1.
Le président Joseph Kabila vient de signer l’ordonnance relative à la création
d’un forum national en vue des concertations nationales. La diaspora congolaise
n’y a pas été associée en tant que composante à part entière. Un espoir déçu
pour le groupe « Diaspora Congolaise Favorable au Dialogue » (DCFD)
qui a tant milité pour la tenue de ces assises ?
Il est vrai que l’ordonnance
présidentielle relative au forum national dénommé « Les Concertations
Nationales » ne mentionne nullement la participation de la diaspora comme
composante à part entière. Non, ce n’est pas un espoir déçu pour la DCFD. En politique, disait François
Mitterrand, la désillusion est une sottise. Le bon sens voudrait que le
règlement intérieur, prévu par l’article 3 de ladite ordonnance, veille à ce
que la diaspora soit traitée à sa juste valeur. C’est un préalable important
que, personnellement, j’ai posé.
2. Quelle suite a été réservée à votre demande de participer à ces assises ?
Je constate seulement que les
propositions faites dans notre cahier des charges correspondent aux thèmes des
États généraux des concertations nationales. D’une part, nous avons souhaité
que les assises soient non seulement financées par le gouvernement congolais et
présidées par des nationaux mais puissent aussi avoir Kinshasa comme cadre.
D’autre part, nous avons proposé que les travaux de ces assises se fassent dans
un délai raisonnable. Ensuite, nous avons préconisé les thèmes relatifs à la légitimité
et au renforcement des institutions étatiques, à la relance économique et à la
politique sociale, à la souveraineté nationale, à la sécurité ainsi qu’à la
paix, aux droits et devoirs des Congolais de la diaspora ainsi qu’à la
nationalité congolaise d’origine, et, enfin, à la mise en place d’une
commission « vérité et réconciliation ». Quant au sort réservé à
notre démarche, nous nous trouvons dans la même situation que toutes les
structures ayant introduit un cahier des charges. Nous attendons donc le
verdict. Sera-t-il favorable ? Oui, si le clientélisme n’est pas retenu
comme premier critère de sélection.
3. Selon vous, pourquoi le pouvoir ne fait-il pas confiance à la diaspora ?
En quoi la diaspora serait-elle néfaste
à la majorité présidentielle ? Personne, désormais, n’ignore l’implication et l’engagement de la diaspora pour faire progresser notre pays. Le
non-respect du mode opératoire incluant toutes les composantes de la société
congolaise serait par contre nuisible à la bonne tenue de ces assises. Comme
toute la classe politique et la société civile, la DCFD pense que seul un
dialogue républicain et inclusif – conformément à l’article 215 de la
Constitution du 18 février 2006, à l’accord-cadre d’Addis-Abeba et à la
résolution 2098 du Conseil de sécurité des Nations Unies – pourra permettre la
sortie des crises récurrentes en République Démocratique du Congo, notamment la
pacification et la stabilisation de la région des Grands lacs.
4. Croyez-vous vraiment que les participants à ces concertations auront à y « réfléchir et débattre en toute liberté et sans contrainte » ?
On sait seulement que, d’après
l’ordonnance présidentielle, les délégués seront issus des institutions
publiques nationales, des institutions publiques provinciales et locales, des
partis politiques, des autorités coutumières, de la société civile, des
personnalités historiques, des experts et des invités du Chef de l’État.
J’ignore les critères ayant conditionné ce choix. S’agira-t-il, en grande
majorité, des affidés du régime ? Espérons que le patriotisme l’emportera
sur le clientélisme. Nous pensons que la qualité des compétences et la sécurité
des participants contribueront à la réussite des États généraux, que
l’implication de la communauté internationale en qualité d’observatrice
crédibilisera davantage les conclusions des travaux et les recommandations à la
Nation congolaise.
5. D’aucuns disent que toutes les conditions dans lesquelles se déroulera cette réunion a déjà été ficelé par le pouvoir. Qu’en pensez-vous ?
Il est évident que la crise politique en
cours nécessite un patriotisme sans faille dans l’articulation et l’acceptation
d’un processus censé aboutir à la cohésion nationale. Le peuple congolais
restera-t-il sans cesse l’otage d’une classe politique non désireuse d’agir au
profit de l’intérêt national ? Il n’est pas du tout question que la classe
politique, opposition et majorité, ainsi que la société civile participent à
cette réunion comme des moutons de Panurge pour entériner des décisions déjà
arrêtées d’avance. En tout cas, la DCFD ne conçoit pas le dialogue national
comme l’arbitrage entre des factions rivales. Elle l’envisage comme une
occasion de faire des propositions d’avant-garde pour maîtriser les causes
ayant contribué à l’affaiblissement de l’État, à la fracture sociale, à
l’incohésion nationale et au risque de balkanisation. Ainsi espérons-nous que,
à l’issue des travaux du forum national, un mécanisme de suivi sera mis en
place afin de prévenir les tensions, rappeler les décisions de justice et sanctionner
en cas de manquement.
Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France
Gaspard-Hubert Lonsi Koko, porte-parole du groupe « Diaspora Congolaise Favorable au Dialogue » (DCFD).
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