Le
Premier Ministre de la République Démocratique du Congo, Augustin
Matata Ponyo, a réuni le 24 août dernier un comité exécutif –
composé de très hauts responsables comme le gouverneur de la Banque
centrale, ainsi que les ministres des Finances, du Budget et de
l’Économie nationale. A l’issue de ladite séance de travail,
cette instance a décidé de revoir à la baisse la prévision de
croissance en 2015. Cela est dû, aux dires des auteurs de cette
initiative, au ralentissement de l’activité économique constaté
au premier semestre de l’année en cours. Force est de constater
que, en passant de 9,5 % à 8,4 %, les estimations faites sur la base
des réalisations à fin juin 2015 régresse de 1,1 point par rapport
à l’exercice 2014. Il faut savoir que, en février dernier, le
gouvernement congolais avait tablé sur une croissance annuelle de
10,4 % tandis que, début juin, la mission du FMI dans le pays avait
avancé le chiffre de 9,2 %.
Les
différentes estimations
Le
Premier Ministre congolais avait indiqué le 3 mars dernier, sans
plus de précision, que le gouvernement escomptait une croissance « à
deux chiffres ».
Entre-temps, il avait annoncé avec que « selon
le Programme des Nations Unies pour le Développement, si [le
gouvernement maintenait] ce rythme de création de richesses, la RD
Congo pourrait devenir un pays émergent en 13 ans ».
D’après
les prévisions du FMI, la République Démocratique du Congo devait
enregistrer une croissance économique de 9,1 % en 2015. Quant au
Rassemblement pour le Développement et la Paix au Congo (RDPC),
un courant politique au sein de l’Alliance de Base pour l’Action
Commune (ABACO),
il préconisait 11,65 %
en 2015, c’est-à-dire
12,5 milliards USD.
Par contre, pour ce même exercice, Augustin Matata Ponyo
avait proposé un budget de 9 milliards USD.
S’agissant
de l’exercice 2015, les analyses les plus sérieuses tablaient le
budget à 13,2 milliards USD. A ce rythme, le taux de croissance
aurait pu évoluer de 12,8 %
en 2015 à 19,40 %
en 2019. Une pareille progression aurait permis à la République
Démocratique du Congo de figurer parmi les pays émergents en moins
de 10 ans, bien avant le pronostic du PNUD.
Montage
ou réalité ?
Quand
on s’imagine que le budget minimal de la République Démocratique
du Congo pour l’exercice 2015 devrait en principe s’élever à
24,2 milliards USD, par rapport à ses potentialités naturelles, la
régression de 1,1 % de la prévision de croissance ne peut que
susciter des interrogations. Par conséquent, on peut conclure que le
Premier ministre Matata Ponyo n’a pas su mettre en place une
politique rigoureuse en mesure de récupérer les 11 milliards USD
des flux financiers illicites enregistrés annuellement par l’Etat
congolais, ni d’encourager un meilleur usage des ressources
externes. S’il avait agi de la sorte, le budget aurait connu une
augmentation d’au moins 13,2 milliards USD cette année. Ainsi la
croissance aurait-elle pu atteindre, à ce rythme, plus de 65
milliards USD en 2020.
Un
proverbe bantou déconseille de vendre le gibier dans le sac. De
plus, la découverte d’une quelconque supercherie finit toujours
par ôter toute crédibilité au vendeur malhonnête. En tout cas, il
n’a échappé à personne que l’annonce relative à la baisse de
la croissance est faite, comme par hasard, à l’approche des
échéances électorales. Est-ce une façon de suggérer le report de
différents scrutins, donc le maintien des acteurs politiques déjà
en place dans les institutions étatiques, faute de moyens
financiers ? Dans l’affirmative, à qui profitera
financièrement ce maquillage ?
Gaspard-Hubert
Lonsi Koko
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