mercredi 30 juillet 2014

L'homme du changement

Né à Kinshasa des parents Bakongo, originaires du district de la Lukaya,
Mfumu Nlasa Ngandu, fils des Vuzi di nkuwa,petit-fils des Kimuakasa et des Nsala Nkanga,
Il marche sur les traces de Simon Kimbangu et de Kasa Vubu…
Il marche sur les traces de Nzeza Nlandu et de Thomas Nkanza…
Il marche sur les traces de l’abbé Jean Loya et du père Henri Matota…
Il marche sur les traces des pères de l’indépendance du Congo-Kinshasa.

Refrain :
Il est cent pour cent Kinois. (2x)
Il est cent pour cent Madimbadier. (2x)
Un vrai fils des Bantous. (1x)

Il a passé une grande partie de sa vie d’adulte en France
Où, un soir d’un printemps ordinaire, il a poussé la porte du local du Parti Socialiste,
Rue Gramme dans le XVe arrondissement de Paris.
Tel un personnage sorti droit d’un manuel d’Histoire de France,
Connaissant par coeur les fondements du possibilisme de Paul Brousse et du guesdisme,
Il avait sans doute l’étoffe de Jean Jaurès, l’homme qui avait dominé le socialisme français.

Refrain :
Lonsi Koko, le socialiste. (4x)

Comme il refusait toute compromission, à l’instar de son mentor Jean Jaurès,
Et voulait exclure du Parti Socialiste le carriérisme et l’esprit d’exclusion,
Il a eu le courage d’agir et de se donner davantage aux grandes causes,
Notamment l’égalité de tous les socialistes,et le triomphe du mérite et de la compétence.
Il a ainsi dénoncé ce qui semblait ignominieux et injuste pour l’humanité.
Cela ne lui a valu que calomnie et diffamation, isolement et haine.

Refrain :
Lonsi Koko, l’humaniste. (4x)

Couvert de crachats, ne sachant plus comment s’orienter parmi les le socialistes français,
Il a fini par prendre du recul, sans pour autant renoncer à ses principes et convictions humanistes.
Fort heureusement, guidé par les forces de l’esprit, il n’a pas oublié d’où il est venu.
Tel l’aigle volant majestueusement à très haute altitude, avec détermination et patriotisme,
Il a fini par jeter son dévolu sur le territoire de Madimba dans le Bas-Congo,
Dans le but d’oeuvrer en vue d’un Congo économiquement viable et politiquement meilleur.

Refrain :
L’homme du changement est de retour au bercail. (2x)
Et la situation va évoluer en bien. (2x)
Le peuple congolais va bientôt retrouver sa dignité et va enfin être respecté. (1x)

lundi 21 juillet 2014

COMMUNIQUE DE PRESSE n° 20140721/00016 relatif à la révision constitutionnelle en RD Congo

Selon Richard Muyej, le ministre de l’Intérieur, le projet de loi relatif à la révision constitutionnelle qu’a proposé le Gouvernement  Matata Ponyo ne porte pas sur les matières verrouillées par le législateur même si celles-ci peuvent être révisées par la voie référendaire. Devant les bourgmestres et chefs de quartiers de la ville de Kinshasa, il a affirmé le 19 juillet 2014 son soutien aux élections au suffrage indirect des députés provinciaux, sénateurs, bourgmestres, gouverneurs et conseillers urbains, tel que proposé par la Ceni dans sa feuille de route présentée à l’Assemblée nationale le 30 janvier dernier. Aux dires du ministre de l’Intérieur, le suffrage indirect a l’avantage d’être souple et moins coûteux.

Le peuple étant le souverain primaire, le Bureau du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC) partage la position du ministre de l’Intérieur quant au recours au référendum comme l’unique possibilité de réviser les dispositifs bloqués par le législateur.

En revanche, s’il estime logique les élections au suffrage indirect des sénateurs et gouverneurs, le Bureau du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo s’oppose aux scrutins indirects concernant les députés provinciaux, bourgmestres et conseillers urbains. En effet, les élections au suffrage indirect par un corps composé majoritairement des gens nommés par la majorité présidentielle ne pourront que fausser les données. Par conséquent, elles ne refléteront pas la réalité des aspirations populaires. Par ailleurs, l’argument relatif au coût de ces élections est fallacieux dans la mesure où il est question des scrutins régionaux et locaux.

Au vu des arguments avancés supra, le Bureau du Rassemblement pour le Développement et la paix au Congo en appelle à la vigilance du peuple congolais, en particulier, et de la communauté internationale, en général.

Pour le Bureau du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo,

Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Porte-parole

Fait à Paris, le 21 juillet 2014

mardi 15 juillet 2014

L’église catholique face à la carence politique et à la laïcité en RD Congo

A l’occasion du 54ème anniversaire de la reconnaissance internationale de la République Démocratique du Congo, l’Assemblée plénière des évêques membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), réunie en session ordinaire du 23 au 27 juin 2014 à Kinshasa, a adressé un message de paix et d’espérance au peuple congolais sur le thème de la protection de la Nation. En tout cas, la prise de position de l’église catholique n’a laissé aucun observateur indifférent. Les uns l’ayant applaudie, les autres l’ayant décriée. Faut-il qualifier cet acte d’intervention citoyenne ou politique ?

Les différents messages de l’église

« La République est un patrimoine qu’on ne peut se permettre de léguer de manière quelconque aux générations futures », ont rappelé les évêques membres de la Cenco. Soulignons qu’il ne s’agit pas d’une première prise de position de l’église catholique au regard de la situation socio-économique et politique en République Démocratique du Congo. En 2009, à l’attention des fidèles catholiques et des hommes de bonne volonté, la Cenco avait adressé un message intitulé « Il est temps de nous réveiller ». Dans cette optique, en 2011, elle s’était manifestée par le truchement d’une exhortation intitulée « Année électorale : Que devons-nous faire ? ». En février 2014, le comité permanent de la Cenco a publié un communiqué de presse relatif au cycle électoral, ainsi qu’un mémorandum au président de la République sur l’état de la Nation congolaise.

La protection de la Nation

« La forme républicaine de l’Etat, le principe du suffrage universel, la forme représentative du Gouvernement, le nombre et la durée des mandats du Président de la République, l’indépendance du pouvoir judiciaire, le pluralisme politique et syndical ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle », ont souligné les évêques membres de la Cenco. Ainsi ont-ils désapprouvé « toute sorte d’initiative qui, sans modifier directement l’article 220[1], viserait à le vider de son contenu essentiel ».
Il est évident que l’église est composée de citoyens congolais, dont la spécificité réside, sous la dimension spirituelle, dans les actes au profit des valeurs morales. De ce fait, l’église catholique a joué son rôle consistant à éveiller les consciences en vue « d’un avenir meilleur de la Nation ». Par conséquent, elle compte utiliser « des moyens appropriés pour sensibiliser la population sur l’importance capitale de cet article verrouillé [article 2002, ndlr] » et défendre « les options fondamentales qui sauvegarde [la] jeune démocratie [congolaise] et la stabilité du pays ». La vraie question est de savoir comment compte-t-elle procéder, sans pour autant violer le dispositif constitutionnel relatif au caractère laïque[2] de l’Etat congolais.

Le déficit de la classe politique

Il faut reconnaître que la prise de position de l’église catholique a mis en évidence le déficit chronique ayant caractérisé, depuis des lustres, la classe politique congolaise. En effet, celle-ci a failli dans sa mission primordiale consistant à assurer la formation politique qui a sans cesse fait défaut au patriotisme congolais. Néanmoins, on doit relever un bémol dans l’attitude de l’église catholique par rapport à la partialité de l’abbé Apollinaire Malu Malu, l’actuel président de la Céni[3]. Tant qu’elle ne tirera pas les conséquences idoines, sa sincérité et sa crédibilité seront mises en cause. En tout cas, la politique ayant horreur du vide, l’église catholique ne fait que combler un déficit dû à la carence des hommes et des femmes d’Etat en mesure de définir des grandes perspectives pour un Congo meilleur et davantage éclairé.

Le peuple souverain

Dans l’absolu, le peuple étant le souverain primaire, il lui revient d’agir par tous les moyens en vue de la sauvegarde de la nature de l’Etat congolais qui est une République et non une Monarchie, de la forme de l’Etat, de la démocratie représentative fondée sur le suffrage universel et de la nature du pouvoir politique en République Démocratique du Congo. L’instauration d’un Etat de droit risque d’échouer si l’église catholique choisit de se substituer à la classe politique. En agissant de la sorte, on risque de sombrer dans un soulèvement populaire tant souhaité par le régime.
De plus, il dénoncera la mainmise de l’église dans un soulèvement n’ayant rien de populaire. Cela permettra de facto la proclamation d’un Etat d’urgence et la prolongation pour une durée indéterminée du mandat du président sortant. Pis encore, l’armée pourra faire un coup d’Etat. Or, quand on connaît les membres qui constituent la chaîne de commande des FARDC[4], il y aurait des fortes chances que, dans un tel scénario, les Congolais soient dirigés par des gens dont le seul objectif consiste à faire main basse sur la République Démocratique du Congo.
Face à la complexité de la situation en cours en République Démocratique du Congo, il faudra agir avec subtilité. Il faudra une intelligence supérieure pour que l’avenir du peuple congolais ne soit guère hypothéqué. Ainsi est-il indispensable que la classe politique puisse privilégier la chose publique au détriment de l’intérêt personnel. Il va falloir surtout que le peuple congolais puisse se responsabiliser. Il devra se prendre en charge, en imposant enfin sa volonté à la classe politique.
Gaspard-Hubert Lonsi Koko

[1] L’article 220 de la Constitution du 18 février 2006 stipule : « La forme républicaine de l’Etat, le principe du suffrage universel, la forme représentative du Gouvernement, le nombre et la durée des mandats du Président de la République, l’indépendance du pouvoir judiciaire, le pluralisme politique et syndical, ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle.
» Est formellement interdite toute révision constitutionnelle ayant pour objet ou pour effet de réduire les droits et libertés de la personne, ou de réduire les prérogatives des provinces et des entités territoriales décentralisées. »
[2] La République Démocratique du Congo est, dans ses frontières du 30 juin 1960, un Etat de droit, indépendant, souverain, uni et indivisible, social, démocratique et laïc.
[3] Commission électorale nationale indépendante.
[4] Forces armées de la République Démocratique du Congo.

jeudi 10 juillet 2014

L’église catholique au centre du jeu politique en République démocratique du Congo

En République démocratique du Congo, les évêques ont décidé d’investir l’espace politique et de mêler leurs voix au débat politique, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2016. Début Juillet, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a publié un texte de huit pages dans lequel elle en appelle au respect des articles non modifiables de la Constitution, à la tenue d’un scrutin transparent en 2016, et au départ du président Joseph Kabila à l’issue de son actuel mandat, conformément aux prescriptions de la Constitution. L’Eglise est-elle devenue en RD Congo le principal contre-pouvoir ? Quelles sont les causes, et quelles peuvent être les conséquences de cette implication massive de l’Eglise dans la vie politique du pays ?

Réponses dans ce Grand Débat du 10 juillet 2014 sur Africa n° 1…

Invités :
- Gaspard Hubert Lonsi-Koko, Acteur politique congolais. Essayiste réformiste
- Père Clément Makiobo Ma Lelo, Secrétaire exécutif de la Commission épiscopale Justice et Paix (CEJP)
- Freddy Kita, Secrétaire général du parti « Démocratie chrétienne »

Débatteur Polémiste invité : Maître Brice Nzamba, Avocat au barreau de Paris.

Pour écouter l'émission, prière de cliquer sur le lien ci-contre : http://africa1.com/IMG/mp3/le_grand_debat_-_10_07_14_-_pad.mp3

lundi 7 juillet 2014

Le point de vue de Gaspard-Hubert Lonsi Koko sur la région des Grands Lacs africains

Au moment où les relations sont de plus en plus tendues entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, Gaspard-Hubert Lonsi Koko revient sur les véritables causes qui déstabilisent la région des Grands Lacs africains. Ainsi fait-il sans complaisance, à travers une interview exclusive qu’il accorde à Œil d’Afrique, un diagnostic pertinent et préconise les solutions appropriées en vue d’une paix durable.

Œil d’Afrique : Que se passe-t-il dans la région des Grands Lacs africains, notamment dans les trois pays qui constituent l’ancienne zone d’influence de la Belgique ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : La République Démocratique du Congo avait été une colonie de la Belgique, à laquelle le Ruanda et l’Urundi avaient été attachés en 1925 comme septième province tout en ayant conservé un statut conformément au mandat de la Société des Nations de 1923. Les différends entre les Congolais, les Burundais et les Rwandais étant avant tout d’ordre foncier, il me semble que la Belgique aurait pu éviter la déstabilisation de la région des Grands Lacs si elle avait fait du Congo-Rwanda-Urundi un seul Etat. En tout cas, au regard de la crise économique qui sévit dans les pays industrialisés, une nouvelle géopolitique se décline en Afrique dont la croissance atteint facilement le taux à deux chiffres [lire la suite].

Propos recueillis par Roger Musandji

© Œil d'Afrique

samedi 5 juillet 2014

La RD Congo, victime d'un complot international ?

L’intervention des forces onusiennes en République Démocratique du Congo ne commence pas qu’en novembre 1999. L’impréparation de l’indépendance de l’ancienne colonie belge faisait redouter aux pays occidentaux le passage de ce territoire, minier et stratégique, dans la sphère d’influence soviétique. Sans attendre la proclamation de la souveraineté nationale, Dag Hammarskjöld envoya Ralph Bunche à Léopoldville comme représentant spécial.
Après la mutinerie de l’armée nationale congolaise, le déploiement des militaires belges dans le pays et la proclamation de l’indépendance du Katanga le 11 juillet 1960, Dag Hammarskjöld organisa, le 12 juillet de la même année, à la demande du président congolais Joseph Kasa Vubu et du Premier ministre Patrice Lumumba, une réunion de crise avec le Groupe des pays africains non-alignés[1]. Le 14 juillet, il eut recours, pour la première fois, à l’article 99 de la Charte des Nations Unies pour convoquer une réunion du Conseil de Sécurité sur la crise congolaise[2]. Ainsi le Conseil adopta-t-il la résolution 143 demandant à la Belgique de retirer ses troupes du Congo-Léopoldville et autorisant Dag Hammarskjöld à prendre toutes les mesures nécessaires pour fournir au gouvernement congolais l’assistance militaire dont il avait besoin[3]. A cet effet, le premier contingent de l’Opération des Nations Unies au Congo (ONUC) arriva à Léopoldville, actuellement Kinshasa, 48 heures après le vote de cette résolution.

Les différentes tentatives de sécessions

La présence des forces onusiennes ne vint nullement à bout des tensions qui menaçaient l’unité du Congo-Léopoldville. En effet, la crise s’amplifia avec la proclamation de l’indépendance du Sud-Kasaï, le 9 août 1960, et l’arrivée, le 15 août, de la coopération militaire soviétique à la demande du gouvernement congolais. L’ONUC céda à la pression des Etats-Unis en soutenant le président Joseph Kasa Vubu dans le but de contrer le soutien de l’URSS au Premier ministre déchu Patrice Lumumba. Espérant éviter l’implosion de ce géant au cœur de l'Afrique centrale, Dag Hammarskjöld mobilisa les pays non-alignés pour préserver la neutralité de l’ONUC et éviter sa paralysie. À l'automne 1960, l’URSS exigea la démission de Dag Hammarskjöld et la mise en place, pour diriger le Secrétariat des Nations Unies, d’un système de Troïka avec un membre représentant les États occidentaux, un les États non-alignés et un les États communistes. L’assassinat de Patrice Lumumba en janvier 1961 occasionna davantage les critiques du groupe des non pays-alignés contre l’action du Secrétaire général. Sous la pression de l’URSS, le Conseil de sécurité adopta, le 21 février 1961, la résolution 161 exigeant du président du Katanga sécessionniste, Moïse Antonin Kapenda Tshombe, de se séparer de ses mercenaires étrangers.

Les opérations Rumpunch et Morthor

Le 28 août 1961, l’ONUC déclencha au Katanga l’opération « Rumpunch » qui permit de neutraliser un grand nombre de mercenaires à la solde de Tshombe. Face à la violente réaction du gouvernement sécessionniste, sans l’accord du Secrétaire général, l’ONUC lança le 13 septembre 1961 l’opération « Morthor » afin de venir à bout de l’armée katangaise. Cette ultime initiative se fit au grand désespoir des États occidentaux qui étaient majoritairement favorables au maintien d’une forte autonomie du Katanga et reprochaient à Dag Hammarskjöld de ne pas les avoir prévenus avant le lancement de ladite opération. Ce fut dans ce contexte très tendu que le Secrétaire général entama un ultime voyage au Congo, convaincu que de la réussite de sa mission dépendaient son maintien à la tête de l’organisation onusienne, la survie des Nations Unies et l’avenir de la paix dans le monde.
Dans la nuit du 17 au 18 septembre 1961, l’Albertina, le DC-6 affrété pour le compte des Nations Unies par la compagnie suédoise Trans Air au bord duquel voyageait Dag Hammarskjöld, s’écrasa dans une forêt à une dizaine de kilomètres de Ndola en Rhodésie du Nord (l’actuelle Zambie). En effet, en provenance de Léopoldville, le Secrétaire général des Nations Unies se rendait le 13 septembre 1961, au lendemain du déclenchement par l’ONUC de l’opération « Morthor », à Ndola afin de rencontrer le président du Katanga indépendant, Moïse Antonin Kapenda Tshombe, à propos de la libération d’une compagnie de casques bleus retenue en otage à Jadotville (actuellement Likasi) et du désarmement complet des forces katangaises, en application de la résolution 161 du Conseil de sécurité.

L’accord de Lusaka

Avec la première guerre dite de « libération », menée à partir de la province du Kivu en septembre 1996 par ceux qui se sont qualifiés de Banyamulenge, sous la direction d’une coalition de quelques pays frontaliers, on a assisté à la fin de l’Etat zaïrois, la base armée du régime mobutiste s’étant rendue presque sans combattre. L’espoir suscité par l’installation de Laurent-Désiré Kabila au pouvoir se transforma néanmoins, en un laps de temps, en une très grande déception en l’absence d’ouverture politique et de recherche d’un consensus minimum sur l’Etat à reconstruire. Incohérence et inconsistance des politiques, concentration, ethnicisation et personnalisation du pouvoir ont fini par provoquer mécontentements et dissensions. La brouille avec les alliés des circonstances, internes et aussi externes comme le Rwanda ainsi que l’Ouganda, a conduit le 2 août 1998 à l’éclatement de la deuxième « guerre interrégionale africaine ». Celle-ci s’est enlisée, le pays étant de facto divisé, massacres et destructions ont occasionné des déplacements massifs de populations civiles.
Sous la pression de la communauté internationale, un accord de cessez-le-feu fut cependant signé in extremis en juillet et août 199 à Lusaka, en Zambie, entre six Etats[5] africains. Mais la mise en œuvre des accords de Lusaka s’est avérée d’emblée très difficile. Peu de progrès avaient été réalisés au début de 2001. Suite à l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila le 18 janvier 2001 et à l’arrivée presque imprévue au pouvoir de Joseph Kabila, une opportunité s’est enfin dégagée, eût-on cru, pour sortir la République Démocratique du Congo de la guerre et l’engager dans une voie de retour à la stabilité structurelle.
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La création de la MONUC

Le 30 novembre 1999, dans le but de maintenir, entre autres, une liaison sur le terrain avec toutes les parties concernées par l’Accord de Lusaka, le Conseil de sécurité a créé, par la résolution 1279, la Mission de l’organisation des Nations Unies en République Démocratique du Congo (MONUC). Celle-ci devait surtout garantir le respect du cessez-le-feu, le désengagement des forces en présence et le maintien d'une liaison avec toutes les parties ayant signé ledit l'Accord de cessez-le-feu. A cet effet, le Conseil de sécurité élargirait plus tard, à travers de nouvelles résolutions, le mandat de la MONUC en lui attribuant plusieurs tâches supplémentaires. Après avoir coûté plus de 10 milliards de dollars aux Nations Unies, sans pour autant parvenir à mettre un terme aux conflits armés ayant fait près de 6 millions de morts, la MONUC fut à l’origine, de 1999 à 2008, d’une cinquantaine de résolutions du Conseil de sécurité sur le situation en République Démocratique du Congo.

La mise en place de la MONUSCO

Le 1er juillet 2010, la Mission de l’organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) remplaça la MONUC, en application de la résolution 1925 du Conseil de sécurité du 28 mai 2010. Ce changement traduisit la nouvelle phase dans laquelle le pays était entré. Cette mission devait en principe utiliser tous les moyens nécessaires pour s’acquitter de son mandat, notamment en vue d’assurer la protection des civils, du personnel humanitaire et du personnel chargé de défendre les droits de l’Homme se trouvant sous la menace imminente de violences physiques. Ainsi devait-elle appuyer le gouvernement congolais dans ses efforts de stabilisation, de protection civile et de consolidation de la paix. Avec plus de 23 000 hommes, la MONUSCO représente le plus budgétivore et le plus gros contingent des Nations Unies.

Les pourparlers de Kampala

A l’issue du sommet des pays de la région des Grands Lacs qui s’est tenu le 24 novembre 2012 à Kampala, la capitale ougandaise, les chefs d’Etat concernés ont demandé aux éléments du M23 de quitter la ville de Goma. Dans cette intention, ils ont prié leur homologue congolais, Joseph Kabila, d’écouter les revendications légitimes des agresseurs. Mais ces derniers ont exigé un dialogue, avant d’envisager le retrait de la capitale de la province du Nord-Kivu.
Les spécialistes de la région des Grands Lacs africains savaient pertinemment que les pourparlers de Kampala préfiguraient le devenir de la République Démocratique du Congo. En effet, ce qui s’est déroulé dans la capitale ougandaise sous la supervision du président Yoweri Kaguta Museveni, entre les représentants du gouvernement congolais et ceux du mouvement dénommé M23, allait révéler le pot aux roses : le décrochage de la région du Kivu au profit de l’Ouganda et du Rwanda. De plus, Kinshasa avait la possibilité de reconduire les clandestins jusqu’à la frontière. Il suffisait seulement de manœuvrer avec habileté. Mais n’était pas Talleyrand qui le voulait !

L’accord-cadre d’Addis-Abeba

Lors du sommet de l’Union africaine qui s’est tenu à Addis-Abeba, en Ethiopie, quelques dirigeants de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL) ont suggéré la mise en place d’une force neutre en vue de paralyser les éléments du M 23 et des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) qui opéraient dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo. Mais, dans la journée du 11 juillet 2013, la rencontre interministérielle de la Conférence internationale de la région des Grands Lacs (CIRGL) a brillé par son incapacité à me mettre les participants d’accord sur la cessation immédiate des conflits qui déstabilisaient la région du Kivu. Pourtant, malgré quelques failles, le 24 février 2013, les dirigeants des pays des Grands Lacs, d’Afrique centrale et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) avaient signé un accord-cadre de paix, sous l’égide des Nations Unies, visant à mettre définitivement fin à deux décennies de conflit dans l’Est du Congo-Kinshasa.
Primo, cet accord-accord aurait dû suspendre la médiation qui était menée par le président rwandais entre le gouvernement congolais et les éléments du M23. De plus, la mise en place d’une brigade d’intervention, sous la direction des forces onusiennes, interviendrait en vue de la stabilisation de la région. Secundo, l’engagement relatif au renforcement de la coopération régionale n’avait pas précisa que seules les ressources transfrontalières devraient être concernées par l’intégration économique. Tertio, l’objectif de l’accord-cadre d’Addis-Abeba devait renforcer la souveraineté de la République Démocratique du Congo et non sa mise sous tutelle par le biais d’une décentralisation maîtrisée par la communauté internationale. Par ailleurs, l’absence de sanction à l’encontre des signataires a incité très récemment le Rwanda à brandir la menace consistant à retirer sa participation à cet accord-cadre.

Une fatalité congolaise ?

Faut-il conclure que les ressources naturelles dont regorge la République Démocratique du Congo et sa situation géostratégique sont-elles à l’origine du malheur du peuple congolais. Ce malheur est-il le fait d’une simple fatalité ? Peut-on soulever l’hypothèse d’un complot international contre ce pays ? En tout cas, de l’accession de ce territoire à la reconnaissance internationale à nos jours, cet immense pays a toujours suscité des rivalités de pouvoir à l’intérieur et des convoitises à l’extérieur, c’est-à-dire à l’échelle régionale et au-delà. A défaut d’un leadership national, ses attractives ressources naturelles entretiennent sans cesse des conflits. Pour conjurer la fatalité, voire le complot international, qui ne cesse d’hypothéquer l’avenir des Congolaises et des Congolais, il est impératif de faire émerger un projet de société cohérent qui devra forcément se décliner en deux phases.
D’une part, il est urgent de développer une diplomatie performante en vue de la sécurité et de la paix dans la région des Grands Lacs africains. D’autre part, il faudra initier à très court terme une sérieuse politique républicaine qui aura pour finalité la croissance économique – l’objectif étant l’amélioration des conditions de vie des populations locales, la lutte contre la pauvreté, l’évolution sociale, la cohésion nationale et le patriotisme congolais.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

© Agoravox

Notes
- Ma vision pour le Congo-Kinshasa et la région des Grands Lacs, Gaspard-Hubert Lonsi Koko, L’Harmattan, Paris 2013 ;
- Congo-Kinshasa : le degré zéro de la politique, Gaspard-Hubert Lonsi Koko, L’Harmattan, Paris 2012.


[1] Ce mouvement, né durant la Guerre froide, regroupait les États qui ne se considéraient comme alignés ni sur le bloc de l’Est, ni sur le bloc de l’Ouest.
[2] Donnant au Secrétaire général la possibilité d’attirer l’attention du Conseil de sécurité sur toute affaire qui, à son avis, pourrait mettre en danger le maintient de la paix et de la sécurité nationales.
[3] Cette résolution a été adoptée par 8 voix – la France, la République de Chine et le Royaume-Uni s’étant abstenus.
[4] Composée de l’Ouganda, du Burundi et du Rwanda.
[5] L’Angola, la République Démocratique du Congo, la Namibie, le Zimbabwe, l’Ouganda et le Rwanda.