vendredi 24 février 2012

De la spiritualité en politique ?


L'avenir de la République Démocratique du Congo relève-t-il en partie de la spiritualité ? Telle est la question que l'on est amené à se poser à la lecture des belles pages du livre que publiera prochainement Gaspard-Hubert Lonsi Koko chez L'Harmattan. En effet, cet ouvrage intitulé Congo-Kinshasa : le degré zéro de la politique est dédié en premier lieu au Dieu tout puissant et aux forces de l'esprit ; ensuite aux ascendants de l'auteur – les Nlasa Ngandu, les Vuzi di Nkuwa, les Kimuakasa et les Nsala Nkanga – et enfin à son père, sa petite sœur et son petit frère décédés.

Au fil des chapitres, à travers le territoire de Madimba dans le Bas-Congo et les autres contrées de la République Démocratique du Congo, les héros congolais – tels que Kimpa Vita, M'Siri, Simon Kimbangu, Joseph Kasa Vubu, Patrice Lumumba... – côtoient des illustres Gaulois d'obédience socialiste comme Jean Jaurès, Léon Blum et François Mitterrand. Ainsi la dimension internationale de l'auteur consolide-t-elle la vision mystique qui a toujours habité les grandes personnalités.

S'appuyant avec habilité sur l'ironie du peintre et la culture du savant, Gaspard-Hubert Lonsi Koko démontre qu'une victoire, la vraie, s'obtient à travers les batailles qui se déroulent à la frontière entre l'eau et la savane, l'invisible et le visible... Si les peuples ont des chefs qu'ils méritent, une élection doit surtout servir à leur conscientisation et non au simple bourrage d'urnes pour des intérêts personnels.

Antoine Ndontoni


© Madimba d'abord

vendredi 17 février 2012

République Démocratique du Congo, une victoire à la Pyrrhus


Après une épreuve de force entre l’opposition thisekediste et la majorité kabiliste, le président sortant, en l’occurrence Joseph Kabila, est reconnu par la plupart des partenaires de la République Démocratique du Congo et par la communauté internationale comme étant le vainqueur de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011. Entre temps, plus de 350 députés nationaux ont assisté, le jeudi dernier, à la première session extraordinaire de la nouvelle Assemblée nationale convoquée par le secrétaire général de cette institution conformément à l’article 114 de la Constitution congolaise. La participation des députés de l’opposition, parmi lesquels figuraient quelques membres de l’Union pour la Démocratique et le Progrès Social (UDPS) d’Étienne Tshisekedi, dont l’un d’eux a d’ailleurs assuré la présidence du bureau provisoire en qualité de doyen d’âge, ne fait que légitimer les résultats, pourtant contestés, dudit scrutin.

Minoritaire nationalement mais plus ou moins majoritaire au parlement

À l’issue d’une élection présidentielle à un seul tour, le président Joseph Kabila a été finalement désigné vainqueur avec 48,95 % contre 51,05 % capitalisés par les dix prétendants qui avaient clamé haut et fort leur appartenance à l’opposition. Celle-ci, faute d’une candidature unique, s’est-elle-même privée d’un succès électoral qui était à sa portée. Quant aux élections législatives, la mouvance présidentielle est parvenue à rassembler sous sa bannière, dans un pays où l’esprit de lucre prime sur la conscience politique, une majorité hétéroclite qui volerait en éclats à la première occasion. Ainsi est-on en droit de s’interroger sur la longévité du gouvernement qui sera mis en place. D’aucuns savent qu’il est très difficile de gouverner en toute sérénité lorsqu’on est minoritaire sur le plan national. La situation devient davantage kafkaïenne quand on espère s’appuyer sur une majorité qui plus est hétéroclite.
En politique, on n’est souvent trahi que par les siens. Le nouveau parlement congolais – compte tenu de sa composition, de la crise économique que traverse le pays et des tensions socio-politiques en cours – finira-t-il par devenir une sorte d’épée de Damoclès suspendu au cou du président Joseph Kabila ? Il est donc nécessaire de trouver dans l'urgence des solutions efficaces aux causes déstabilisatrices de la victoire à la Pyrrhus que constitue la réélection de Joseph Kabila à la présidence de la République Démocratique du Congo.

Un futur incertain

« Rien n’est acquis d’avance à Kinshasa », dit un dicton populaire. C’est qui est en train de se décliner pathétiquement en République Démocratique du Congo, à savoir une confusion totale due à un processus électoral bâclé, ne doit laisser indifférente aucune institution aussi bien nationale, régionale qu’internationale. En effet, ce géant au pied d’argile risque de sombrer dans une crise aux conséquences incommensurables si les acteurs congolais ne parviennent pas à privilégier l’intérêt national. Tout observateur averti est conscient du fait que ce pays oscille avec imprécision, tel un bateau ivre, entre la stabilisation et la déstabilisation, la démocratisation et le chaos, la construction et la destruction, la pacification et les violences… Il vogue, lentement mais sûrement, vers un futur incertain.

Un choix rationnel

Il est indispensable que la majorité politique, aussi imprécise soit-elle, puisse permettre la liberté d’expression et, a contrario, l’opposition ne reste pas systématiquement contre-productrice. Dans la même optique, un peu de bonne volonté de la part des pays frères et amis ne peut qu’aider la classe politique congolaise à faire un choix rationnel en vue de la recherche des voix salutaires susceptibles de contribuer à la paix, à la maîtrise de l’insécurité, ainsi qu’à l’amélioration matérielle et au rayonnement intellectuel du peuple congolais. L’objectif consistera à ce que la République Démocratique du Congo soit véritablement dirigée par des acteurs politiques capables de mettre sur pied un havre où prédominera la vraie joie de vivre.

Gaspard-Hubert Lonsi Koko


(*) Gaspard-Hubert Lonsi Koko est l’auteur de La République Démocratique du Congo, un combat pour la survie. Il publiera très prochainement chez L’Harmattan Congo-Kinshasa : le degré zéro de la politique.

samedi 11 février 2012

La Banque mondiale sanctionne Kinshasa

Après la réélection contestée de Joseph Kabila en République démocratique du Congo (RDC), les premières sanctions tombent sur les autorités congolaises... et elles sont financières. La Banque mondiale, qui estime que les "contrôles démocratiques sont insuffisants "en RDC a décidé de ne plus contribuer au budget général du pays.
 

Robert Zoellick, le président de la Banque mondiale s'est montré très sceptique sur les "contrôles démocratiques", ainsi que sur le manque de "contre-pouvoirs" en RDC dans une conférence diffusé sur internet. Il a donc décidé de stopper la contribution de la Banque mondiale au budget général du Congo, tout en précisant que les programmes sur la nutrition, l'éducation, le Sida ou le paludisme continueraient à être soutenus.



Robert Zoellick a qualifié la RDC de "zone grise", à l'image de l'Afghanistan ou de Haïti. Cette décision intervient après des élections présidentielle et législatives particulièrement chaotiques et entachées de nombreuses irrégularités. L'Union européenne et les Etats-unis avaient notamment relevé le manque de transparence et de crédibilité du scrutin. La Banque mondiale est le premier organisme international a infliger ainsi une sanction financière à la République démocratique du Congo. D'autres vont-ils suivre ?


Christophe RIGAUD


© Afrikarabia