mardi 26 mars 2013

Dialogue national : La diaspora oubliée ?

Le groupe "Diaspora Congolaise Favorable au Dialogue"
Près de deux mois après que le président de l’Assemblée nationale et Secrétaire général de la Majorité Présidentielle, Aubin Minaku, ait débuté des consultations en prévision du dialogue national annoncé par le président de la République, en vue de réaliser la cohésion nationale pour faire face à la guerre de l’Est qui menace sérieusement l’intégrité territoriale, la diaspora congolaise n’a pas encore été conviée à ce rendez-vous.  Le contraire reste à prouver . Illustration de la méfiance du pouvoir à l’égard de la diaspora ? Dans un tel contexte, la question se pose.  
Depuis la mi-février,  le président de l’Assemblée nationale , Aubin Minaku,  a déjà invité un échantillon quasi représentatif de la population congolaise. Des partis politiques de la majorité et ceux de l’opposition -certains ont décliné l’invitation- des députées nationaux, des ministres, des mandataires d’entreprises, des organisations de la société civile… Voire, il a rendu visite au cardinal Laurent Monsengwo à son bureau au centre « Lindonge ». Les deux hommes auraient évoqué des pistes de solutions qui permettraient de répondre aux exigences de paix, de stabilité, d’unité auxquelles aspire le peuple congolais. Quid de la diaspora ?  
Officiellement, les autorités font tout pour permettre aux Congolais de  l’étranger de jouer un rôle de premier ordre dans la reconstruction du pays. Et leur participation  aux assises du dialogue national est vivement souhaitée. Mais dans les faits, la situation est différente.
L’attitude du président de l’Assemblée nationale à l’égard de la diaspora congolaise  ne traduit-elle pas  une méfiance du pouvoir envers cette composante de la société congolaise ? En tout cas, de nombreux observateurs avisés de la politique congolaise soutiennent cette hypothèse qui leur semble fort vraisemblable.  
A Kinshasa, ce qui est plausible, on se méfie des Congolais de l’étranger. On veut bien les laisser faire du « business » mais ils ne doivent surtout pas se mêler de la politique . Ils sont considérés comme peu contrôlables et leur implication dans la vie politique risquerait de mettre en évidence l’incompétence de certains dirigeants en poste.
« Ces Congolais feraient mieux de rester là-bas que de venir marcher sur nos plates-bandes », doivent-ils susurrer !

UNE DIASPORA TRES ACTIVE

Les statistiques montrent que la RDC compte plusieurs milliers de ses filles et fils qui vivent hors du territoire national, en Afrique comme ailleurs. Il ne faut pas sous-estimer l’importance de ces communautés congolaises installées un peu partout dans le monde. Aujourd’hui, c’est l’une des plus importantes diasporas au monde.
Au-delà de leur nombre, les Congolais de l’étranger possèdent une autre légitimité : parmi eux, on trouve un grand nombre d’intellectuels. Ils ont fait leurs preuves dans beaucoup de domaines. Et leur apport pour le pays, en crise, ne peut être que bénéfique.
Dans la lutte contre la balkanisation du Congo et contre les violations des droits humains, notamment les violences faites aux femmes, la diaspora occupe le devant de l’actualité et de la scène.
Il n’est pas prétentieux de dire que  grâce en partie aux nombreuses actions menées par les Congolais de l’étranger -depuis plusieurs années-  certains ennemis de la nation ont reculé ou retardent leur projet macabre visant à la balkanisation de la RDC.
Et force est de reconnaître que si le cri de détresse et d’amertume des compatriotes  de l’Est  - qui subissent les affres de la guerre- trouve d’écho sur le plan international, le relais est inévitablement cette diaspora congolaise mobilisée autour des associations et collectifs , des cercles de réflexion, des réseaux sociaux, des médias en ligne et autres mouvements de contestation politique en exil.

REUSSIR ENSEMBLE LE CONGO D’AVENIR

Aujourd’hui, des voix s’élèvent de partout, en Afrique, en Europe, aux Etats-Unis pour exprimer une certaine indignation et des craintes devant cet oubli de la part du président de l’Assemblée nationale qui feint d’ignorer l’existence d’une aussi importante  composante de la société congolaise.
Une chose est claire : si la diaspora revendique sa participation au dialogue national, c’est parce qu’elle veut apporter sa pierre à l’édifice du Congo en reconstruction. La situation que traverse la RDC, aujourd’hui,  ne peut laisser personne indifférente et ne peut s’éterniser.  
Les organisations des Congolais de l’étranger sont fiers que certaines de leurs suggestions débattues au cours des séminaires, colloques et conférences sur la situation économique, politique, sociale  et sécuritaire au Congo aient souvent été les bienvenues auprès des politiques Congolais - de la majorité présidentielle et de l’opposition - , qui au travers de leurs nombreuses déclarations, reprennent leurs idées et s’en approprient parfois le mérite.
D’ailleurs, il n’y a rien  d’anormal que la diaspora leur serve de Think Tank (un laboratoire d’idées) en vue de produire et diffuser des solutions politiques innovantes.
Ils partagent donc tout naturellement la même vision de ce que devrait être le Congo du futur !
Il est dès lors naturel qu’ils s’accordent sur une stratégie et synchronisent leurs actions respectives vers des objectifs communs. Dans l’intérêt de la RDC et du peuple congolais.
Au vu de l’implication  de la diaspora dans la vie nationale, rien ne peut justifier que celle-ci soit ainsi négligée dans le processus de préparation du dialogue national engagé par Aubin Minaku.
Il est donc capital que toutes les composantes de la sociétés congolaise soient consultées. Cette attitude  créerait  une atmosphère de quiétude et de sérénité entre compatriotes en vue de la réussite d’un véritable dialogue national inclusif et républicain. La réussite du Congo d’avenir en dépend.
                                                     
Robert Kongo , correspondant en France 

© Le Potentiel

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