Rappelons que, quelques jours avant le sommet de la Francophonie mi-octobre à Kinshasa, le président français François Hollande avait qualifié d’« inacceptable sur le plan des droits de la démocratie et de la reconnaissance de l’opposition » la
situation des droits de l’Homme et de la démocratie en République
Démocratique du Congo. Cela avait valu la réplique du président
congolais, Joseph Kabila, selon laquelle son pays n’était « pas du tout complexé ».
L’insécurité et la crise des institutions
Le Premier ministre congolais va « travailler avec les autorités françaises sur les questions de sécurité », notamment dans l’Est de la République Démocratique du Congo, qui est sans cesse en proie à une instabilité chronique depuis l’accession de Joseph Kabila à la présidence en 2001. Les deux guerres qu’a connu le pays ces vingt dernières années ont de facto amplifié l’instabilité et l’insécurité aussi bien à l’intérieur des frontières nationales que dans la région des Grands Lacs. L’impunité reste donc totale. L’infiltration des FARDC[1]
par les éléments appartenant à quelques pays limitrophes, attirés par
des terres fertiles et riches en minerais, et une diplomatie moribonde
empêchent la République Démocratique du Congo de faire efficacement face
aux groupes rebelles qui poussent comme des champignons dans la région
du Kivu. Pis encore, la crise post-électorale n’a fait qu’aggraver la
faillite de l’État et mettre en évidence la carence des institutions –
lesquelles sont pourtant aux bottes de Joseph Kabila – ainsi que
l’illégitimité du pouvoir kabiliste.
Joseph Kabila s’est cyniquement maintenu à
la magistrature suprême, en dépit d’une élection présidentielle entachée
de fraudes, dans un pays où les violations des droits des droits
fondamentaux de la personne humaine sont légion, où la partie orientale
ne cesse de subir les conséquences d’une guerre civile et des
hégémoniques ambitions des petits voisins. Entre-temps, profitant de
l’inexistence de l’État congolais, les multinationales pillent sans
vergogne toutes les ressources naturelles, les exploitent en toute
illégalité et s’adonnent en toute tranquillité au trafic des minerais.
Les violations des droits fondamentaux
Monsieur Matata Ponyo Mapom va par ailleurs
souligner les efforts pour améliorer les questions liées à la
démocratie, relatives aux droits de l’Homme et à la paix. Nul ne doute
que – après la spoliation l’élection présidentielle du 28 novembre 2011
2011, couplée aux élections législatives – la garde rapprochée de Joseph Kabila
s’active davantage. Ainsi la répression a-t-elle fait des milliers de
victimes. Les enlèvements, les disparitions forcées et les arrestations
arbitraires se sont amplifiés. Selon divers rapports d’organisations des
droits de l’Homme, plusieurs opposants ont été assassinés ou sont
portés disparus depuis les élections bâclées de 2011 et plusieurs
milliers de personnes croupissent en prison et dans des de lieux de
détentions pour des raisons politiques.
La réconciliation nationale
L’attitude du Rwanda et l’inaction de Joseph Kabila constituent, à n’en pas douter, des facteurs déterminants en vue de la balkanisation de la République Démocratique du Congo. Si rien n’est entrepris, cela ne pourra qu’aggraver la guerre. Si la fermeté de François Hollande lors du XIVe Sommet de la Francophonie[2],
s’agissant de l’intangibilité des frontières du Congo-Kinshasa, a
constitué une mise en garde envers les agresseurs de ce grand pays
francophone, les Congolaises et les Congolais sont désormais conscients
que le salut ne peut venir que de la réconciliation nationale. Mais encore faut-il éviter les erreurs du passé. Encore faut-il que cette réconciliation se fasse avec des opposants crédibles et compétents,
qui n’ont jamais été impliqués, d’une manière ou d’une autre, dans la
catastrophique gestion de la chose publique de 1997 à nos jours. Seuls
les Congolais n’ayant pas pris les armes, ou cautionné leur usage en
vue de la prise ou du partage du pouvoir, peuvent mettre à jamais un
terme aux violences sexuelles, aux crimes de guerre, aux crimes contre
l’Humanité et au génocide en cours en République Démocratique du Congo.
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
© Jolpress
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