Des participants aux concertations nationales à Kinshasa |
Concertations
nationales ? Dialogue national ? Peu importe les mots au contenu
incertain. Seule certitude : la démarche des organisateurs de ces assises est
contraire à l’objectif défini par son initiateur, le président Joseph Kabila,
dans son discours sur l’état de la nation, prononcé le 6 décembre 2012, devant
les deux chambres réunies en congrès.
A preuve, toutes les
composantes de la diaspora congolaise dans le monde n’ont pas été conviées à ce
« mess » censé apaiser les divergences et de favoriser l’émergence
d’une cohésion nationale. La diaspora congolaise a été sans réserve et sans
condition ignorée.
Sur quels critères ont-ils
fait le choix des délégués qui
représentent la diaspora à ce forum ? Quelle a été leur contribution aux
travaux préparatoires de ces assises ? Quelles ont été leurs
propositions ? Sous quels numéros ont été enregistrés leurs besoins, leurs
exigences ?
Pourtant, plusieurs
structures des Congolais de l’étranger dans le monde, notamment en Europe, ont
sérieusement travaillé sur ce projet. Elles
ont même fait parvenir aux services du président de l’Assemblée nationale,
Aubin Minaku, leur cahier des charges aux propositions bien ficelées et finalisées.
Pourquoi n’ont-elles pas été invitées ?
Dieu sait que bon
nombre de membres de ces structures ont été critiqués, insultés, vilipendés, menacés, pour avoir soutenu - dès
le début et sans réserve- le projet du président Joseph Kabila par ceux-là
mêmes qui ont été désignés par les organisateurs comme délégués de la diaspora,
et qui ont longtemps boudé la tenue de ces assises. Si le ridicule pouvait
tuer !
ENFANTS PAUVRES DE LA NATION
Le choix des organisateurs va encore plus attiser les tensions qui existent entre le gouvernement et les Congolais de l’étranger considérés, plus grossièrement, comme citoyens de seconde zone, voire traitres à la patrie, malgré de liens conservés avec le pays.
Nul ne nierait en effet
que ces enfants pauvres de la nation participent très activement aux débats sur
la situation politique, économique, sociale, et sécuritaire du pays. Et sans leur
activisme, la RDC serait aujourd’hui morcelée. Loin des yeux, ils se situent plus
près du cœur de la nation.
Nombre d’Etats,
émergents et développés, mettent en œuvre des politiques de lien avec leurs
ressortissants à l’étranger. C’est précisément l’exemple que devrait suivre le
gouvernement congolais. La diaspora est une mine d’or pour la RDC.
DECEPTION
Certes, l’objectif essentiel assigné aux concertations nationales par le président Joseph Kabila est de gagner le combat de l’unité et de la cohésion nationale face aux périls qui mettent en danger l’existence même de la RDC. Mais le choix des organisateurs pour les délégués des différentes composantes devrait se fonder sur le mérite et la compétence.
Une déception pour les
Congolais de la diaspora qui ont longtemps cru - à juste titre d’ailleurs- que
ces notions étaient indispensables à la
participation des représentants à ces
assises. Cette gifle, reçue en pleine figure, est d’une violence inouïe.
Les délégués qui
représentent la diaspora à ces assises ont-ils mérité leur place ? Ont-ils
les capacités reconnues pour débattre des sujets brûlants de la situation
actuelle en RDC ? Ou ont-ils des
accointances avec quelques personnalités – de la majorité et de l’opposition- bien placées dans l’organisation de ces
assises, comme cela se dit dans le landernau politique congolais ?
ABERRATION
On a la nette impression que le copinage, le clientélisme et la logique politicienne auraient pris ici le dessus sur des considérations objectives. Une aberration, car celui qui s’adonne à ces pratiques est un ennemi de la démocratie ou, au mieux, un idiot utile de l’injustice sociale.
L’élite congolaise de
la diaspora, la vraie, celle qui a cru jouer un rôle important à ce forum pour
l’honneur, la gloire et l’avenir de la RDC, celle qui a milité pour la tenue de ces
assises, et y a travaillé depuis l’annonce par le chef de l’Etat d’organiser
ces rencontres, n’a pas été conviée. Les invitations auraient été adressées aux familles, amis, connaissances
et membres du parti.
De plus, sur le plan
national, on a noté le retour sur le devant de la scène politique des poilus du
Mouvement Populaire de la Révolution (MPR), fossoyeurs du déclin du Congo, les
thuriféraires de l’Alliance de forces démocratiques pour la libération du Congo
(AFDL) et les caciques du gouvernement de transition (formule 1+4). Pour une
nouvelle vision politique de la RDC, on veut faire du neuf avec du vieux.
Ahurissant ! En tout cas, si c’est le prix à payer pour sceller l’unité et
la cohésion nationale, on a tout faux. Ne dit-on pas que la grandeur d’un pays
se mesure à l’aune de ses dirigeants ?
ACTIVISME
Les membres de la DCFD |
Si la Diaspora
Congolaise Favorable au Dialogue (DCFD) n’existait pas, il faudrait l’inventer.
Sa proposition pour la reconnaissance du droit de vote et d’éligibilité des
Congolais de l’étranger reste indispensable. Et son activisme, incomparable,
comme le montre le travail remarquable abattu depuis décembre 2012 sur cette
question. Elle souhaite ardemment que les concertateurs planchent sur cette
thématique.
Le cahier des charges
de la DCFD enregistré sous le n° 95, et ayant été retenu par les services
compétents, contient des propositions intéressantes sur la situation
socio-économique et politico-sécuritaire du pays, voire elle recommande des
solutions possibles pour sortir le pays de ses difficultés et en faire un grand
Etat.
En misant sur le
copinage et le clientélisme plutôt que sur le mérite et la compétence ; en
pariant sur la logique politicienne quitte à se couper d’une bonne partie de
l’élite congolaise, les organisateurs des concertations nationales ont loupé le
coche.
Robert Kongo, correspondant en France
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