mardi 5 novembre 2013

Cinq questions à Gaspard-Hubert Lonsi Koko

1.Comment réagissez-vous au succès de la contre-offensive des FARDC dans les territoires occupés du Nord-Kivu, en vue d’y rétablir une paix durable ?
Au-delà de toute considération politique, tout Congolais doit applaudir les différentes victoires des FARDC sur les criminels du M23. Au nom du Bureau de coordination de la DCFD, je félicite nos vaillants soldats qui n’ont cessé de croire, dans les moments difficiles et dans l’humiliation, en leur mission consistant à défendre le territoire national. Mes collaborateurs et moi-même, nous leur rendons solennellement un vibrant hommage. De toute évidence, en bon patriote, je ne peux que me réjouir de la débandade des poulains du Rwanda et de l’Ouganda. Je souhaite vivement que les FARDC viennent très vite à bout des autres forces négatives, parmi lesquelles figurent les éléments du FDLR. J’ose également espérer que le gouvernement central assurera, dans un bref délai, la présence étatique sur les territoires repris aux agresseurs et exclura l’éventualité de l’impunité des criminels ayant cyniquement violé les lois de la République.


2. L’option militaire ne serait-elle pas finalement la meilleure solution pour régler rapidement le problème du M23 ?
La force armée a toujours été l’un des outils permettant à la diplomatie de mettre, en cas de renversement de rapport de force, une menace à exécution. Une victoire militaire sur les champs de bataille ne peut que renforcer le gouvernement congolais dans l’optique de la finalisation des pourparlers de Kampala. De plus, dans toute négociation, le vaincu subit en principe la loi du vainqueur. La RD Congo est maintenant en masure de pratiquer, au regard des forces négatives responsables de la déstabilisation de la partie orientale, la politique de la carotte et du bâton. Dans le cas en l’espèce, je considère l’armée nationale comme non seulement le bras armé de la diplomatie congolaise, mais surtout la protectrice du sanctuaire national.


3. D’aucuns soutiennent que l’offensive militaire risque de mettre en péril les pourparlers de Kampala. Est-ce également votre avis ?
N’oublions pas que le médiateur des pourparlers de Kampala, en l’occurrence le président Yoweri Kaguta Museveni, n’est pas du tout impartial. Devons-nous toujours rester statiques au risque d’exposer nos femmes et nos enfants aux violences sexuelles ? Devons-nous toujours courber sans cesse l’échine au point d’encourager des millions de pertes en vies humaines ? Devons-nous systématiquement rester impuissants face aux pillages organisés de nos ressources naturelles ? Devons-nous accepter tacitement la balkanisation de notre pays ? Nous avons l’obligation patriotique de nous lever, de prendre les armes, de défendre vaillamment nos populations et de bouter nos ennemis dehors. S’il faut que l’offensive militaire mette en péril des négociations, dont l’arbitre est juge et partie, je ne peux que me réjouir et saluer les forces de l’esprit d’avoir impitoyablement permis un baptême du feu du tonnerre sur des pantins aux services d’un Bismarck de pacotille et d’un Napoléon sorti droit d’un horrible dessin animé. La patrie d’abord !


4. Ne redoutez-vous pas que l’armée rwandaise intervienne directement, sur le terrain, auprès du M23 ?
Dès lors que nos valeureux soldats ont fait résonner les bruits de bottes sur les différents champs de bataille, il y a de fortes chances que les loups sortent du bois. Après tout, ne faut-il pas montrer à la face du monde que le M23 est l’œuvre des pays frontaliers ? De toute façon, à travers les éléments du M23, les FARDC combattent en réalité les armées rwandaise et ougandaise. L’implication directe de ces deux pays ne fera que confirmer le secret de polichinelle que nous avons toujours dénoncé. La RD Congo a intérêt à pousser cette crise jusqu’au bout du paroxysme, libre à ce que la guerre se poursuive jusqu’à Kigali et à Kampala. Celui qui veut la paix doit forcément gagner la guerre, surtout quand celle-ci lui est imposée.


5. Une table ronde regroupant  les représentants de la Tanzanie, l’Ouganda, la RDC, le Rwanda, le Burundi, l’UA et le Conseil de sécurité des Nations unies, serait également une solution pour résoudre les problèmes de paix, de sécurité et de coopération dans la région des Grands Lacs. Qu’en pensez-vous ?
Je ne peux que me prononcer en faveur des négociations avec le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda. De plus, une victoire militaire n’est longtemps bénéfique que si elle permet d’enrayer définitivement les causes ayant été à l’origine d’une guerre. J’exhorte donc le gouvernement congolais à participer, en tant que vainqueur, aux différentes négociations afin d’imposer le respect des accords de non-agression et les sanctions contre les agresseurs, d’obtenir la responsabilité à la fois morale et civile des commanditaires. Bref, je demande « avec force et vigueur » au gouvernement congolais d’exiger des réparations en vue de la reconstruction de la région du Kivu. La réconciliation régionale et le réaménagement de la CEPGL ne se feront qu’en fonction de ces exigences. J’ai dit !


Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France


(*) Porte-parole de la Diaspora congolaise favorable au dialogue (DCFD)


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