vendredi 20 mai 2011

Parcours d'un réfugié politique

Être exilé, c’est perdre ses racines, son environnement, toute une part de son identité et du lien à sa terre, à ses valeurs, à ses symboles… C’est aussi être motivé par l’espoir d’une vie meilleure, quand ce n’est pas simplement la condition d’une survie, ou encore l’espoir d’un salut pour soi-même, sa famille, son peuple ; et plus avant, l’espoir d’un retour possible. À ces réalités complexes répond dans nos sociétés une recherche d’accueil, de compréhension et de « vivre ensemble », digne et juste, avec des populations qui s’installent de manière brève ou durable.
Afin de nous aider à regarder ces réalités en face, nous convions le lecteur, sans autre préambule, à une longue contemplation à travers trois expériences : d’abord le récit d’un réfugié politique congolais (Gaspard-Hubert Lonsi Koko) qui nous fait partager son long parcours d’exil en France et les leçons qu’il en tire aujourd’hui ; ensuite, celui de Guilhem Causse, jésuite, qui trace le portrait de deux demandeurs d’asile qu’il a été amené à accompagner dans le cadre d’associations (JRS et Pierre Claver) ; enfin, celui d’un couple dont l’existence depuis une trentaine d’années est rythmée par l’accueil et l’aide aux exilés : en ayant adopté des enfants venus de pays lointains, puis en s’engageant au Secours Catholique et à la CIMADE.



GASPARD-HUBERT LONSI KOKO
Homme politique de la République Démocratique
du Congo (RDC), résidant en France.A récemment publié aux Éditions
de l’Égrégore : Le demandeur d’asile (2005) et Socialisme, un combat permanent (avec J. Laudet, 2008), et à L’Harmattan : La République Démocratique du Congo : un combat pour la survie (2011).




Né à Léopoldville (actuellement Kinshasa), je suis le deuxième enfant d’une famille qui en comptait dix (deux sont entre-temps décédés). Je vis depuis vingt-huit ans de manière permanente en France où j’ai sollicité, dès mon arrivée, l’asile politique. L’OFPRA ayant rejeté ma requête au bout de six mois, j’ai fini par obtenir le statut de réfugié en seconde instance. Depuis 2005, je vis entre Paris et Kinshasa où, curieusement, je me retrouve étranger, à la merci des agents administratifs et des policiers pour qui je ne suis qu’un « Bounty » (Noir à l’extérieur et Blanc à l’intérieur) bon à soutirer de l’argent.Après avoir vécu pendant cinq ans comme demandeur d’asile et douze ans comme réfugié statutaire, j’ai choisi en 2000 de ne plus bénéficier de la protection de la convention de Genève de 1951. Depuis, j’ai réintégré tous mes droits au regard du Congo. Mais il me sera très difficile d’oublier, j’en suis certain, le parcours kafkaïen de ce jeune Zaïrois âgé d’à peine vingt-deux ans qui avait posé ses valises une matinée ordinaire de l’été 1983 dans le XVIIIe arrondissement de Paris [lire la suite].

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