Dans
son message du nouvel an, le président Joseph Kabila a rappelé le 31
décembre 2012 que la guerre imposée à la République Démocratique du
Congo devait être une occasion, pour le peuple congolais, de s’unir
davantage. Ainsi a-t-il précisé à juste titre qu’aucun résultat positif
ne serait possible dans la division.
Entre-temps, l’on apprend du mandateur chargé des consultations en
vue de la cohésion nationale, en l’occurrence le président de
l’Assemblée nationale Aubin Minaku, la pensée du Chef de l’État quant
audit dialogue. Les concertations nationales n’étant qu’une réunion
comme tout autre, faut-il comprendre, elles auront lieu sur la base de
la Constitution en son article 69. Plus explicitement, le fameux
dialogue intercongolais serait réduit à une rencontre entre les
différentes institutions étatiques. Et c’est là que les bâts blessent.
Président, « wapi »[1] dialogue national ?
« On ne contourne pas un obstacle, mais l’on s’appuie dessus », disait le socialiste François Mitterrand. Le président Joseph Kabila ne rendra un très grand service à la République Démocratique du Congo que s’il recourt à un véritable dialogue inclusif et républicain sans pour autant que les assises afférentes ne sombrent dans les erreurs du passé du genre Conférence nationale (CNS)[2] indépendante ou Sun City[3]. Sinon, comme tout pouvoir émane du peuple, que la classe politique congolaise ait le courage de recourir à la voie référendaire, conformément à l’article 5 de la Constitution, pour déterminer la procédure appropriée s’agissant de la cohésion nationale et de la viabilité des institutions étatiques.
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Source : Jolpress
Notes :
[1] Dans les années 1960, les Congolais confrontés à une situation plus chaotique que pendant la colonisation belge ne cessaient d’interpeller en lingala, langue parlée à Kinshasa, les politiciens de l’époque en ces termes : « Wapi dipanda ? » (Où est l’indépendance ?). Aujourd’hui, ils demandent au président Joseph Kabila ce qu’est devenu le projet du dialogue intercongolais, pourtant promis la main sur le cœur.
[2] La CNS s’est étalée sur une année et demie, soit du deuxième semestre de 1990 à 1992, et avait réuni les forces vives de la nation zaïroise : les délégués représentant toutes les couches de la population, toutes les régions et la diaspora du Zaïre (Congo-Kinshasa).
[3] Les négociations de Sun City, conclu en 2002, ont accouché d’un accord bancal entre le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba Gombo et le gouvernement de Kinshasa d’obédience kabiliste, après avoir exclu les autres forces armées, comme le principal groupe RCD-Goma d’Azarias Ruberua et les FONUS de Joseph Olenghankoy, ainsi que l’opposition non armée telle que l’Union pour la démocratique et le progrès social d’Étienne Tshisekedi wa Mulumba.
Une rencontre interinstitutionnelle
Pour Aubin Minaku, le recours à un dialogue inclusif et républicain ne se justifie pas. De plus, d’après le président de l’Assemblée nationale, les actuelles institutions de la République Démocratique du Congo découlent des élections de 2006 et 2011, de l’existence d’une Constitution acceptée par le peuple souverain à l’issue d’un référendum et préfigurent la perspective d’organisation d’autres élections (provinciales, locales, municipales, etc.). Or, constate-t-on, ces institutions, issues d’une élection bâclée, sont de plus en plus contestées par plus de 50 % d’électeurs. Au moment où l’incohésion nationale se cesse de s’amplifier, alors que l’unité du territoire national se fissure davantage, il serait imprudent de s’appuyer sur des institutions de plus en plus décriées qui n’inspirent guère confiance à la plus grande majorité.Un référendum populaire ?
On est de facto en présence des deux tendances diamétralement opposées : la première privilégie un vrai dialogue national, tandis que la seconde préfère une concertation feutrée entre les professionnels de la politique. Ainsi tend-on, encore une fois, vers l’impasse avec tout ce que cela risque de comporter comme conséquences.« On ne contourne pas un obstacle, mais l’on s’appuie dessus », disait le socialiste François Mitterrand. Le président Joseph Kabila ne rendra un très grand service à la République Démocratique du Congo que s’il recourt à un véritable dialogue inclusif et républicain sans pour autant que les assises afférentes ne sombrent dans les erreurs du passé du genre Conférence nationale (CNS)[2] indépendante ou Sun City[3]. Sinon, comme tout pouvoir émane du peuple, que la classe politique congolaise ait le courage de recourir à la voie référendaire, conformément à l’article 5 de la Constitution, pour déterminer la procédure appropriée s’agissant de la cohésion nationale et de la viabilité des institutions étatiques.
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Source : Jolpress
Notes :
[1] Dans les années 1960, les Congolais confrontés à une situation plus chaotique que pendant la colonisation belge ne cessaient d’interpeller en lingala, langue parlée à Kinshasa, les politiciens de l’époque en ces termes : « Wapi dipanda ? » (Où est l’indépendance ?). Aujourd’hui, ils demandent au président Joseph Kabila ce qu’est devenu le projet du dialogue intercongolais, pourtant promis la main sur le cœur.
[2] La CNS s’est étalée sur une année et demie, soit du deuxième semestre de 1990 à 1992, et avait réuni les forces vives de la nation zaïroise : les délégués représentant toutes les couches de la population, toutes les régions et la diaspora du Zaïre (Congo-Kinshasa).
[3] Les négociations de Sun City, conclu en 2002, ont accouché d’un accord bancal entre le Mouvement de libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba Gombo et le gouvernement de Kinshasa d’obédience kabiliste, après avoir exclu les autres forces armées, comme le principal groupe RCD-Goma d’Azarias Ruberua et les FONUS de Joseph Olenghankoy, ainsi que l’opposition non armée telle que l’Union pour la démocratique et le progrès social d’Étienne Tshisekedi wa Mulumba.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire