Le budget 2014 a été récemment adopté par le Parlement et promulgué par le président de la République Démocratique du Congo, sans aucune inquiétude des institutions habilitées à l'améliorer. Dans un pays qui est en proie à l’insécurité et à une crise sociale, ainsi qu’à la menace d’un démembrement territorial, le budget gouvernemental aurait dû logiquement consacrer une part considérable à l’armée, à la gendarmerie, à la police et aux services de renseignements. Or, au Congo-Kinshasa, la programmation budgétaire des actions gouvernementales a attribué seulement 6,8 % à la réforme de l’armée et 3 % à celle de la police, les sommes allouées au ministère de l’Intérieur et de la Sécurité étant de presque 115 millions USD et d’à peu près 415 millions USD pour le ministère de la Défense nationale sur un budget global de 8,9 milliards USD.
Un budget cohérent
La stabilité de la République Démocratique du Congo dépend avant tout de l’inviolabilité de ses frontières et de la sécurisation de son territoire national. Ainsi le budget des ministères de la Défense nationale aurait dû s’élever au minimum à 1,36 milliards USD tandis que celui de l’Intérieur à 748,7 millions USD pour un budget global d’au moins 10,2 milliards USD.
Dans ce cas, la défense nationale aurait représenté 12,75 % et la sécurité nationale 7 % du budget gouvernemental lequel aurait dû être, dans l’absolu, de 10,2 milliards USD. Pour atteindre une telle ambition, le budget qui avait été proposé par le Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo, aurait dû être globalement amélioré de 1,3 milliards USD. Cela aurait permis d’allouer respectivement, pour plus d’efficacité, 65 millions USD aux secteurs relatifs à la défense et à la sécurisation du sanctuaire national.
Arrière-pensées politiques
Pourquoi le Parlement congolais a-t-il alors adopté un budget qui, connaissant très bien les impératives auxquelles est confrontée la République Démocratique du Congo sur les plans sécuritaire et défensif, un budget peu ambitieux ? La réponse à cette question permettra au peuple congolais, qui plus est le souverain primaire constitutionnellement parlant, de comprendre le rôle que joue la classe politique congolaise, celle qui est représentée dans les institutions étatiques, dans l’instabilité chronique qui ne cesse de déstabiliser la partie orientale, notamment les régions du Kivu et de l’Ituri, ainsi que la province minière du Katanga.
Il est évident que la balkanisation de ce grand géant ancré au cœur du continent africain ne pourra se matérialiser qu’à cause de la complicité interne. Ainsi la corruption des acteurs politiques siégeant dans les institutions de la République reste-t-elle le moyen le plus efficace d’assouvir les appétits expansionnistes de quelques pays régionaux, du point de vue économique et géostratégique, à la grande satisfaction des intérêts extracontinentaux.
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
© Jolpress
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