mardi 31 juillet 2012

Est de la RD Congo : Paul Kagamé dans l'œil du cyclone

Le Département d’État a récemment annoncé la suspension de son aide militaire[1] au Rwanda, en réaction à un rapport onusien sur la situation en cours dans la région des Grands Lacs africains. En effet, selon les experts des Nations Unies, le président Paul Kagamé soutient la rébellion dans la partie orientale de République Démocratique du Congo, en lui fournissant « des armes, du ravitaillement militaire et de nouvelles recrues ».


En ayant pris la décision de geler l’aide militaire au Rwanda, certains analystes estiment que les États-Unis ont mis fin à l’idylle, qui avait débuté il y a une quinzaine d’années, avec le président rwandais. Ainsi le soutien au groupe rebelle dénommé Mouvement du 23 mars (M23) a-t-il poussé Washington à appeler, par le truchement de la porte-parole de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, à « la fin des violences dans l’Est de la République Démocratique du Congo » et à ce que « cesse tout appui extérieur » aux insurgés congolais [lire la suite].


Gaspard-Hubert Lonsi Koko


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vendredi 27 juillet 2012

Françafrique : François Hollande et les partisans du statu quo


Depuis son investiture à la présidence de la République française, le 15 mai 2012, François Hollande a déjà reçu six de ses homologues africains et s'est entretenu au téléphone avec plusieurs autres. Gaspard-Hubert Lonski Koko se demande si le Président socialiste se différenciera de ses prédécesseurs, quant à sa politique africaine.

Depuis son investiture à la présidence de la République française, le 15 mai 2012, François Hollande a déjà reçu six de ses homologues africains. La réception du président en exercice de l’Union africaine, le Béninois Thomas Boni Yayi, a été suivie par celles du NigérienMahamadou Issoufou, du Guinéen Alpha Condé, du Gabonais Ali Bongo Odimba, du Sénégalais Macky Sall et de l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara. Il fallait rassurer ceux qui n’ont pas encore eu le temps de faire le pèlerinage de Paris. Ainsi François Hollande s’est-il entretenu au téléphone avec le Tchadien Idriss Déby Itno et le Burkinabé Blaise Compaoré. Le Premier ministre malgache a fait, dans la même optique, un détour en France où il a rencontré le ministre délégué au Développement, Pascal Canfin [lire la suite].
Gaspard-Hubert Lonsi Koko

jeudi 19 juillet 2012

François Hollande devra-t-il boycotter le XIVe Sommet de la Francophonie à Kinshasa ?


Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo, accueillera du 12 au 14 octobre 2012 le XIVe Sommet de la Francophonie. Les Chefs d’État et de gouvernement de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) se réuniront autour du thème relatif à la Francophonie, aux enjeux environnementaux et économiques face à la gouvernance mondiale.
Cette problématique a été retenue à l’occasion de la vingt-septième session de laConférence ministérielle de la francophonie (CMF) – sous la présidence de la Présidente de la Présidente de la Confédération suisse et cheffe du Département fédéral des Affaires étrangères,Micheline Calmy-Rey – qui s’était tenu à Paris du 1er au 2 décembre 2011 [lire la suite].
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
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mercredi 18 juillet 2012

Incohérence sur la situation en RDC : la charrue avant les bœufs


Lors du 19ème sommet de l’Union africaine qui s’est tenu récemment en Éthiopie, quelques dirigeants ont suggéré la mise en place d’une force neutre en vue de neutraliser les éléments du M23 et des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) qui sévissent dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo.

Mais cette décision a révélé le manque de volonté et de crédibilité des autorités africaines dans la résolution des problèmes dont souffre le continent. En effet, à l’instar de leurs homologues de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDAO) qui peinent à trouver la solution adéquate pour rétablir l’unité du Mali, les représentants de la Conférence internationale sur la région des grands lacs (CIRGL) ont confirmé, à l’issue de la rencontre du 11 juillet à Addis-Abeba, leur incapacité à décliner des mesures d’urgence s’agissant du conflit dont les dégâts collatéraux hypothèquent l’entente cordiale à travers l’Afrique orientale [lire la suite].
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
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lundi 16 juillet 2012

La République Démocratique du Congo : un géant aux pieds d'argile


Dotée de ressources énormes et qualifiée de scandale géologique, à cheval sur l’équateur et s’étendant sur deux fuseaux horaires, la République Démocratique du Congo est un géant situé au cœur du continent africain et sert de trait d’union entre l’Afrique de l’Est, l’Afrique australe ainsi que quelques pays d’Afrique centrale. Ce pays, qui plus est une incontournable puissance économique aussi bien dans la sous-région qu’à l’échelle continentale, occupe de facto une situation géostratégique non négligeable. Malheureusement, même avec ses potentiels énormes, il reste de nos jours un géant aux pieds d’argile, une puissance virtuelle qui ne cesse de se chercher et qui peine à décoller. Cela est dû non seulement à l’incapacité de ses dirigeants et de son élite à impulser une nouvelle dynamique, mais aussi à l’insécurité qui y règne.

Une instabilité chronique

Depuis l’accession de la République Démocratique du Congo à l’indépendance, le 30 juin 1960, le contexte politique local est sans cesse caractérisé par l’instabilité chronique, la faiblesse de ses institutions étatiques ainsi que de sa culture politique, et l’ingérence extérieure. Dévastée par les conséquences de la « première guerre internationale africaine» survenue en août 1998, et de longues années de crise, ce pays est confronté à plusieurs défis internes et externes : la restauration de l’intégrité territoriale, l’affirmation de la souveraineté politique, la réunification administrative, la consolidation de la cohésion nationale, la mise en place d’un appareil d’État performant et transparent, la consolidation des structures étatiques représentatives, la reconstruction des infrastructures, la démobilisation et la réinsertion sociale des groupes armés, la réforme de l’armée nationale, la gestion durable et responsable des ressources naturelles, et la poursuite de l’amélioration du niveau de développement humain de l’ensemble de la population congolaise [lire la suite].

vendredi 13 juillet 2012

La synergie franco-européenne face à la crise


La grande conférence sociale lancée par le président de la République française permettra au gouvernement et aux partenaires sociaux de se pencher sur quelques sujets épineux comme la protection sociale, l’emploi et les salaires.


Photo : Présidence de la République - Christelle Alix
Il est en effet nécessaire d’initier le dialogue social, tout en gouvernant avec rigueur, sans compromettre les fondamentaux de la gauche. « L’authenticité ne s’invente pas, elle se prouve à l’usage ». Ainsi François Mitterrand avait-il fort bien résumé cet impératif.

La consolidation du courant circulaire

Pour Keynes, l’industrie et l’activité économique remplissent une double fonction. D’une part, elles fournissent au public des produits ayant une valeur d’usage. D’autre part, elles distribuent des salaires aux familles en échange du travail des personnels ouvriers, employés et techniciens. En dépensant cet argent, les familles créent un courant circulaire, l’argent passant ainsi du producteur au consommateur, puis en boucle fermée dans le sens contraire du flux. Tant que les industriels pourront vendre tous leurs produits avec un profit raisonnable, ce processus se poursuivra de façon ininterrompue. Mais si les fuites excèdent les injections, a rappelé Ravi Batra, la demande sera inférieure à l’offre et certaines marchandises resteront invendues. L’entreprise se verra alors contrainte de réduire sa production et, par voie de conséquence, sa main-d’œuvre. En effet, pour que l’emploi augmente, les injections doivent être supérieures aux fuites. Or, celles-ci ne cessent d’empêcher la « recirculation » des revenus et tendent à maintenir la démarche à un niveau inférieur à la production. C’est grâce à une politique monétaire et fiscale appropriée, peut-on déduire, que l’intervention du gouvernement combattra efficacement le chômage [lire la suite].
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jeudi 12 juillet 2012

A propos de la participation de François Hollande au 14ème sommet de la Francophonie à Kinshasa


Yamina Benguigui : « Le président Hollande n’a pas encore décidé. »


A en croire Yamina Benguigui, ministre déléguée en charge de la Francophonie, François Hollande n’est pas encore décidé de participer au 14ème sommet de la Francophonie qui se tiendra à Kinshasa (République Démocratique du Congo) du 12 au 1’ octobre 2012. C’est ce qui ressort de l’audience que le président français a accordée lundi 9 juillet au palais de l’Elysée à Abdou  Diouf, Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

La participation ou non du président français, François Hollande, au 14ème sommet de la Francophonie, prévu du 12 au 14 octobre prochain à Kinshasa continue de faire des vagues. Ira ou n’ira pas ?
C’est le but essentiel de l’entretien qu’il a eu lundi 9 juillet avec le Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf, entrevue à laquelle a assisté la ministre déléguée chargée de la Francophonie, Yamina Benguigui, également représentante personnelle du président français auprès de cette institution.
L’ancien président socialiste sénégalais, a-t-il réussi à convaincre le président français à faire le voyage de Kinshasa ? Rien n’est moins sûr.
« Les autorités de la République Démocratique du Congo (RDC) doivent démontrer leur réelle volonté de promouvoir la démocratie et l’Etat de droit », a affirmé l’Elysée dans un communiqué de presse diffusé à l’issue de cet entretien.
Sollicitée par les médias -à la sortie de l’Elysée-, dont le Magazine congolais en Europe, « Ngambo na Ngambo », Yamina Benguigui a répondu aux questions des journalistes.  
« Le président Hollande n’a pas encore décidé », a-t-elle affirmée.  « On a eu un bon entretien avec le président Abdou Diouf », a-t-elle ajouté, précisant qu’elle même allait se rendre à Kinshasa du 25 au 28 juillet.
Selon l’AFP, « tout est en bonne voie », a assuré la ministre à la presse dans la cour de l’Elysée.
Le Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, Abdou Diouf, ne s’est pas exprimé auprès des médias !
Une quarantaine de chefs d’Etat devraient participer à ce sommet, mais le déroulé des dernières élections-présidentielle et législatives-, du 28 novembre 2011, ayant suscité de nombreuses critiques, beaucoup d’entre eux hésitent à se rendre à Kinshasa.

UNE GAGEURE

La République Démocratique du Congo est actuellement  le pays francophone le plus peuplé, devant la France. Selon l’OIF, il y’aurait 78% de la population sachant lire et écrire le français. Ce nombre atteint les 87% si l’on prend juste ceux qui savent le parler.
Malgré la position de Congo-Kinshasa sur l’échiquier francophone, l’organisation d’un sommet  dans ce pays pose toujours problème. Une gageure.
En 1990, sous le régime du Maréchal Mobutu, le sommet de la Francophonie programmé à Kinshasa avait été annulé à cause des incidents du campus de Lubumbashi où l’on avait enregistré la mort d’un étudiant.
Cette année, le président fraîchement élu de la République française, François Hollande, semble hésiter à se rendre à Kinshasa en octobre pour  le sommet de la Francophonie.
« En se rendant à Kinshasa, François Hollande enverrait un message plus que trouble aux pays d’Afrique où la démocratisation est encore une lutte quotidienne que l’on paie au prix du sang », affirment les opposants du régime en place à Kinshasa.  
La République Démocratique du Congo serait-elle poursuivie par un signe indien ? Et si François Hollande se rendait à Kinshasa –profitant de l’opportunité qui lui est offerte- pour prononcer un discours fondateur qui redéfinirait la nouvelle vision de la France en matière de démocratie et l’Etat de droit en Afrique ?
Selon l’Elysée, cette hypothèse n’est pas à exclure. A suivre.

Robert Kongo, correspondant en France  du quotidien « Le Potentiel »

mardi 3 juillet 2012

Cinq questions à Gaspard-Hubert Lonsi Koko


1. L’implication du Rwanda dans la guerre du Kivu ne fait plus de doute possible. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Cela montre tout simplement que certains voisins ne nous aiment pas. L’envie les pousse à convoiter nos richesses et nos terres, à désirer nos femmes, à nous haïr au point de planifier les viols, les massacres et le dépeuplement de quelques contrées de la région du Kivu dans le but de s’y installer définitivement. Comment Paul Kagamé peut-il réfuter tout soutien aux mutins du M23, dès lors que le gouvernement rwandais refuse d’extrader vers Kinshasa un criminel comme Laurent Nkunda et ne prenne aucune initiative favorable au dialogue inter-rwandais ? Nous devons agir, par tous les moyens, pour que les FDLR et leurs descendants ne servent plus de prétexte aux différentes tentatives de déstabilisation de la RD Congo. Nous sommes contraints de bâtir une armée citoyenne davantage aguerrie, condition sine qua non pour l’unité nationale.

2. Ni la Monusco, ni les FARDC, aucune force n’arrive à mettre la main sur Bosco Ntaganda et Sultani Makenga, les chefs du mouvement rebelle M23, et Laurent Nkunda se réfugierait paisiblement à Kigali. N’est-ce pas étonnant ?
La communauté internationale ne cesse de demander l’arrestation du chef de l’État soudanais Omar el-Bechir. Après avoir obtenu l’extradition d’anciens présidents de la République comme Charles Taylor et Laurent Gbagbo, elle se tait quant à la liberté dont jouirait le criminel Laurent Nkunda au Rwanda. Elle ferme les yeux sur les exactions qui sont sans arrêt commises dans le Kivu. On constate de facto une certaine tolérance de la part de quelques acteurs locaux et internationaux, voire une complicité entre eux, s’agissant du drame qui frappe les populations congolaises. Comment peut-on expliquer la suspension des opérations militaires contre les mutins, laquelle leur a permis de regagner un bon nombre de positions ayant été évacuées après l’offensive des FARDC ? Au lieu de les désarmer, on les a plutôt armés. Il est toutefois impensable que le plus gros contingent des Nations unies ne puisse pas remplir la mission qui lui a été assignée, c’est-à-dire la protection des populations civiles et l’instauration d’une paix durable. Ainsi, est-il inhumain de rester insensible à l’insécurité qui règne dans la partie orientale de la RD Congo et à la crise humanitaire qui s’y déroule.

3. Comment expliquez-vous la passivité, réelle ou présumée, de la communauté internationale sur ce dossier ?
La crise économique qui sévit en Occident pourra trouver une partie de la solution, hypothèse à ne pas exclure, dans l’affaiblissement des peuples africains. L’instabilité de l’Afrique permettra d’avoir la mainmise sur les richesses locales et de s’adonner à leur exploitation à moindre frais. La partition du Soudan, l’occupation en cours du Mali, la fragilisation de la Libye, l’ingérence dans les affaires intérieures en Côte d’Ivoire pour évincer Laurent Gbagbo du pouvoir, la paralysie de l’exécutif de l’Union africaine constituent autant des preuves tangibles d’une volonté manifeste de redéfinir les frontières héritées de la colonisation.

4. «Kabila-Kagame : nœud du problème», affirme une certaine presse. Partagez-vous cet avis ?
Le silence absolu qu’a adopté le président Kabila, depuis la reprise de cette mutinerie, et la non interpellation du gouvernement par le Parlement ne plaident pas en faveur d’une réelle volonté de stabiliser la situation dans l’Est du pays. Faut-il conclure que celui qui ne dit mot consent ? Kinshasa savait que la tentative d’arrestation de Bosco Ntaganda et le projet de réforme visant l’affaiblissement des chaînes de commandement parallèle allaient mettre un terme au traitement préférentiel dont bénéficient les officiers issus du CNDP. Comment se fait-il que les précautions n’ont pas été prises ? On réalise l’impuissance des autorités congolaises à mettre à exécution la menace contre les hors-la-loi à la solde de Paul Kagamé, qui sèment impunément la mort et la désolation. Soulignons que le président rwandais n’est pas un foudre de guerre. Il se contente de tirer profit de l’amateurisme et de l’incapacité d’une classe politique congolaise non encline à la défense des intérêts nationaux.

5. D’aucuns soutiennent que la balkanisation du Congo est en marche. Quel est votre sentiment ?
L’inertie, la tergiversation et le silence de la communauté internationale par rapport aux violations des droits fondamentaux et au génocide congolais confortent, de toute évidence, la thèse d’un complot en vue de l’extermination des populations congolaises ainsi que de la balkanisation du Congo-Kinshasa. Rappelons néanmoins que chez les Bantous le foncier relève du domaine familial. Le fait de vouloir s’approprier les terres congolaises par les armes et l’humiliation risque de susciter le courroux des esprits. Les forces telluriques qui ont toujours existé, et qui ne cesseront d’interférer sur le cours de l’histoire, veillent aux intérêts des occupants légitimes. Elles agiront, dans un avenir très proche, au profit des fils et des filles du Congo. Encore faut-il que les Congolaises et les Congolais, de l’intérieur comme de l’extérieur, de la majorité comme de l’opposition, des quatre coins du pays, oublient leurs divergences afin de faire bloc contre les ennemis de la Nation.

Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France

(*) Porte-parole du Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC)

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