quatre chefs d’État ont été assassinés –  Melchior Ndadaye et Cyprien Ntaryamira au Burundi, Juvénal Habyarimana au Rwanda, Laurent-Désiré Kabila en République Démocratique du Congo – tandis que les guerres civiles ont occasionné 1 million de morts au Rwanda, 500 000 au Burundi, plus de 6 000 000 au Congo-Kinshasa[1]. Quant aux conflits sociaux, ils ont profondément détruit la confiance entre ces trois pays dont les relations ont toujours été cordiales jusqu’en 1996[2]. Triste constat, le génocide rwandais n’a nullement empêché le génocide congolais. Les victimes d’hier sont-elles devenues des bourreaux d’aujourd’hui ? Ces années de guerre ont en tout cas porté un coup fatal aux économies déjà précaires, plongeant ainsi la quasi-totalité des populations dans la pauvreté la plus extrême.
De 2006 à nos jours, on a malheureusement assisté aux différentes guerres et à moult conflits dans la région du Kivu à travers non seulement des affrontements meurtriers entre les forces armées étatiques[3] et les rebelles[4], mais aussi la protection[5] des généraux ayant déserté les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC). Ces derniers sont issus du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) et bénéficient du soutien du Rwanda, de l’Ouganda ainsi que du Burundi. C’est dans un contexte d’insécurité que plusieurs acteurs – dont la France, la Belgique[6], l’Union Africaine et les Nations Unies – cherchent en vain des solutions appropriées pour pacifier la région des Grands Lacs africains.

L’annexion du Kivu au Rwanda

Contrairement à l’idée défendue notamment par l’ancien président de la République française, Nicolas Sarkozy et d’autres lobbyistes américains proches de l’ancien président américain Bill Clinton, l’Union du Congo (UDC)[7] s’est opposée – par le truchement des manifestations à Paris et des prises de positions – aux propositions consistant à intégrer économiquement la région du Kivu au Rwanda. En revanche, l’UDC a préconisé une réactivation de la Communauté Économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) comme complément vital au processus de paix et au développement économique. Il est important de discuter, à cet effet, des modalités d’une Commission d’évaluation, de relance et de réaménagement des mécanismes et instruments existants de la CEPGL pour faire des propositions opérationnelles. Mais il faudra arrêter tout soutien politique et militaire aux forces négatives qui déstabilisent l’Est de la RD Congo. Effectivement, seule leur neutralisation et l’intégrité du territoire congolais pourront permettre l’établissement d’un agenda et l’articulation d’un programme précis dans le cadre d’une union douanière.

Paramètres à prendre en compte

Avant de faire des propositions, il est nécessaire de se pencher sur les obstacles et les opportunités relatives au réaménagement de la CEPGL sans pour autant omettre les atouts. Il est aussi important de cerner les intentions réelles de différents partenaires directement concernés et indirectement impliqués.
Rappelons que  la République Démocratique du Congo partage déjà un même espace avec le Rwanda au sein des organismes relatifs à l’Afrique centrale et dans le cadre de l’Afrique des Grands Lacs[8]. Il est indispensable d’avoir à l’esprit que, dans le cadre de la CEPGL, la République Démocratique du Congo, le Rwanda et le Burundi ont déjà créé des sociétés mixtes[9]. À cet effet, la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) a approuvé dix projets prioritaires à impacts visibles sur les populations frontalières[10].

Le réaménagement en vue de la relance de la CEPGL

Il est indispensable de stabiliser la République Démocratique du Congo, de le réconcilier avec les autres pays des Grands Lacs et de tendre vers un regroupement plus consolidé. La configuration des regroupements régionaux ne valant que celui de leurs composantes, seuls les États gérés de façon cohérente peuvent mettre en place une organisation transfrontalière viable et profitable aux différentes coopérations. Bien entendu, la stabilité politique des États membres reste le seul gage de la réussite de la CEPGL. On ne peut donc faire l’économie d’une étude approfondie s’agissant du rôle de l’Union africaine, des instruments de l’intégration régionale ainsi que des motivations des pays concernés. Dans le même ordre d’idées, les stratégies économiques ne doivent pas supplanter les enjeux politiques dans la mesure où les États structurés – politiquement, socialement et économiquement – résisteront mieux dans un regroupement dont les contours ne sont pas encore évidents. Plus explicitement, au-delà de l’aspect économique, il est important de prendre en compte les impératifs sécuritaires et politiques actuels. En effet, tant que l’enjeu principal de ce réaménagement ne sera pas le bien-être du plus vulnérable, les différentes tentatives d’intégration seront vouées à l’échec.
Une chose est certaine, les pays frontaliers de la République Démocratique du Congo ne doivent pas envier ses ressources naturelles mais avoir besoin de son développement économique. De plus, leur très riche voisin servira in fine de vivier non seulement à la région des Grands Lacs mais aussi à toute l’Afrique centrale. L’avenir des pays des Grands Lacs africains est indéniablement économique, et seuls les accords de non-agression pourront le garantir.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko
© Jolpress

À lire aussi :

- La République Démocratique du Congo, un combat pour la survie ;
- Pour une paix durable en RDC et dans la région des Grands Lacs.
Notes :
[1] À cette liste macabre, il faut ajouter des milliers de personnes déplacées, des milliers de femmes victimes de violences sexuelles, le recours aux enfants soldats…
[2] La Communauté Économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL) se fonde sur des principes presque similaires à ceux qui sont en cours dans l’Union européenne et dans le Benelux :
- la libre-circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services ainsi qu’un droit d’établissement dans ces trois pays ;
- l’ouverture des frontières entre les pays membres et une politique douanière commune par rapport à l’espace non communautaire ;
- le  développement des infrastructures, des communications, des banques... ;
- la convergence et l’harmonisation des politiques économiques, sociales et agricoles.
[3] Allusion aux opérations conjointes qui ont été menées entre les FARDC et les éléments de l’Armée Patriotique Rwandaise (APR) sur le territoire congolais en vue de neutraliser les éléments négatifs.
[4] Congrès Nationale pour la Défense du Peuple (CNDP), Front Démocratique pour la Libération du Rwanda (FDLR), le Mouvement du 23 mars (M23), des milices Maï-Maï…
[5] Notamment le simulacre relatif à l’arrestation de Laurent Nkunda par les autorités rwandaises après son éviction de la direction du CNDP par Bosco Ntaganda, lequel dirige officieusement, aujourd’hui, le M23.
[6] De surcroît, lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations Unies du 27 janvier 2006, (5359e session) concernant la situation des Grands Lacs africains, l’ancien ministre belge des Affaires étrangères, Karel De Gucht, a insisté sur l’effet stabilisateur de la coopération économique régionale. Il a souligné que la CEPGL pourrait devenir un facteur d’intégration entre les populations de la République Démocratique du Congo, du Rwanda et du Burundi. Enfin, en référence à cette région, la Commission européenne a insisté sur la corrélation entre la paix, la stabilité et le développement économique.
[7] Plate-forme d’associations congolaises et associées œuvrant pour la solidarité internationale, le développement économique et culturel ainsi que la paix en République Démocratique du Congo. Voir aussi la vidéo intitulée Nicolas Sarkozy et Paul Kagamé : les noces franco-rwandaises.
[8] D’où l’existence de la Conférence Internationale de la Région des Grands Lacs (CIRGL).
[9] Notamment l’Énergie des Grands Lacs (EGL), l’Institut de Recherche Agronomique et Zootechnique (IRAZ), la Société Internationale pour l’Électricité des Grands Lacs (SINELAC) et, enfin, la Banque de Développement des États des Grands Lacs (BDEGL).
[10] Ces projets ont trait :
- à la création d’un mécanisme régional d’appui aux institutions de micro-finance, bassins transfrontaliers de développement ;
- au projet régional sur la sécurité alimentaire dans la région des Grands Lacs ;
- à la relance de la Communauté économique des pays des Grands Lacs qui a déjà reçu un montant de 50 millions de dollars de l’Union européenne en vue de son redémarrage ;
- au mécanisme régional de certification des ressources naturelles pour mettre un terme à l’exploitation illégale des ressources naturelles congolaises ;
- à l’exploitation du gaz méthane du Lac Kivu pour un programme d’amélioration des projets d’infrastructures et de facilités des transports…

jeudi 17 janvier 2013

Mali et RD Congo : deux poids, deux mesures ?

Dans une intervention télévisée en date du 11 janvier 2013, le président de la République française a annoncé l’engagement des forces armées françaises au Mali, en soutien aux troupes maliennes, pour repousser les groupes armés islamistes. François Hollande a affirmé que cette opération de lutte contre des « terroristes » durerait « le temps nécessaire ». La France a donc déployé huit cents soldats depuis le début de son intervention militaire, et ce dispositif sera progressivement porté à deux mille cinq cents hommes.

D’aucuns s’interrogent sur le fait que la France ne soit pas intervenue militairement en République Démocratique du Congo, où la situation est beaucoup plus désespérée que celle du Mali. De plus, dans son discours au sommet de la Francophonie à Kinshasa, le chef de l’État français avait promis d’œuvrer pour l’intégrité de ces deux pays francophones.

Les raisons de l’intervention française

La France intervient sur le sol malien, entre autres, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme – l’objectif étant d’empêcher que le Mali ne devienne un État de type salafiste, avec tout ce que cela comporterait comme conséquences par rapport aux intérêts occidentaux. L’éventualité de l’hégémonie des trois groupes islamistes – en l’occurrence AQMI, le Mujao et Ansar Eddine – ce pays d’Afrique a donc justifié le soutien du conseil de sécurité des Nations unies et de la classe politique française à la guerre de François Hollande.
D’aucuns n’ignorent que la position géostratégique de la République Démocratique du Congo ne laisse nullement indifférents les groupes opposés aux intérêts occidentaux, tels que l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA), les Shebabs, les commandos salafistes..., dans ce vaste et très riche territoire francophone. Les richesses dont regorgent quelques pays africains n’intéressent pas que les seuls Occidentaux, mais aussi d’autres puissances confirmées et émergentes comme la Chine, la Russie, le Japon, l’Inde, Brésil... sans oublier des groupes extrémistes tels que les Hezbollahs, Al-Qaïda, les Talibans... qui, pour des raisons économique et géostratégique, comptent bien s’implanter durablement dans le bassin du Congo où il sera très difficile de les déloger. Pourquoi la France ne s’est-elle pas appuyée sur la Convention européenne pour la répression du terrorisme, conclue le 27 janvier 1977 à Strasbourg, pour justifier une intervention militaire – soit des forces armées françaises, soit de l’Eurofor – dans la région du Kivu ?

La division de la classe politique congolaise

À Paris, la classe politique[1], toutes tendances confondues, a approuvé dans sa majorité l’initiative de François Hollande d’envoyer l’armée française au Mali. Consensus qu’a confirmé le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, en se félicitant de « la capacité de [la France] à se réunir lorsque sont en jeu les valeurs qui sont au fondement même de [la] République » et en insistant sur une unité particulièrement importante « à un moment où [les soldats français] sont engagés sur le terrain en appui à l’armée malienne ».
À Bamako, toutes les forces vives sont favorables, au-delà de leurs divergences, à l’intervention armée de la France et des forces de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Sur le plan politique, le président par intérim de la République malienne, le professeur Dioncounda Traoré, a sollicité l’intervention militaire de la France auprès de François Hollande pour arrêter l’avancée des djihadistes. Or à Kinshasa, les intérêts partisans ne cessent de primer sur le patriotisme. Ainsi la classe politique congolaise n’est pas prête à s’unir, ne serait-ce que temporairement, pour enrayer l’agression à finalité « balkanisatrice ».

Un avantage non exploité

La France ayant une responsabilité morale dans la mise en place de l’opération Turquoise[2], le président de la République française ne peut rester indifférent à la dramatique situation en cours dans la région du Kivu. Les autorités congolaises auraient donc dû solliciter auprès de différents chefs d’État et de gouvernement, lors du sommet de la Francophonie qui s’est tenu à Kinshasa, une intervention militaire des pays francophones en vue de la sécurisation de la partie orientale de la République Démocratique du Congo.
Malheureusement, cela n’avait nullement frôlé leur esprit, l’enjeu ayant surtout concerné la soi-disant « légitimité » ou « illégitimité » de tel ou tel candidat à l’élection présidentielle. Alors qu’il disposait de tous les atouts, le président Joseph Kabila n’a pas su exploiter l’avantage qui lui aurait permis d’obtenir le soutien unanime de la communauté francophone, surtout celui de la Belgique, en vue de la sécurisation de la partie orientale.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

© Jolpress

À lire aussi :

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- Sommet de la Francophonie : qu’attendre de François Hollande ?
- François Hollande devra-t-il boycotter le XIVe Sommet de la Francophonie à Kinshasa ?
- Cinq questions à Gaspard-Hubert Lonsi Koko.

Notes :
[1] Exceptés Dominique de Villepin, Jean-Luc Mélenchon et Noël Mamère.
[2] L’opération Turquoise s’est déroulée du 22 juin au 21 août 1994 sous mandat des Nations Unies par le vote de la résolution 929. Cette résolution prévoyait un déploiement français avec des objectifs humanitaires en coopération avec la Mission des Nations Unies au Rwanda (MINUAR), qui devait à court terme relever les troupes françaises engagées. Dès le vote de la résolution, un pont aérien fut réalisé entre Paris et Goma, projetant ainsi hommes et matériels au Zaïre (actuellement République Démocratique du Congo). Parallèlement, l’armée française de l’Air installa une base aérienne à Kisangani, toujours dans le territoire zaïrois. Le dispositif interarmées Turquoise, sous les ordres du général Lafourcade, se déploya à Gikongoro, Kibuye, Cyangugu au Rwanda. La première mission des unités françaises avait consisté à assurer la protection des camps des réfugiés, en rétablissant un climat de confiance favorable au déploiement de l’aide humanitaire.

lundi 14 janvier 2013

COHESION NATIONALE

Le RDPC invite tous les partis politiques à taire leurs divergences et à œuvrer pour l'unité nationale



Dans un communiqué de presse publié vendredi 11 janvier à Paris, le Rassemblement pour le Développement  et la Paix au Congo (RDPC) « se réjouit » que « l’UDPS, le MLC et l’UNC reconnaissent que seul un dialogue inclusif républicain permettra un nouvel élan démocratique et un décollage sur le plan économique ».
« Mercredi 9 janvier 2013 à Kinshasa, la ministre suédoise de la Coopération au Développement, Gunilla Carlsson, s’est entretenue avec les leaders des principaux partis de l’opposition, Albert Moleka de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Jean-Lucien Busa du Mouvement de Libération du Congo (MLC) et Vital Kamerhe de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) sur la guerre dans l’Est de la République Démocratique du Congo et la crise de légitimité  politique due aux élections du 28 novembre 2011 », écrit  le porte-parole du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC), Gaspard-Hubert Lonsi Koko, en guise de préambule.
« Les trois cadres des principaux partis politiques de l’opposition, tout en espérant voir la communauté internationale exercer des pressions nécessaires sur les acteurs impliqués dans la guerre du Kivu, se félicitent de l’appel à la cohésion nationale lancé par Joseph Kabila lors de ses vœux à la Nation », note-il.
Et de poursuivre : « Néanmoins, ils ne se sentent pas concernés par les pourparlers de Kampala ».
Le RDPC « se réjouit » en substance que « l’UDPS, le MLC et l’UNC acceptent enfin de trouver des voies et moyens susceptibles de mettre fin à la crise de légitimité et à la guerre qui sévit dans la partie orientale, lesquelles se traduisent par l’absence de la cohésion nationale. Ainsi reconnaissent-ils que seul un dialogue inclusif républicain permettra un nouvel élan démocratique et un décollage sur le plan économique ».
Regrettant l’agitation politique de ces dernières années, le porte-parole du RDPC déclare que  « la crise politique aurait été évitée si l’UDPS, le MLC et l’UNC s’étaient vigoureusement opposé au projet de loi ayant modifié  et complété  la loi n°06/006 du 09/03/2006 relatif à l’organisation des élections en République Démocratique du Congo ».  
Selon Gaspard-Hubert Lonsi Koko, « On aurait donc évité l’impasse politique si ces partis avaient exigé, dans le processus électoral ayant conduit au double scrutin de 2011, la nomination d’un Haut Représentant des Nations Unies en vue d’un droit de regard en conformité avec les dispositions légales car l’AMP était majoritaire dans la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et que l’institution qui faisait office de Conseil constitutionnel était composée des affidés du président Kabila ».

TOUS RESPONSABLES

« En ayant été incapables de désigner un candidat unique de l’opposition, l’UDPS, le MLC et l’UNC ont permis à la minorité de gagner l’élection présidentielle. Ainsi partagent-ils, avec l’Alliance pour la Majorité Présidentielle (AMP), la responsabilité de la crise de légitimité des institutions de l’Etat », souligne le porte-parole du RDPC.
Pour faire échec à l’ennemi, le RDPC, patriotisme oblige, invite tous les partis politiques à «  taire momentanément leurs divergences, dès lors que le pays est menacé de balkanisation par des forces négatives bénéficiant du soutien de quelques pays limitrophes et des puissances extracontinentales intéressées par nos ressources naturelles ».
En cette période cruciale que traverse le pays, et dans la perspective du dialogue inclusif républicain, il exhorte l’UDPS, le MLC et l’UNC « d’œuvrer sans arrière-pensées en faveur de l’unité des Congolais ».
Pour le RDPC, qui entend prendre une part active au dialogue inclusif entre Congolais, « l’objectif consiste à instaurer un Etat de droit, à mettre en place des institutions fortes et viables, à sécuriser la région du Kivu, à arrêter et à faire juger les auteurs des crimes de guerre et crime contre l’Humanité, à obtenir sur le plan international des sanctions contre les agresseurs, à faciliter la paix régionale ».
Par ailleurs, Gaspard-Hubert Lonsi Koko désapprouve la récente initiative  des principaux partis de  l’opposition  demandant de participer  aux pourparlers de Kampala entre le gouvernement congolais et le M23 en tant qu’élément à part entière.
En conséquence, la déclaration de Jean-Lucien Busa du Mouvement de Libération du Congo (MLC),qui réclame   « La participation de l’opposition politique  congolaise à ces pourparlers, en tant que  composante, à l’instar de la solution à la crise centrafricaine, sans oublier la société civile et la diaspora », n’a grâce à ses yeux.
« Les Congolais doivent participer aux pourparlers de Kampala dans l’unité, toutes les composantes politiques et civiles devant faire partie intégrante de la délégation officielle représentée par le ministre des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda », estime-t-il.   
                                                       
Robert Kongo, correspondant en France 

© Le Potentiel                                            

dimanche 13 janvier 2013

COMMUNIQUE DE PRESSE n° 20130113/038 relatif aux pourparlers de Kampala sur la guerre en RD Congo

Selon Radio France Internationale, les présidents des quatre groupes parlementaires de l’opposition demandent encore une fois de participer aux négociations de Kampala entre Kinshasa et le M23, mais pas dans la délégation gouvernementale, après avoir constaté la gravité de la situation et la rude épreuve auxquelles la Nation est confrontée. Ainsi Jean-Lucien Busa, du Mouvement de libération du Congo (MLC), a-t-il réclamé « la participation de l’opposition politique congolaise à ces pourparlers, en tant que composante, à l’instar de la solution à la crise centrafricaine, sans oublier la société civile et la diaspora ».

Le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC) approuve la décision des présidents des quatre groupes parlementaires de l’opposition, car le patriotisme oblige tout citoyen congolais à faire échouer le projet de déstabilisation de la région du Kivu. Néanmoins, le RDPC estime que les Congolais doivent participer aux pourparlers de Kampala dans l’unité – toutes les composantes politiques et civiles devant faire partie intégrante de la délégation officielle représentée par le ministre des Affaires étrangères Raymond Tshibanda.

Le RDPC rappelle que la situation centrafricaine est différente de celle en cours en République Démocratique du Congo. Si en Centrafrique les opposants s’en prennent directement au gouvernement du président François Bozizé, l’opposition institutionnelle n’a pas pris les armes contre le gouvernement congolais. Les pourparlers de Kampala concernent l’ensemble des Congolais soucieux de sauver d’abord la patrie, en faisant échouer le projet des agresseurs qui se servent du M23 comme bras armés. Il est donc question, contrairement en Centrafrique, de l’intégrité du territoire et de la souveraineté nationale.

D’aucuns n’ignorent que la cohésion nationale ne se fera pas dans la division, la capitale ougandaise ne devant en aucun cas servir de lieu où les Congolais régleraient leurs comptes au risque d’avantager le M23. En conséquence, le RDPC rappelle la nécessité de laver le linge sale en famille dans le cadre du dialogue inclusif républicain qui devra se tenir à Kinshasa, en présence d’observateurs internationaux, et non à Kampala.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Porte-parole du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC)

Fait à Paris, le 13 janvier 2013

samedi 12 janvier 2013

A propos du double scrutin de 2011 en RD Congo

Cinq questions à Gaspard-Hubert Lonsi Koko


1. Président de l’Union du Congo (UC), porte-parole du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC), vous avez préféré vous présenter sous la bannière « indépendant » aux récentes élections législatives en RDC. Pourquoi ce choix ? Ce choix est dû avant tout aux difficultés que nous avons rencontrées au regard de l’administration congolaise pour faire enregistrer le RDPC comme parti politique à part entière. Par ailleurs, certains partis d’opposition n’ont pas été forcément enthousiastes dans l’éventualité d’un partenariat avec des candidats venus de l’extérieur. Ainsi voyaient-ils en eux, dans la plupart des cas, de potentiels adversaires. Je reste convaincu que seule une meilleure synergie entre les Congolais de l’intérieur et de l’étranger permettra l’émergence d’une opposition crédible en vue d’une alternative politique au profit du peuple.

2. Comment s’est déroulé le double scrutin du 28 novembre dans votre circonscription de Madimba (Bas-Congo) ?
J’aimerais d’abord dire que mon choix de me présenter à Madimba vient du fond du cœur. Et les Madimbadiers m’ont adopté avec enthousiasme. Par exemple, d’après les résultats provisoires, deux députés sortants kabilistes sur trois seraient battus au profit des candidats de l’opposition. Mais cela ne signifie pas forcément l’inexistence d’imperfections dans le déroulement du scrutin, celui-ci ayant brillé, comme dans le reste du territoire national, par le manque de transparence surtout dans les centres locaux de compilations. J’en veux pour preuve la suspension momentanée des travaux de collecte des résultats dans ces centres. Je tiens surtout à rappeler l’injustice qui a prévalu dans le traitement de l’information, les candidats de la majorité présidentielle ayant officieusement bénéficié des données capitales de la part de la CENI plusieurs jours avant ceux de l’opposition qui ont souffert du retard de l’information officielle. Ainsi ces derniers étaient-ils handicapés dans l’articulation concrète de leur campagne. Il y avait donc deux poids deux mesures dans le traitement des candidats. Cette attitude peu catholique n’a pas concerné que le seul territoire de Madimba. Si les Madimbadiers ont réellement voulu le changement en plébiscitant les candidats de l’opposition aussi bien à la présidentielle qu’aux législatives, force est de constater que leur choix s’est fait sur la base du clientélisme et non du programme électoral. Je déplore le manque du débat d’idées lors de ce double scrutin. Dans le territoire Madimba, je suis l’un des rares candidats, sinon le seul, à avoir fait des propositions audacieuses pour le changement. Mais cela était insuffisant, car j’ai refusé de m’adonner à la démagogie et d’offrir de l’argent en échange du suffrage. Je ne regrette pas d’avoir adopté un comportement républicain, dans la mesure où le processus électoral devrait aussi permettre la conscientisation du peuple en vue de l’évolution des mentalités.

3. Quel bilan dressez-vous de ces élections au plan national ?
Du point de vue national, triste constat, on a assisté au degré zéro de la pratique politique en République démocratique du Congo. Aucun débat contradictoire n’a eu lieu entre les onze candidats à l’élection présidentielle, même s’il s’est agi d’un scrutin à un seul tour. Pis encore, lors des passages de chaque candidat à la télévision, conformément aux directives du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC), quelques prétendants, et non des moindres, ont préféré se faire représenter alors qu’il était question d’une élection dont la spécificité résidait dans le fait qu’un individu se présentait face au peuple en vue d’obtenir son suffrage. Je m’attendais à ce que les prétendants à la magistrature suprême livrent aux électeurs un programme détaillé et chiffré, plutôt que d’essayer de s’adonner à ce genre d’exercice à l’occasion de la prestation de serment. On a tout simplement assisté à une escroquerie politique. Mes impressions d’élections seront publiées dans un ouvrage, « Un Parisien à Madimba », qui paraîtra prochainement.

4. Que pensez-vous de la controverse suscitée par la réélection de Joseph Kabila ?
Force est de constater que la réélection du président Kabila est contestée par une opposition qui est représentative de plus de 50 % des électeurs. Les appréciations de la communauté internationale n’ont fait que conforter son caractère illégitime, laissant ainsi la possibilité au peuple congolais d’orienter autrement son destin. Encore faut-il que les Congolaises et les Congolais de l’intérieur aient le courage d’emboîter le pas à leurs compatriotes de l’extérieur qui ne cessent de dénoncer à cor et à cri ce qu’ils considèrent comme un hold-up électoral.

5. Quel regard portez-vous sur le fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ?
Dans l’ensemble du processus, je ne pense pas que la CENI a été à la hauteur de la tâche qui lui avait été impartie. Je lui reconnais un seul mérite, celui d’avoir voulu reporter de quelques mois le calendrier électoral. Cela aurait au moins permis d’éviter la parodie d’élections que l’on vient d’offrir au peuple congolais et à la communauté internationale en guise de spectacle.

Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France

(*) Président d’UDC et porte-parole du RDPC/France. Candidat à la députation nationale.

© Le Potentiel, décembre 2011

vendredi 11 janvier 2013

COMMUNIQUE DE PRESSE n° 20130111/037 relatif à la crise politique et aux conflits armés en cours en RD Congo

Dans une communication diffusée dans les fora congolais sur Internet, la cellule de communication de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) met l’accent sur l’entretien qui s’est déroulé le 9 janvier 2013 à Kinshasa entre la ministre suédoise de la Coopération au Développement, Gunilla Carlsson, et MM. Albert Moleka de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), Jean-Lucien Bussa du Mouvement de Libération du Congo (MLC) et Vital Kamerhe de l’UNC sur la guerre dans l’Est de la République Démocratique du Congo et la crise de légitimité politique due aux élections bâclées du 28 novembre 2011. Les trois cadres des principaux partis politiques de l’opposition, tout en espérant voir la communauté internationale exercer des pressions nécessaires sur les acteurs impliqués dans la guerre du Kivu, se félicitent de l’appel à la cohésion nationale lancé par Joseph Kabila lors de ses vœux à la Nation. Néanmoins, ils ne se sentent pas du tout concernés par les pourparlers de Kampala.

Le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC) se réjouit que l’UDPS, le MLC et l’UNC acceptent enfin de trouver des voies et moyens susceptibles de mettre fin à la crise de légitimité et à la guerre qui sévit dans la partie orientale, lesquelles se traduisent par l’absence de la cohésion nationale. Ainsi reconnaissent-ils que seul un dialogue inclusif républicain permettra un nouvel élan démocratique et un décollage sur le plan économique.

Le RDPC rappelle que la crise politique aurait été évitée si l’UDPS, le MLC et l’UNC s’étaient vigoureusement opposé au projet de loi ayant modifié et complété la loi n° 06/006 du 09/03/2006 relatif à l’organisation des élections en République Démocratique du Congo. On aurait donc évité l’impasse politique si ces partis avaient exigé, dans le processus électoral ayant conduit au double scrutin de 2011, la nomination d’un Haut Représentant des Nations Unies en vue d’un droit de regard en conformité avec les dispositions légales car l’AMP était majoritaire dans la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et que l’institution qui faisait office de Conseil constitutionnel était composée des affidés du président Kabila.

En ayant été incapables de désigner un candidat unique de l’opposition, l’UDPS, le MLC et l’UNC ont permis à la minorité de gagner l’élection présidentielle. Ainsi partagent-ils, avec l’Alliance pour la Majorité Présidentielle (AMP), la responsabilité de la crise de légitimité des institutions de l’État.

Le RDPC estime par ailleurs que le patriotisme oblige tous les partis politiques à taire momentanément leurs divergences, dès lors que le pays est menacé de balkanisation par des forces négatives bénéficiant du soutien de quelques pays limitrophes et des puissances extracontinentales intéressées par nos ressources naturelles. En conséquence, dans la perspective du dialogue inclusif républicain, le RDPC demande à l’UDPS, au MLC et à l’UNC d’œuvrer sans arrière-pensées en faveur de l’unité des Congolais. L’objectif consiste à instaurer un État de droit, à mettre en place des institutions fortes et viables, à sécuriser la région du Kivu, à arrêter et à faire juger les auteurs des crimes de guerre et crimes contre l’Humanité, à obtenir sur le plan international des sanctions contre les agresseurs, à faciliter la paix régionale.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Porte-parole du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo

Fait à Paris, le 11 janvier 2013

mercredi 9 janvier 2013

Que cache le cessez-le-feu en RDC, décrété unilatéralement par le M23 ?

Les rebelles congolais du M23 ont décrété le mardi 8 janvier un cessez-le-feu unilatéral au Nord-Kivu, dans l’est de la République Démocratique du Congo. « Nous sommes pour la paix [...] aujourd’hui, nous déclarons que nous sommes en état de cessez-le-feu », a précisé François Rucogoza, le secrétaire exécutif du M23 lors d’une conférence de presse à Kampala, tout en ajoutant que son mouvement était prêt à poursuivre « les négociations même en cas de refus du gouvernement de signer un accord de cessez-le-feu ». Pourquoi une telle décision, alors que le gouvernement congolais a toujours refusé de souscrire à la demande du M23, relative au cessez-le-feu, en guise de préalable à toute reprise des négociations ?

L’annonce du M23 suscite, dans les milieux politiques et diplomatiques, deux interprétations. Soit il est bel et bien question d’un aveu de faiblesse des affidés du Rwanda et de l’Ouganda. Soit le gouvernement congolais a fait des concessions à leurs revendications.

Aveu de faiblesse du M23

La prise de Goma par le M23 a représenté un camouflet infligé à la communauté internationale dont les membres de son bras armé, en l’occurrence la Monusco, ont carrément été qualifiés de touristes militaires par Yoweri Museveni, le président ougandais qui se prend pour le Bismarck des Grands lacs. Jean-Marie Runiga, François Rucogoza et consorts sont vraisemblablement acculés dos au mur à cause des mises en garde des puissances extracontinentales et des institutions internationales à l’encontre de leurs parrains rwandais et ougandais, de la condamnation par les ministres des Affaires étrangères de l’Union africaine de leur initiative dans le Nord-Kivu ainsi que des menaces judiciaires qui pèseraient sur eux. Très mauvaises nouvelles pour les dirigeants du M23, au moment où le Conseil de sécurité des Nations Unies s’apprête à préconiser l’usage des drones de surveillance dans l’Est de la RD Congo, l’institution africaine compte accélérer le déploiement de la Force Internationale Neutre en synergie avec la Monusco.

Le coup de poker du M23

Pour sortir du piège qui lui est tendu, le M23 tente de mettre le gouvernement congolais et la communauté internationale devant le fait accompli. Ainsi compte-t-il démonter, à travers ce coup de poker, sa capacité à décider de la suite de la guerre au Nord-Kivu. Cela aura pour conséquence d’administrer de manière autonome le territoire qu’ils occupent. De ce fait, le M23 obtiendra tacitement le fédéralisme tant voulu par ses parents rwandais et ougandais dans l’optique, dans un second temps, de l’organisation d’un référendum populaire en vue de l’autodétermination de la partie occupée. La mission consistant à balkaniser la RD Congo sera enfin accomplie. Comment comptent réagir les autorités de Kinshasa, par rapport au revirement à cent quatre-vingt-dix degrés, du M23, ? Par des promesses relatives à l’intégration de ces criminels dans certaines institutions et structures stratégiques, donc décisionnelles, de la République ?

Fermeté de Kinshasa

Dans le passé, les accords conclus par le gouvernement congolais avec les différents groupes armés n’ont jamais abouti à la moindre résolution des conflits qui déstabilisent la région du Kivu. Au contraire, ils ont facilité le noyautage des institutions étatiques et servi de chantage à d’autres menaces de rébellion. Nul n’ignore que le bourreau tue d’abord par les armes, ensuite par l’oubli. Le gouvernement congolais ne doit avoir en aucun cas la mémoire courte. Sachant très bien qu’un voleur se cache toujours derrière chaque menteur, Kinshasa doit privilégier le droit, aussi bien sur le plan national qu’international, pour permettre la stabilisation du territoire national. La fermeté s’impose donc, car l’on doit façonner l’argile pendant qu’elle est encore humide.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

© Jolpress

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