Pour la cohésion nationale et la pacification de la République Démocratique du Congo
Devons-nous encore accepter un autre poulain de l’Ouganda, du Burundi et du Rwanda, après des pilules mortelles que l’on nous a fait avaler en 1997, en 2001, en 2006 et en 2011 ? Toutes les crises connues, depuis la prise du pouvoir par l’AFDL et l’avènement du PPRD, sont les conséquences du non-respect de différentes résolutions et accords (Conférence nationale souveraine, Accords de Lusaka et de Sun City) par ceux qui gouvernent, par défi, la République Démocratique du Congo.
I - Velléités expansionnistes de nos voisins de l’Est
Depuis le déclenchement de la guerre de 1997, nos voisins de l’Est ont pris une sérieuse option sur notre devenir. Pour faire main basse sur nos terres et nos ressources minérales, ils essaient de balkaniser notre pays par tous les moyens et à n’importe quel prix. Pour atteindre leur objectif, ils se sont associés à des entreprises étrangères, lesquelles sont soutenues par des puissances extracontinentales. En contrepartie, ils doivent faire de la République Démocratique du Congo, dans le pire des cas, un « no man’s land » où lesdites entreprises s’approvisionneront en minerais rares à moindres frais. Dans le meilleur des cas, ils doivent occuper la partie orientale de notre pays afin de la transformer en une zone franche au profit des forces coalisées.
II - Inertie et complicité significatives de la communauté internationale
L’articulation du plan des forces coalisées contre notre pays est probablement programmée par la communauté internationale. Raison pour laquelle les forces onusiennes ne cessent de s’interposer entre les Forces armées de la République Démocratique du Congo et les différents mouvements de déstabilisation, et de côtoyer nos agresseurs en toute indifférence dans des régions occupées. Leur objectif consiste à faciliter le noyautage de la chaîne de commandement de l’armée nationale congolaise, y compris l’infiltration d’autres institutions aussi bien économiques que politiques.
III - Ambiguïté et complicité du pouvoir et d’une certaine classe politique congolaise
Nous sommes conscients du fait qu’une grande majorité de la classe politique congolaise, toutes tendances confondues, ne joue pas franc jeu. Elle a sciemment failli dans la tâche qui a consisté à doter la République Démocratique du Congo d’une majorité gouvernementale incontestable, soucieuse de la gestion de la chose publique au profit du peuple, et d’une opposition crédible, c’est-à-dire constructive. Ainsi a-t-elle agi en intelligence avec les ennemis de notre peuple. La classe politique a tout simplement trahi la Nation.
En ayant retardé la reforme de l’armée, des forces de sécurités et de police, conformément à l’accord global et inclusif de Pretoria, le gouvernement n’a pas voulu doter le pays d’une force de défense et de dissuasion capable de faire face à une quelconque menace extérieure.
Nous ne sommes pas du tout dupes. En effet, nous sommes conscients que les forces négatives veulent profiter de notre faiblesse en matière de défense du territoire, de l’illégitimité et de l’illégalité du pouvoir en place pour se débarrasser d’un partenaire qu’ils ont pourtant soutenu, sans aucun projet de société, aux élections bâclées de 2006 et du 28 novembre 2011. Ce n’est donc pas pour libérer le peuple congolais d’un allié désavoué par la majorité de notre peuple qu’elles sèment la mort et la terreur, mais plutôt pour achever un processus d’occupation, voire de balkanisation, déjà planifié dans les capitales occidentales.
IV - Ni Charybde, ni Scylla
Le peuple congolais se trouve aujourd’hui face à un dilemme à la fois kafkaïen et cornélien. De plus, les partisans de la balkanisation et ceux de l’occupation du Congo-Kinshasa l’ont obligé à faire le choix entre Charybde et Scylla, entre l’insécurité et la soumission, entre la violence et le génocide.
Fort heureusement, au-delà des tendances politiques, nous sommes une grande majorité des Congolaises et des Congolais de l’étranger et de l’ensemble du territoire national à privilégier le patriotisme. Nous estimons que l’avenir de la République Démocratique du Congo dépend de l’émergence d’une nouvelle voie excluant celle qui a été empruntée depuis 2001 par une classe politique qui a failli et par des personnes sans foi ni loi qui ont versé le sang de notre peuple, violé nos mères, nos femmes et nos enfants, pillé nos ressources naturelles et déstabilisé notre pays. Cette classe politique est aujourd’hui préoccupée par l’enrichissement insolent, au mépris de la misère de notre peuple chosifié.
En conséquence, Nous, Partis politiques et Associations congolaises de France :
- condamnons avec la dernière énergie l’agression de notre pays, sur sa partie orientale, ayant occasionné la prise de Goma ;
- dénonçons les manœuvres, en cours et en perspective, planifiées depuis l’extérieur du continent africain ;
- dénonçons l’attitude de la communauté internationale et de certaines puissances extracontinentales qui soutiennent la déstabilisation de la République Démocratique du Congo et orchestrent le massacre de notre peuple depuis 15 ans ;
- lançons un appel solennel au peuple congolais, aux organisations politiques et à toutes les forces vives à se mobiliser contre les agresseurs afin de mettre définitivement un terme aux guerres du Kivu.
V - Nos propositions
Au vu des arguments évoqués ci-dessus, pour l’intérêt supérieur du peuple congolais, nous faisons ci-après des propositions en vue d’un État de droit, de la stabilité et de l’indivisibilité de la République Démocratique du Congo, ainsi que de la pacification de la Région des Grands Lacs africains.
1. Sur la cohésion nationale – partant du principe que les élections bâclées de novembre 2011, l’incapacité morale, politique et opérationnelle des institutions ôtent au régime actuel toute légitimité sur le plan interne et toute crédibilité vis-à-vis de l’extérieur –, nous préconisons :
- la mise en place des conditions d’une véritable réconciliation nationale autour des valeurs républicaines, dans un élan patriotique collectif, pour la défense de la nation infiltrée, agressée et occupée ;
- la mise en place, sans pour autant sombrer dans les erreurs du passé, d’un gouvernement d’union nationale, ou de salut public, dans le contexte de l’état d’urgence ;
- l’incessibilité de la nationalité congolaise d’origine, conformément à l’alinéa 3 de l’article 10 de la Constitution, ainsi que le droit de vote et d’éligibilité des Congolais de l’étranger ;
- la préparation, dans un délai raisonnable, des élections générales libres et crédibles, en commençant par les élections locales ;
- la création des juridictions d’exception en vue des poursuites contre les auteurs des crimes de guerre, des crimes contre l’Humanité, des violations de droits fondamentaux de la personne humaine et haute trahison.
2. Sur la sécurisation du territoire national, nous proposons :
- le changement de la mission de la Monusco et sa transformation en force d’intervention aux côtés des FARDC, à partir de la frontière rwandaise, et, au cas où les Nations Unies refuseraient de requalifier sa mission, son remplacement par les forces de l’Union africaine (à l’exclusion des pays voisins de l’Est), ou de l’Eurofor, ou alors de l’Africom ;
- la mise en place d’une armée et d’une police républicaines et performantes, ainsi que la maîtrise de l’insécurité et la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national ;
- le désengagement des officiers originaires du Kivu et leur redéploiement dans d’autres régions du pays, les Régions militaires du Kivu devant être placées sous le commandement des officiers non locaux.
3. Sur la paix durable dans la Région des Grands Lacs, nous préconisons :
- l’obtention du dialogue inter-rwandais en vue d’assurer le rapatriement en toute sécurité des combattants FDLR et d’autres réfugiés rwandais dans leur pays, la réconciliation du peuple rwandais avec lui-même étant le seul gage d’une cohabitation pacifique et pérenne entre les deux communautés Hutu et Tutsi qui s’entre-tuent depuis des lustres ;
- à défaut, l’élaboration d’un plan de désarmement et d’éloignement des combattants FDLR dans un pays non limitrophe du Rwanda, conformément aux dispositifs de la Convention de Genève ;
- les tractations sur la gestion commune des ressources frontalières.
Fait à Paris, le 28 novembre 2012
Signataires :
- Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC) ;
- Congrès des Démocrates pour le Progrès Social (CDPS-France) ;
- Alliance pour le Développement de la République (ADR-France) ;
- Collectif des Démocrates Congolais (CDC) ;
- Union du Congo (UDC) ;
- Groupe de Réflexions des Congolais de France (GRCF).
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