Après
une épreuve de force entre l’opposition thisekediste et la
majorité kabiliste, le président sortant, en l’occurrence Joseph
Kabila, est reconnu par la plupart des partenaires de la République
Démocratique du Congo et par la communauté internationale comme
étant le vainqueur de l’élection présidentielle du 28 novembre
2011. Entre temps, plus de 350 députés nationaux ont assisté, le
jeudi dernier, à la première session extraordinaire de la nouvelle
Assemblée nationale convoquée par le secrétaire général de cette
institution conformément à l’article 114 de la Constitution
congolaise. La participation des députés de l’opposition, parmi
lesquels figuraient quelques membres de l’Union pour la
Démocratique et le Progrès Social (UDPS) d’Étienne Tshisekedi,
dont l’un d’eux a d’ailleurs assuré la présidence du bureau
provisoire en qualité de doyen d’âge, ne fait que légitimer les
résultats, pourtant contestés, dudit scrutin.
Minoritaire
nationalement mais plus ou moins majoritaire au parlement
À
l’issue d’une élection présidentielle à un seul tour, le
président Joseph Kabila a été finalement désigné vainqueur avec
48,95 % contre 51,05 % capitalisés par les dix prétendants qui
avaient clamé haut et fort leur appartenance à l’opposition.
Celle-ci, faute d’une candidature unique, s’est-elle-même privée
d’un succès électoral qui était à sa portée. Quant aux
élections législatives, la mouvance présidentielle est parvenue à
rassembler sous sa bannière, dans un pays où l’esprit de lucre
prime sur la conscience politique, une majorité hétéroclite qui volerait en éclats à la première occasion. Ainsi est-on en
droit de s’interroger sur la longévité du gouvernement qui sera
mis en place. D’aucuns savent qu’il est très difficile de
gouverner en toute sérénité lorsqu’on est minoritaire sur le
plan national. La situation devient davantage kafkaïenne quand on
espère s’appuyer sur une majorité qui plus est hétéroclite.
En
politique, on n’est souvent trahi que par les siens. Le nouveau
parlement congolais – compte tenu de sa composition, de la crise
économique que traverse le pays et des tensions socio-politiques en
cours – finira-t-il par devenir une sorte d’épée de Damoclès
suspendu au cou du président Joseph Kabila ? Il est donc nécessaire
de trouver dans l'urgence des solutions efficaces aux causes
déstabilisatrices de la victoire à la Pyrrhus que constitue la
réélection de Joseph Kabila à la présidence de la République
Démocratique du Congo.
Un
futur incertain
« Rien
n’est acquis d’avance à Kinshasa », dit un dicton
populaire. C’est qui est en train de se décliner pathétiquement
en République Démocratique du Congo, à savoir une confusion totale
due à un processus électoral bâclé, ne doit laisser indifférente
aucune institution aussi bien nationale, régionale
qu’internationale. En effet, ce géant au pied d’argile risque de
sombrer dans une crise aux conséquences incommensurables si les
acteurs congolais ne parviennent pas à privilégier l’intérêt
national. Tout observateur averti est conscient du fait que ce pays
oscille avec imprécision, tel un bateau ivre, entre la stabilisation
et la déstabilisation, la démocratisation et le chaos, la
construction et la destruction, la pacification et les violences…
Il vogue, lentement mais sûrement, vers un futur incertain.
Un
choix rationnel
Il est
indispensable que la majorité politique, aussi imprécise soit-elle,
puisse permettre la liberté d’expression et, a contrario,
l’opposition ne reste pas systématiquement contre-productrice.
Dans la même optique, un peu de bonne volonté de la part des pays
frères et amis ne peut qu’aider la classe politique congolaise à
faire un choix rationnel en vue de la recherche des voix salutaires
susceptibles de contribuer à la paix, à la maîtrise de
l’insécurité, ainsi qu’à l’amélioration matérielle et au
rayonnement intellectuel du peuple congolais. L’objectif consistera
à ce que la République Démocratique du Congo soit véritablement
dirigée par des acteurs politiques capables de mettre sur pied un
havre où prédominera la vraie joie de vivre.
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
(*) Gaspard-Hubert Lonsi Koko est l’auteur
de La République Démocratique du Congo, un combat pour la survie. Il publiera très prochainement chez L’Harmattan
Congo-Kinshasa : le degré zéro de la politique.
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