vendredi 30 novembre 2012

Guerre au Nord-Kivu

Une représentation des partis politiques congolais en France appelle à la cohésion nationale .
Ils combattent "pour l'intérêt supérieur de la nation"

A l’initiative de quelques partis politiques congolais , une conférence de presse sur la guerre au Nord-Kivu s’est tenue mercredi 28 novembre  à Paris. Soucieux de l’ampleur que prend la crise dans la partie orientale de la RDC, Gaspard-Hubert Lonsi Koko ( Porte-parole du Rassemblement pour le développement et la paix au Congo), Kabeya N’Kashama-Mutoke ( Membre du Conseil national du Congrès des démocrates pour le progrès social) et Ferdinand Lufete  (Coordinateur en France de la plate-forme politique Alliance pour le développement et la République) appellent à la cohésion nationale pour faire face à l’agression dont le pays est victime de la part des rebelles du M23 soutenus par le Rwanda et l’Ouganda.
Après un propos liminaire d’une dizaine de minutes, les trois acteurs politiques   ont répondu aux questions des journalistes étrangers et congolais pendant près d’une heure et demie. Et le moins que l’on puisse dire , c’est qu’ils ont su faire passer leur message. Prenant tour à tour un air grave, tourmenté… , à l’évocation de certains noms et faits, ils ont répondu avec brio et d’une seule voix à toutes les questions qui leur ont été posées.
Gaspard-Hubert-Lonsi Koko, Kabeya N’Kashama-Mutoke et Ferdinand Lufete ont évoqué l’Histoire de la RDC depuis 1997. Loin d’ être des suppôts du mobutisme ou des actuels dirigeants du pays , ils sont totalement convaincus que le même scénario mis en place par le Rwanda, l’Ouganda, et dans le Burundi (soutenus par la communauté internationale), pour chasser le Maréchal Mobutu du pouvoir, est en train de se reproduire.
Les trois orateurs ont exprimé leur écœurement et leur consternation après les crises à répétition que vit le pays depuis la prise du pouvoir par l’Alliance des forces démocratiques pour la libération  du Congo (AFDL) et l’avènement du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), « conséquences du non-respect de différentes résolutions et accords signés  par ceux qui gouvernent , par défi, la République Démocratique du Congo ». 
«Devons-nous encore accepter un autre poulain de l’Ouganda, du Burundi et du Rwanda, après des pilules mortelles que l’on nous a fait avaler  en 1997, en 2001, en 2006 et en 2011 ? », se sont-ils interrogés.
Ils ont fustigé « les velléités expansionnistes des voisins de l’Est » de la RDC dont l’ambition n’est plus un secret pour personne : « Balkaniser le Congo ». Et pour atteindre leur objectif macabre, « ils se sont associés à des entreprises étrangères, lesquelles sont soutenues par des puissances extracontinentales »

RESPONSABILITE PARTAGEE

Gaspard-Hubert Lonsi Koko, Kabeya N’Kashama-Mutoke et Ferdinand Lufete ont dénoncé avec force l’inertie et la complicité de la communauté internationale et de certaines puissances extracontinentales qui n’ont jamais clairement condamné les crimes dont est victime le peuple congolais  dans la région du Kivu : l’extorsion, le harcèlement, les pillages et viols des mamans, sœurs et enfants.
Ils constatent avec amertume et indignation que les forces onusiennes dont la mission est de  protéger les populations congolaises de la région du Kivu, qui subissent les affres de guerre, et d’assurer la stabilisation du pays, « côtoient les agresseurs de la RDC en toute indifférence dans des régions occupées ». Contrairement à la charge qui leur a été confiée, le travail de ces forces consiste maintenant  à « faciliter le noyautage de la chaîne de commandement de l’Armée nationale congolaise, y compris l’infiltration d’autres institutions aussi bien économiques que politiques », ont-ils fait remarquer.
Une grande majorité de la classe politique congolaise, toutes tendances confondues, porte  également une part de responsabilité dans les conflits irrésolus que traverse le pays. « Elle ne joue pas franc jeu », ont-ils dit.
«  Elle a sciemment failli dans la tâche qui a consisté à doter la RDC d’une majorité gouvernementale incontestable, soucieuse de la gestion de la chose publique au profit du peuple, et d’une opposition crédible. Elle a retardé la réforme de l’armée, des forces de sécurité et de police. Elle n’a pas exhorté le gouvernement à doter le pays d’une force de défense et de dissuasion capable de faire face à une quelconque menace extérieure. Ainsi a-t-elle agi en intelligence avec les ennemis de notre peuple. La classe politique a tout simplement trahi la nation. »

LE PATRIOTISME D’ABORD

Au-delà de leurs sensibilités politiques, les trois orateurs privilégient le patriotisme car pour le peuple congolais l’heure est grave : le pays est agressé. Une attaque ayant occasionné la prise de la ville stratégique  de Goma, à l’Est de la RDC, par les rebelles du M23. 
Fort de ce constat, Gaspard-Hubert Lonsi Koko, Kabeya N’Kashama-Mutoke et Ferdinand Lufete appellent, sans démordre, à la cohésion nationale autour de cette agression, qu’ils condamnent fermement, pour bouter l’ennemi hors du territoire national et mettre définitivement un terme à la guerre au Nord-Kivu.
Ils demandent au gouvernement de mettre en place « des conditions d’une véritable réconciliation nationale autour des valeurs républicaines, dans un élan patriotique collectif, pour la défense de la nation infiltrée, agressée et occupée, et la formation d’un gouvernement d’union nationale, ou de salut public, dans le contexte de l’état d’urgence. »
Ils proposent « la création des juridictions d’exception en vue des poursuites contre les auteurs des crimes de guerre, des crimes contre l’Humanité, des violations de droits fondamentaux de la personne humaine et haute trahison. »
S’agissant de la sécurisation du territoire national, les trois orateurs proposent « le changement de la mission de la Monusco et sa transformation en force d’intervention aux côtés des FARDC, à partir de la frontière rwandaise, et, au cas où les Nations Unies refuseraient de requalifier sa mission, son remplacement par les forces de l’Union africaine-à l’exclusion des pays voisins de l’Est-, ou de l’Eurofor, ou alors de l’Africom. »
Ils demandent au gouvernement de procéder au « désengagement des officiers originaires du Kivu et leur redéploiement dans d’autres régions du pays, les Régions militaires du Kivu devant être placées sous le commandement des officiers non locaux. »
Ils demandent en outre « la mise en place d’une armée et d’une police républicaines et performantes, ainsi que la maîtrise de l’insécurité et la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national. »
Pour instaurer une paix durable dans la Région des Grands Lacs, les trois acteurs politiques congolais préconisent  l’obtention du dialogue inter-rwandais en vue d’assurer le rapatriement en toute sécurité des combattants FDLR et d’autres réfugiés rwandais dans leur pays.
« La réconciliation du peuple rwandais avec lui-même est le seul gage d’une cohabitation pacifique et pérenne entre les deux communautés, Hutus et Tutsi, qui s’entre-tuent depuis des lustres », assurent-ils. « A défaut, l’élaboration d’un plan de désarmement et d’éloignement des combattants FDLR dans un pays non limitrophe du Rwanda, conformément aux dispositifs de la Convention de Genève. » Ils sont tous favorables à ce qu’une discussion s’engage sur « la gestion commune des ressources frontalières ».
Pour Gaspard-Hubert Lonsi Koko, Kabeya N’Kashama-Mutoke et Ferdinand Lufete, cette conférence de presse était l’occasion de montrer à la face du monde que le peuple congolais est capable en toutes circonstances de combattre ses faiblesses, dépasser les clivages et antagonismes politiques pour défendre et sauver la nation.  
                                                      
Robert Kongo, correspondant en France

© Le Potentiel

mercredi 28 novembre 2012

Conférence de presse des Partis politiques et des Associations congolaises de France

Pour la cohésion nationale et la pacification de la République Démocratique du Congo

Si l’Histoire est un perpétuel recommencement, il revient aux humains de ne pas avoir la mémoire courte. Ce qui est en train de se passer dans l’Est de la République Démocratique du Congo, plus précisément dans la région du Kivu, rappelle tristement les manœuvres ayant permis la chute du pouvoir mobutiste en 1997. Certes, nous ne regrettons nullement le régime dictatorial du maréchal Mobutu. Notre prise de position ne constitue pas non plus un soutien à un quelconque gouvernement, mais elle prend en compte le seul intérêt supérieur du peuple et de la Nation congolaise. En tout cas, force est de constater la ressemblance du scénario actuel avec celui qui a été mis en scène, par les mêmes acteurs, il y a de cela 15 ans. Personne n’ignore que nous sommes en train de subir les conséquences des anciens alliés de Laurent-Désiré Kabila et du pouvoir actuel.
Devons-nous encore accepter un autre poulain de l’Ouganda, du Burundi et du Rwanda, après des pilules mortelles que l’on nous a fait avaler en 1997, en 2001, en 2006 et en 2011 ? Toutes les crises connues, depuis la prise du pouvoir par l’AFDL et l’avènement du PPRD, sont les conséquences du non-respect de différentes résolutions et accords (Conférence nationale souveraine, Accords de Lusaka et de Sun City) par ceux qui gouvernent, par défi, la République Démocratique du Congo.

I - Velléités expansionnistes de nos voisins de l’Est


Depuis le déclenchement de la guerre de 1997, nos voisins de l’Est ont pris une sérieuse option sur notre devenir. Pour faire main basse sur nos terres et nos ressources minérales, ils essaient de balkaniser notre pays par tous les moyens et à n’importe quel prix. Pour atteindre leur objectif, ils se sont associés à des entreprises étrangères, lesquelles sont soutenues par des puissances extracontinentales. En contrepartie, ils doivent faire de la République Démocratique du Congo, dans le pire des cas, un « no man’s land » où lesdites entreprises s’approvisionneront en minerais rares à moindres frais. Dans le meilleur des cas, ils doivent occuper la partie orientale de notre pays afin de la transformer en une zone franche au profit des forces coalisées.

II - Inertie et complicité significatives de la communauté internationale

L’articulation du plan des forces coalisées contre notre pays est probablement programmée par la communauté internationale.
 Raison pour laquelle les forces onusiennes ne cessent de s’interposer entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo et les différents mouvements de déstabilisation, et de côtoyer nos agresseurs en toute indifférence dans des régions occupées. Leur objectif consiste à faciliter le noyautage de la chaîne de commandement de l’armée nationale congolaise, y compris l’infiltration d’autres institutions aussi bien économiques que politiques.

III - Ambiguïté et complicité du pouvoir et d’une certaine classe politique congolaise


Nous sommes conscients du fait qu’une grande majorité de la classe politique congolaise, toutes tendances confondues, ne joue pas franc jeu. Elle a sciemment failli dans la tâche qui a consisté à doter la République Démocratique du Congo d’une majorité gouvernementale  incontestable, soucieuse de la gestion de la chose publique au profit du peuple, et d’une opposition crédible, c’est-à-dire constructive. Ainsi a-t-elle agi en intelligence avec les ennemis de notre peuple. La classe politique a tout simplement trahi la Nation.
En ayant retardé la reforme de l’armée, des forces de sécurités et de police, conformément à l’accord global et inclusif de Pretoria, le gouvernement n’a pas voulu doter le pays d’une force de défense et de dissuasion capable de faire face à une quelconque menace extérieure.
Nous ne sommes pas du tout dupes. En effet, nous sommes conscients que les forces négatives veulent profiter de notre faiblesse en matière de défense du territoire, de l’illégitimité et de l’illégalité du pouvoir en place pour se débarrasser d’un partenaire qu’ils ont pourtant soutenu, sans aucun projet de société, aux élections bâclées de 2006 et du 28 novembre 2011. Ce n’est donc pas pour libérer le peuple congolais d’un allié désavoué par la majorité de notre peuple qu’elles sèment la mort et la terreur, mais plutôt pour achever un processus d’occupation, voire de balkanisation, déjà planifié dans les capitales occidentales.

IV - Ni Charybde, ni Scylla


Le peuple congolais se trouve aujourd’hui face à un dilemme à la fois kafkaïen et cornélien. De plus, les partisans de la balkanisation et ceux de l’occupation du Congo-Kinshasa l’ont obligé à faire le choix entre Charybde et Scylla, entre l’insécurité et la soumission, entre la violence et le génocide.


 Fort heureusement, au-delà des tendances politiques, nous sommes une grande majorité des Congolaises et des Congolais de l’étranger et de l’ensemble du territoire national à privilégier le patriotisme. Nous estimons que l’avenir de la République Démocratique du Congo dépend de l’émergence d’une nouvelle voie excluant celle qui a été empruntée depuis 2001 par une classe politique qui a failli et par des personnes sans foi ni loi qui ont versé le sang de notre peuple, violé nos mères, nos femmes et nos enfants, pillé nos ressources naturelles et déstabilisé notre pays. Cette classe politique est aujourd’hui préoccupée par l’enrichissement insolent, au mépris de la misère de notre peuple chosifié.

En conséquence, Nous, Partis politiques et Associations congolaises de France :
- condamnons avec la dernière énergie l’agression de notre pays, sur sa partie orientale, ayant occasionné la prise de Goma ;
- dénonçons les manœuvres, en cours et en perspective, planifiées depuis l’extérieur du continent africain ;
- dénonçons l’attitude de la communauté internationale et de certaines puissances extracontinentales qui soutiennent la déstabilisation de la République Démocratique du Congo et orchestrent le massacre de notre peuple depuis 15 ans ;
- lançons un appel solennel au peuple congolais, aux organisations politiques et à toutes les forces vives à se mobiliser contre les agresseurs afin de mettre définitivement un terme aux guerres du Kivu.

V - Nos propositions

Au vu des arguments évoqués ci-dessus, pour l’intérêt supérieur du peuple congolais, nous faisons ci-après des propositions en vue d’un État de droit, de la stabilité et de l’indivisibilité de la République Démocratique du Congo, ainsi que de la pacification de la Région des Grands Lacs africains.
1. Sur la cohésion nationale – partant du principe que les élections bâclées de novembre 2011, l’incapacité morale, politique et opérationnelle des institutions ôtent au régime actuel toute légitimité sur le plan interne et toute crédibilité vis-à-vis de l’extérieur –, nous préconisons :
- la mise en place des conditions d’une véritable réconciliation nationale autour des valeurs républicaines, dans un élan patriotique collectif, pour la défense de la nation infiltrée, agressée et occupée ;
- la mise en place, sans pour autant sombrer dans les erreurs du passé, d’un gouvernement d’union nationale, ou de salut public, dans le contexte de l’état d’urgence ;
- l’incessibilité de la nationalité congolaise d’origine, conformément à l’alinéa 3 de l’article 10 de la Constitution, ainsi que le droit de vote et d’éligibilité des Congolais de l’étranger ;
- la préparation, dans un délai raisonnable, des élections générales libres et crédibles, en commençant par les élections locales ;
- la création des juridictions d’exception en vue des poursuites contre les auteurs des crimes de guerre, des crimes contre l’Humanité, des violations de droits fondamentaux de la personne humaine et haute trahison.

2. Sur la sécurisation du territoire national, nous proposons :

- le changement de la mission de la Monusco et sa transformation en force d’intervention aux côtés des FARDC, à partir de la frontière rwandaise, et, au cas où les Nations Unies refuseraient de requalifier sa mission, son remplacement par les forces de l’Union africaine (à l’exclusion des pays voisins de l’Est), ou de l’Eurofor, ou alors de l’Africom ;
- la mise en place d’une armée et d’une police républicaines et performantes, ainsi que la maîtrise de l’insécurité et la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national ;
- le désengagement des officiers originaires du Kivu et leur redéploiement dans d’autres régions du pays, les Régions militaires du Kivu devant être placées sous le commandement des officiers non locaux.

3. Sur la paix durable dans la Région des Grands Lacs, nous préconisons :

- l’obtention du dialogue inter-rwandais en vue d’assurer le rapatriement en toute sécurité des combattants FDLR et d’autres réfugiés rwandais dans leur pays, la réconciliation du peuple rwandais avec lui-même étant le seul gage d’une cohabitation pacifique et pérenne entre les deux communautés Hutu et Tutsi qui s’entre-tuent depuis des lustres ;
- à défaut, l’élaboration d’un plan de désarmement et d’éloignement des combattants FDLR dans un pays non limitrophe du Rwanda, conformément aux dispositifs de la Convention de Genève ;
- les tractations sur la gestion commune des ressources frontalières.


Fait à Paris, le 28 novembre 2012

Signataires :


- Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC) ;

- Congrès des Démocrates pour le Progrès Social (CDPS-France) ;
- Alliance pour le Développement de la République (ADR-France) ;
- Collectif des Démocrates Congolais (CDC) ;
- Union du Congo (UDC) ;
 - Groupe de Réflexions des Congolais de France (GRCF).

lundi 26 novembre 2012

Sommet de Kampala au sujet de la RDC : de qui se moque-t-on ?

À l’issue du sommet des pays de la région des Grands Lacs qui s’est tenu le 24 novembre à Kampala, les chefs d’État concernés ont demandé aux éléments du M23 de quitter la ville de Goma dans les 48 heures et ont prié leur homologue congolais, Joseph Kabila, d’écouter les revendications des agresseurs. Mais ces derniers exigent un dialogue, avant d’envisager leur retrait de la capitale de la province du Nord-Kivu.
Le chef de la diplomatie congolaise, Raymond Tshibanda, a estimé que les négociations porteraient sur la mise en œuvre de l’accord du 23 mars 2009[1], après le retrait du M23 de Goma. Mais le président du M23, Jean-Marie Runiga, a affirmé que le retrait de Goma devrait être le résultat des négociations relatives à un dialogue inclusif avec la société civile congolaise, l’opposition et la diaspora sur tous les sujets qui touchent à la vie publique[2].

La déclaration finale du sommet de Kampala

Le texte appelle Kinshasa à négocier avec le mouvement du M23. Ces négociations doivent permettre de répondre aux revendications légitimes selon la déclaration finale de la rébellion. De son côté, le M23 doit mettre fin aux combats dans l’Est de la RDC et quitter Goma. Les chefs d’État de la région des Grands Lacs ont également appelé les rebelles à retirer leurs troupes dans un rayon de 20 kilomètres autour de la capitale provinciale du Nord-Kivu et ce dans les 48 heures. Les mesures demandées concernent aussi le déploiement à l’aéroport de Goma, d’une force composée de soldats congolais, de rebelles du M23 et d’une force neutre qui serait définie plus tard. La police de Goma doit enfin être réarmée pour pouvoir reprendre ses activités en ville. Tout cela sous la supervision des chefs d’états-majors congolais, rwandais et ougandais.

Confusion dans la dénomination et abdication de Joseph Kabila

La délégation congolaise n’a même pas osé affirmer que la RD Congo n’est pas victime d’une rébellion, mais plutôt d’une agression de ses voisins rwandais, burundais et ougandais. Effectivement, il n’est plus un secret pour personne, ce sont les éléments de l’armée rwandaise qui combattent sur le sol congolais. Le M23 est donc une fabrication rwando-ougandaise pour permettre l’occupation de la région du Kivu.
Si les éléments du M23 sont des rebelles congolais, ils ont violé l’article 64[3] de la Constitution. En conséquence, on doit tout simplement les faire condamner par les tribunaux congolais. S’ils ne sont pas Congolais, il s’agit bel et bien d’une agression venant de l’extérieur. Cela nécessite des poursuites judiciaires, de la part des autorités congolaises, auprès des tribunaux appropriés.
Par ailleurs, la RD Congo étant un pays souverain, l’armée congolaise doit être déployé sur l’ensemble du territoire national sans exception. Le fait de se contenter du retrait du M23 de la seule ville de Goma démontre l’abdication de Joseph Kabila.

Complicité avec les agresseurs ?

Le texte final du sommet de Kampala demande au M23 de quitter la ville de Goma, mais lui reconnaît le droit de se déployer à l’aéroport de Goma. Cet oxymoron est indéniablement très significatif. L’ambiguïté de cette clause permettra au Rwanda et à l’Ouganda d’être au courant de l’acheminement des armes en vue de la pacification de la région du Kivu.
Comment la délégation congolaise a-t-elle pu admettre que les chefs d’états-majors des pays qui soutiennent le mouvement du M23, en l’occurrence le Rwanda et l’Ouganda, puissent participer à la supervision du processus concernant la réarmement de la police de Goma ? Pourquoi la force neutre – qui pourrait bien être représentée par la Monusco, ou par une autre force armée ne comprenant aucun voisin impliqué dans l’agression de la RD Congo – est-elle absente de ce processus ? En ayant cautionné les conclusions de ce sommet, lesquelles ont mis la charrue avant les bœufs, les autorités congolaises ont innocenté les agresseurs. Pis encore, elles ont confirmé leur propre complicité dans les différentes tentatives du démembrement de la République Démocratique du Congo. Ainsi Joseph Kabila et sa délégation ont-ils accepté l’inacceptable.

Remédier au droit de regard des agresseurs

Franchement, de qui se moque-t-on ? Il est évident que le texte final du sommet de Kampala avantage les agresseurs. En effet, les parrains du M23 auront un droit de regard dans les affaires intérieures de la République Démocratique du Congo. Au vu des arguments avancés supra, on est en droit de se demander les véritables raisons ayant poussé les autorités congolaises à cautionner un accord qui non seulement est défavorable à leur pays, mais hypothèque d’ores et déjà la possibilité d’une paix durable dans la région des Grands Lacs. Il est impératif d’empêcher la mise en place de l’accord de Kampala. Le Parlement congolais doit demander en urgence, à cet effet, des explications au gouvernement de Matata Ponyo. À défaut, pour honorer le sang versé par les agresseurs, les Congolaises et les Congolais doivent se lever et mettre un terme à un complot qui vise, on en a maintenant la certitude, la balkanisation de la République Démocratique du Congo. Le patriotisme les y oblige.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

© Jolpress

À lire aussi

- Conflit en RDC: les rebelles du M23 progresseront-ils jusqu’à Kinshasa ?;
- « Des puissances occidentales cherchent la balkanisation de la RDC » ;
- Quelle perspective immédiate pour la RDC ? ;
- Pour une paix durable en RDC et dans la région des Grands Lacs ;
- Debout, Congolais !

[1] Voir également : RDC - M23 : Regard sur le fameux Accord du 23 mars 2009 entre le Gouvernement et le CNDP.
[2] C’est-à-dire la démocratie, les droits de l’homme et la gouvernance.
[3] L’article 64 de la Consitution de la RD Congo stipule : « Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force, ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution. Toute tentative de renversement du régime constitutionnel constitue une infraction imprescriptible contre la nation et l’État. Elle est punie conformément à la loi. »

Conférence de presse sur la situation en RD Congo

Le Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC), le Congrès des Démocrates pour le Progrès Social (CDPS-France), l'Alliance pour le Développement de la République (ADR-France), le Collectif des Démocrates Congolais (CDC), Union du Congo (UDC) et le Groupe des Réflexions des Congolais de France (GRCF) organisent une conférence de presse sur la situation en cours dans la région du Kivu. Ils exposeront, à cette occasion, leurs positions communes et feront des propositions en vue d’un État de droit, de la stabilité de la République Démocratique du Congo et de la pacification de la région des Grands Lacs africains.

Date et heure : 28 novembre 2012 à 9 h 00.

Lieu :
Mucha Café
227, boulevard Saint-Garmain - 75007 Paris
Métro Solférino

Contact :
Gaspard-Hubert LONSI KOKO
Tél. : 0033 612 066 872
E-mail: rdpc.rdc@gmail.com

NOTA BENE : Prière de confirmer sa présence à cet effet. Seuls les journalistes sont conviés.

vendredi 23 novembre 2012

« Des puissances occidentales cherchent la balkanisation de la RDC »

Alors que les rebelles du M23 poursuivent leur avancée sur le territoire congolais, après la prise de la ville de Goma, dans la région du Nord-Kivu, la crise guette et l’insurrection pourrait se propager rapidement dans tout le pays, car les rebelles ont le champ libre, aucune force ne s’oppose à eux. Gaspard-Hubert Lonsi Koko, essayiste et observateur des rapports Nord-Sud, donne son analyse de la situation.

Après leur première offensive, les rebelles du M23 se sont emparés de Goma, la capitale du Nord-Kivu. Derrière cette offensive, que ni les casques-bleus de l’ONU ni les forces armées congolaises n’ont empêchée, de nombreux doutes subsistent.
Qui est vraiment derrière cette attaque ? Pourquoi Joseph Kabila, à la tête de la République démocratique du Congo, est resté inactif ? Pourquoi les Nations unies semblent également se taire devant le risque de balkanisation de la RDC ?

Gaspard-Hubert Lonsi Koko, essayiste et observateur des rapports Nord-Sud, également contributeur pour JOL Press, répond à ces questions, donne son analyse de la situation [lire la suite].

Propos recueillis par Syblille de Larocque

© Jolpress

jeudi 22 novembre 2012

La résolution 1533 (2004) concernant la RD Congo

Lettre datée du 12 novembre 2012, adressée au Président du Conseil de sécurité par le Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1533 (2004) concernant la République démocratique du Congo 
 Au nom du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1533 (2004) concernant la République démocratique du Congo et en application du paragraphe 4 de la résolution 2021 (2011) du Conseil de sécurité, j’ai l’honneur de vous faire tenir ci-joint le rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo (voir annexe).

Je vous serais reconnaissant de bien vouloir porter à l’attention des membres du Conseil de sécurité le texte de la présente lettre et de son annexe et de le faire publier comme document du Conseil.

(Signé) Agshin  Mehdjiyev

mardi 20 novembre 2012

Debout, Congolais !

Les affrontements entre les rebelles du M23[1] et les FARDC[2] aux environs de Goma hypothèquent encore plus la paix dans la région des Grands Lacs. Elles confirment la volonté de quelques puissances extracontinentales, lesquelles s’appuient sur le Rwanda et l’Ouganda, de balkaniser la République Démocratique du Congo. Malgré les mises en garde des Nations unies, l’entrée du M23 dans la ville de Goma, pourtant gardée par la monusco[3], confirme la complicité de la communauté internationale dans la balkanisation de la République Démocratique du Congo. De toute évidence, le peuple congolais est le dindon d’une farce tragique qui est en train de se jouer cyniquement en Afrique centrale et dans la région des Grands Lacs.

Les vraies causes des affrontements

La région composée des provinces des Nord et Sud-Kivu est le théâtre de conflits permanents depuis une vingtaine d’années à cause des richesses en ressources minières (or, coltan, cassitérite) et agricoles tant convoitées par les pays frontaliers – notamment l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi – et quelques entreprises étrangères (surtout occidentales). Le pillage des matières premières et les aspects fonciers constituent donc les motifs de cette guerre que l’on impose injustement au peuple congolais. Ainsi est-il incompréhensible que, pour des raisons purement matérialistes, la communauté internationale ferme les yeux sur les crimes de guerre, les crimes contre l’Humanité et le génocide qui se déroulent en toute impunité dans la région du Kivu.

L’ambiguïté des Nations unies et de la communauté internationale

Selon les Nations Unies et d’autres organisations internationales, le Rwanda et l’Ouganda sont les voix d’approvisionnement de la rébellion du M23 – ces deux pays étant les parrains de toutes les rébellions survenues en République Démocratique du Congo depuis 1997. Au vue de ces accusations, comment un pays agresseur, en l’occurrence le Rwanda, a-t-il été admis, ne serait-ce qu’à titre temporaire, au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies ? Comment peut-on admettre qu’un président, en l’occurrence l’ougandais Yoweri Kaguta Museveni, puisse-t-il servir de médiateur d’un conflit dans lequel son pays est directement mis en cause ?

Comment la monusco peut-elle rester neutre devant les violences sexuelles, les crimes de guerre et crimes contre l’Humanité incessamment commis dans la région du Kivu ? Pense-t-elle rétablir la paix seulement en s’interposant entre les forces loyalistes et les rebelles, matérialisant de facto la balkanisation du Congo-Kinshasa ? Faut-il davantage des personnes déplacées dans des camps pour que la monusco justifie son maintien sur le sol congolais, en prétextant assister les populations civiles ?
Il est des moments où l’attaque doit constituer la meilleure défense. Tout comme il est incompréhensible que les Nations Unies placent l’armée nationale congolaise et les différents mouvements rebelles sur le même pied d’égalité. La sincérité voudrait que les forces onusiennes passent à l’offensive, aux côtés des FARDC, afin de neutraliser les forces négatives qui déstabilisent l’Est de la RD Congo. Le fait de rester indéfiniment neutre laisse supposer la complicité onusienne dans les massacres perpétrés contre les populations non armées.

L’incapacité de la classe politique congolaise

L’incompétence avec laquelle la classe politique congolaise gère la guerre dans l’Est ne peut qu’étonner plus d’un observateur. Le Parlement n’interpelle, en aucun cas, le gouvernement sur la dramatique situation en cours dans la partie orientale. Quand ils leur arrivent d’agir de la sorte, les parlementaires le font de façon timorée et surtout dans l’optique de négocier à la hausse leurs rémunérations. L’opposition doit-elle espérer, à tout prix, la prise des portions du territoire national par des criminels agissant en intelligence avec les ennemis, en contrepartie de la chute du gouvernement en place à Kinshasa ?
Vouloir négocier avec les mouvements rebelles composés de criminels, comme le préconisent quelques politiciens, c’est faire le jeu des agresseurs. Le patriotisme veut que l’on ne discute pas, surtout en position de faiblesse, avec ceux qui ont fait couler votre sang, violer vos femmes et vos enfants et fouler votre Constitution sous le pied. Est-ce que l’arrivée des forces armées rwandaises, burundaises et ougandaises dans les bagages de Laurent-Désiré Kabila en 1997 a-t-elle permis la stabilité de la RD Congo ? Comment peut-on avoir la mémoire courte à ce point ? En tout cas, la classe politique congolaise, toutes tendances confondues, a démontré son incapacité à gérer aussi bien diplomatiquement que militairement la guerre qui hypothèque la cohésion nationale et la stabilité territoriale.

Et le peuple Congolais ?

Le peuple congolais, bien que conscient de la médiocre comédie jouée par la classe politique au regard de l’agression dont le pays est victime, se contente de se lamenter au lieu d’envisager autrement la situation. Restera-t-il à jamais le dindon de la farce ? Son sang est-il versé pour rien ? Acceptera-t-il de se faire exterminer, de se retrouver sans terre et d’errer désespérément à travers le monde ?

La République Démocratique du Congo ne trouvera le salut que dans l’implication directe de ses populations. Celles-ci devraient harmoniser ses actions internes et externes. Si aucun consensus n’est trouvé entre les différentes forces vives de la Nation congolaise – de l’intérieur comme de l’extérieur – n’est trouvé à très court terme, seul un soulèvement populaire pourra sauver l’intégrité du territoire national et la mise en place d’un gouvernement d’union nationale. Debout, Congolais !

Gaspard-Hubert Lonsi Koko
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Notes : 
[1] Allusion au 23 mars 2009, date à laquelle le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) de Laurent Nkunda, alors mouvement politico-militaire, avait signé un accord avec le gouvernement congolais pour mettre fin à la rébellion, se transformer en parti politique et faire intégrer ses troupes dans les FARDC. Le M23 dénonce le non-respect par le gouvernement dudit accord relatif au maintien de tous les officiers du CNDP dans leurs grades et l’intégration de la branche politique dans les institutions gouvernementales. Les éléments de ce mouvement armé refusent également « le brassage » : c’est-à-dire l’affectation dans d’autres unités et d’autres régions que veut leur imposer Kinshasa, ce qui les éloignerait de leur zone d’influence dans l’Est.
[2] Forces armées de la République Démocratique du Congo.
[3] Mission de l’organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RD Congo.

lundi 19 novembre 2012

RD Congo : la rébellion aux portes de Goma


RD CONGO : La rébellion M23 aux portes de la ville de Goma. Civils et militaires fuient la capitale régionale du Nord-Kivu. La monusco dépassée par les événements. Une énième crise humanitaire en vue. Où va la Rd Congo ?

Pour en parler, ce lundi 19 novembre 2012 de 13 h 30 à 14 h 00 (heure de Paris) dans le Journal des Auditeurs (JDA) d'Africa n° 1, Gaspard-Hubert Lonsi Koko, essayiste et acteur politique.

Pour écouter l'émission : http://www.africa1.com/IMG/mp3/jda_-_19_11_12_pad.mp3

mercredi 14 novembre 2012

Quelle perspective immédiate popur la RDC ?

Le Premier ministre de la République démocratique du Congo, Augustin Matata Ponyo Mapom, effectue de mercredi 14 novembre à vendredi 16 une visite d’État en France, où il rencontrera son homologue Jean-Marc Ayrault, plusieurs ministres et des opérateurs économiques, pour discuter des questions de sécurité, d’économie et de démocratie. 
  Outre le chef du gouvernement français, Monsieur Matata Ponyo Mapom devra rencontrer le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, le ministre des Finances Pierre Moscovici, la ministre déléguée à la Francophonie Yamina Benguigui et le ministre délégué au Développement Pascal Canfin.
Rappelons que, quelques jours avant le sommet de la Francophonie mi-octobre à Kinshasa, le président français François Hollande avait qualifié d« inacceptable sur le plan des droits de la démocratie et de la reconnaissance de l’opposition » la situation des droits de l’Homme et de la démocratie en République Démocratique du Congo. Cela avait valu la réplique du président congolais, Joseph Kabila, selon laquelle son pays n’était « pas du tout complexé ».

L’insécurité et la crise des institutions

Le Premier ministre congolais va « travailler avec les autorités françaises sur les questions de sécurité », notamment dans l’Est de la République Démocratique du Congo, qui est sans cesse en proie à une instabilité chronique depuis l’accession de Joseph Kabila à la présidence en 2001. Les deux guerres qu’a connu le pays ces vingt dernières années ont de facto amplifié l’instabilité et l’insécurité aussi bien à l’intérieur des frontières nationales que dans la région des Grands Lacs. L’impunité reste donc totale. L’infiltration des FARDC[1] par les éléments appartenant à quelques pays limitrophes, attirés par des terres fertiles et riches en minerais, et une diplomatie moribonde empêchent la République Démocratique du Congo de faire efficacement face aux groupes rebelles qui poussent comme des champignons dans la région du Kivu. Pis encore, la crise post-électorale n’a fait qu’aggraver la faillite de l’État et mettre en évidence la carence des institutions – lesquelles sont pourtant aux bottes de Joseph Kabila – ainsi que l’illégitimité du pouvoir kabiliste.
Joseph Kabila s’est cyniquement maintenu à la magistrature suprême, en dépit d’une élection présidentielle entachée de fraudes, dans un pays où les violations des droits des droits fondamentaux de la personne humaine sont légion, où la partie orientale ne cesse de subir les conséquences d’une guerre civile et des hégémoniques ambitions des petits voisins. Entre-temps, profitant de l’inexistence de l’État congolais, les multinationales pillent sans vergogne toutes les ressources naturelles, les exploitent en toute illégalité et s’adonnent en toute tranquillité au trafic des minerais.

Les violations des droits fondamentaux

Monsieur Matata Ponyo Mapom va par ailleurs souligner les efforts pour améliorer les questions liées à la démocratie, relatives aux droits de l’Homme et à la paix. Nul ne doute que – après la spoliation l’élection présidentielle du 28 novembre 2011 2011, couplée aux élections législatives – la garde rapprochée de Joseph Kabila s’active davantage. Ainsi la répression a-t-elle fait des milliers de victimes. Les enlèvements, les disparitions forcées et les arrestations arbitraires se sont amplifiés. Selon divers rapports d’organisations des droits de l’Homme, plusieurs opposants ont été assassinés ou sont portés disparus depuis les élections bâclées de 2011 et plusieurs milliers de personnes croupissent en prison et dans des de lieux de détentions pour des raisons politiques.

La réconciliation nationale

L’attitude du Rwanda et l’inaction de Joseph Kabila constituent, à n’en pas douter, des facteurs déterminants en vue de la balkanisation de la République Démocratique du Congo. Si rien n’est entrepris, cela ne pourra qu’aggraver la guerre. Si la fermeté de François Hollande lors du XIVe Sommet de la Francophonie[2], s’agissant de l’intangibilité des frontières du Congo-Kinshasa, a constitué une mise en garde envers les agresseurs de ce grand pays francophone, les Congolaises et les Congolais sont désormais conscients que le salut ne peut venir que de la réconciliation nationale. Mais encore faut-il éviter les erreurs du passé. Encore faut-il que cette réconciliation se fasse avec des opposants crédibles et compétents, qui n’ont jamais été impliqués, d’une manière ou d’une autre, dans la catastrophique gestion de la chose publique de 1997 à nos jours. Seuls les Congolais n’ayant pas pris les armes, ou cautionné leur usage en vue de la prise ou du partage du pouvoir, peuvent mettre à jamais un terme aux violences sexuelles, aux crimes de guerre, aux crimes contre l’Humanité et au génocide en cours en République Démocratique du Congo.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

Documentation

vendredi 9 novembre 2012

La rénovation de la vie publique française selon Lionel Jospin

Le rapport sur la rénovation et la déontologie de la vie publique a été remis vendredi 9 novembre par Lionel Jospin à François Hollande. Analyse de Gaspard-Hubert Lonsi Koko.
Le rapport sur la rénovation et la déontologie de la vie publique préconise entre autres une dose de 10 % de proportionnelle, s’agissant de l’élection des 577 députés. Si les propositions de la commission présidée par l’ancien Premier ministre Lionel Jospin sont suivies par le gouvernement, la France changerait de mode de scrutin, quant aux élections législatives. Les circonscriptions seraient donc redécoupées, il n’y en aurait plus que 520. On voterait pour deux candidats aux législatives, un dans sa circonscription et un sur la liste nationale. Toutes ces préconisations, que le gouvernement n’est pas obligée d’adopter dans leur totalité, feraient l’objet d’un projet de loi annoncé pour janvier prochain.

Manque d’audace et de clarification

Pour Hervé Gategno, cela n’a rien d’évident dans la mesure où les 57 députés en question seraient élus sur des listes nationales présentées par les partis politiques. Ainsi les candidats seraient-ils choisis en fonction de calculs internes et d’accords d’appareils. Le journaliste du Point y voit une astuce pour placer les glorieux battus des scrutins précédents – en l’occurrence une Ségolène Royal, un François Bayrou, un Jean-Luc Mélenchon, une Marine Le Pen... – et non un facteur de renouvellement ! [lire le billet]

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

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Pourquoi seulement l'huile de palme ?

Le Sénat français a adopté mercredi 7 novembre, en commission des Affaires sociales, l’amendement proposant de quadrupler la taxe sur l’huile de palme. Proposé par le socialiste Yves Daudigny, le texte veut inciter l’industrie agroalimentaire à délaisser cette substance jugée nocive pour la santé, au profit d’ingrédients plus sains.
Mais la « taxe Nutella »[1] ne fait pas l’unanimité. Effectivement, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, n’est pas « certaine que ce soit à l’occasion d’un amendement purement financier que l’on puisse engager le débat ». En tout cas, l’amendement propose une contribution additionnelle de 300 %[2] à la taxe spéciale prévue sur les huiles de palme, de palmiste et de coprah « destinées à l’alimentation humaine, en état ou après incorporation dans tous les produits »[3]. Les spécialistes rappellent que cette taxe rapporterait peu, 40 millions d’euros, pour réduire le déficit de la sécurité sociale [lire le billet].

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

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