La présidence burundaise a annoncé le retour,
sur le territoire national, du chef de l'Etat Pierre Nkurunziza, qui était
bloqué en Tanzanie durant la tentative du coup d'Etat. Depuis le 26 avril, des
milliers de Burundais manifestent contre la candidature du président de la
République du Burundi à un troisième mandat qu'ils jugent inconstitutionnelle. Quelques sources ont annoncé qu’il devrait s'exprimer dans la
journée. Mais quel message adressera-t-il, aux populations éprises de
démocratie, après avoir attisé lui-même le feu qui a failli le consumer ?
Les
conséquences du putsch
Le dénouement de la tentative du coup d’Etat
contre le président burundais en fin de mandat peut avoir comme conséquences
les représailles contre les mutins partisans du général Godefroid Niyombare et le
musellement, dans la foulée, des opposants politiques. Pis encore, cela
pourrait permettre au président Nkurunziza et à ses affidés de décréter un état
d’urgence, dans le but de repousser sine
die l’élection présidentielle et cautionner les mesures d’exception dont la
finalité consisterait à terroriser les populations favorables à la non-candidature
du président encore en exercice.
Une vraie
aspiration démocratique
Toutes les crises survenues au Burundi ont été
d’aspiration ethniciste, ayant opposé les Hutus et les Tutsis quant à la
gestion de la chose publique. La grande nouveauté, à propos des manifestations ayant
abouti à une tentative de putsch, réside dans le fait que Tutsis et Hutus ont
dénoncé ensemble la tentative de Pierre Nkurunziza de briguer un troisième
mandat contrairement aux dispositifs constitutionnels. Si l’on prend en compte
l’unité ethnique et la division de l’armée contre la volonté du président
sortant de se maintenir au pouvoir par tous les moyens, il serait plus sage d’apaiser
les tensions. Dans pareille circonstance, le règlement de comptes ne
contribuera qu’à l’embrasement d’un pays qui ressemble, à n’en pas douter, à
une poudrière.
Les
aspirations populaires
L’adresse du président Nkurunziza à ses
compatriotes serait donc déterminante, s’agissant de l’avenir proche du Burundi
et des pays de la région des Grands lacs déjà en proie à une instabilité sans
précédent. Soit il persiste dans sa velléité de devenir président à vie, au
risque de défier frontalement les populations mécontentes qui imposeraient à
tout prix le rapport de force dans la rue. Soit le président Nkurunziza profite
de l’avertissement à son attention, en annonçant tout simplement le retrait de
sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Ainsi contribuera-t-il à
la pacification et à la transition démocratique dans son pays. Un véritable
homme d’Etat doit avoir la capacité de répondre favorablement aux aspirations
de son peuple, soient-elles le résultat des urnes ou d’une légitime manifestation
populaire.
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