Après
avoir organisé des concertations nationales en 2013, le président
de la République Démocratique du Congo a fini par mettre en place
un gouvernement soi-disant de cohésion nationale. Celui-ci a pour
caractéristique le partage des portefeuilles ministériels entre la
majorité et une frange de l’opposition. Le fait de vouloir de
nouveau négocier avec les forces vives de la Nation congolaise
laisse sous-entendre l’échec patent de la précédente initiative.
S’il est évident que le devenir du peuple congolais doit être
fonction de la capacité de sa classe politique à trouver des
solutions idoines, on est en droit de s’interroger sur la sincérité
des partisans d’un énième dialogue.
Un
glissement ou non ?
En
politique, surtout dans les moments décisifs de l’évolution d’un
Etat, un dialogue entre les différentes forces vives ne peut qu’être
souhaitable. Mais encore faut-il connaître d’avance les
thématiques à aborder à cette occasion. Néanmoins, chat échaudé
craignant l’eau froide, il serait souhaitable de clarifier les
véritables intentions des acteurs politiques qui, deux années plus
tôt, ont détourné l’esprit initial censé faire des
concertations de 2013. Ainsi ont-ils gâché une occasion qui aurait
pu redonner espoir et consolider le « vivre ensemble »,
dynamiser la cohésion nationale et faire triompher le patriotisme
congolais.
D’aucuns
craignent désormais, au vu d’une quelconque mauvaise volonté
relative au calendrier électoral, un glissement qui maintiendrait
les mêmes acteurs politiques dans leurs fonctions respectives pour
une durée de trois, voire cinq ans. Il est évident que la
République Démocratique du Congo doit constamment être dirigée,
mais pas toujours par les mêmes personnes. Tout Congolais aspire à
la représentativité politique, qu’il soit cordonnier ou docteur
en droit, Katangais ou Mukongo, Kivutien ou Mungala, mulâtre ou cent
pour cent couleur locale, Bantou ou Soudanais, Nilotique ou Pygmée...
Seules les élections crédibles peuvent permettre l’accès aux
mandats électorales. Or, le retard pris à dessein dans la
déclinaison du calendrier établi par la Commission électorale
nationale indépendante (CENI) risque de maintenir, au grand dam de
la majorité silencieuse, le statu
quo.
Que faire alors ? Faut-il un glissement ou non ?
Une
loi d’exception
Les
tensions suscitées par les différentes tentatives de réviser
l’article 220 de la Constitution du 18 février 2006 risquent de
ressurgir à cause du non-respect du chronogramme du calendrier qu’a
proposé la CENI. Le Rassemblement pour le Développement et la Paix
au Congo (RDPC), un courant politique au sein de l’Alliance de Base
pour l’Action Commune (ABACO), estime indispensable de décaler
légèrement les échéances électorales, de telle sorte que le
processus puisse rester inchangé et débuter, pour des raisons
techniques, par la tenue des élections locales, municipales et
urbaines en 2016 et se terminer par les scrutins présidentiel et
législatifs en 2017.
Par
conséquent, il faudra un
consensus politique,
grâce au vote par le Parlement d’une
loi d’exception,
afin de permettre l’intérim de la présidence de la République
par le Président du Sénat, ou par le Président de l’Assemblée
nationale, jusqu’à l’organisation de l’élection
présidentielle et à la prise des fonctions de nouvel élu.
L’objectif consistera à ne pas agir contrairement aux articles
70-2 et 73 de la Constitution du 18 février 2006 relatifs à
l’installation effective du nouveau Président élu et à la
convocation par la CENI de l’élection du Président de la
République.
L’égalité
dans la représentativité politique
Cette
session extraordinaire du Parlement doit aussi se prononcer, selon
les animateurs du RDPC, sur l’abroger
de la loi électorale promulguée par le président de la République.
De plus, celle-ci viole directement les articles 11, 12, 13 et 66 de
la Constitution du 18 février 2006 relatifs à la dignité et à
l’égalité en droits, à l’égale protection des lois, à la
non-discrimination des Congolais en matière d’éducation et
d’accès aux fonctions publiques, ainsi qu’au respect mutuel. Pis
encore, les dégâts collatéraux, du fait de ladite promulgation,
concernent notamment les articles 69 et 220 de la Loi fondamentale
ayant trait à la sauvegarde de l’unité de la République et de
l’intégrité du territoire, ainsi qu’à l’indépendance du
pouvoir judiciaire.
Gaspard-Hubert
Lonsi Koko
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