En
République Démocratique du Congo, lors du débat sur l’exécution
des finances de l’Etat à l’Assemblée nationale survenu le 2
octobre dernier, les députés nationaux ont mis en cause le
déséquilibre ayant caractérisé la gestion du budget 2013. Ainsi
ont-il fait remarquer l’incapacité du gouvernement à mobiliser
les recettes, soit plus de 2 milliards USD pourtant prévus dans le
budget 2013, tout en pointant le défaut de crédibilité quant à
l’écart de 30 % observé entre les prévisions et les réalisations
budgétaires. Les députés ont aussi reproché au gouvernement
d’avoir engagé des dépenses au-delà des fonds prévus, sans en
informer les deux chambres du Parlement. Par conséquent, ils ont
jugé prioritaire l’examen et le vote de la loi portant reddition
des comptes de l’exercice 2013, dont l’adoption est préalable à
celle de la loi des finances pour l’exercice 2015, déposée le 29
septembre dernier au bureau de l’Assemblée nationale, par le
Premier ministre Augustin Matata Ponyo. De
toute évidence, au-delà de la critique acerbe des députés à
l’encontre de la gestion gouvernementale du budget 2013, il est
question de trouver des voies et moyens susceptibles de contribuer à
l’amélioration de la gouvernance et de la transparence dans la
gestion des finances publiques en République Démocratique du Congo.
Le
budget 2014
Ayant
justement pris en compte la catastrophique situation financière à
laquelle n’a cessé d’être confrontée la République
Démocratique du Congo jusqu’en 2013, le budget global pour
l'exercice 2014 qu’a proposé le Rassemblement pour le
Développement et la Paix au Congo (RDPC) s’est élevé à presque
7,75 milliards d’euros – soit 10,2 milliards USD. Plusieurs
milliards d’euros étant systématiquement perdus à cause de la
corruption, du détournement des fonds publics et des dépenses
supposées que l’on amputait sans vergogne à la guerre, un effort
constant aurait dû être fourni pour que le budget puisse
correspondre aux dépenses réelles et croître chaque année au
profit du bien-être des populations. En effet, la transparence et la
rigueur dans l’exploitation et dans la commercialisation des
minerais, les contrats chinois et les importations des produits
alimentaires auraient dû rapporter plus de 800 millions d’euros
par an. 1,738 milliard d’euros serait provenu des produits
pétroliers et 329,4 millions d’euros des économies que le Trésor
public aurait dû faire, en temps de paix, en ne les attribuant pas
aux dépenses de guerre. La maîtrise de différents gaspillages de
l’argent du circuit officiel, dus à la mauvaise utilisation et aux
contraintes liées à la guerre, aurait évidemment permis de
récupérer dans les 3 ans au moins 3,11 milliards d’euros sur les
11,13 milliards d’euros du circuit informel. Cette répartition
budgétaire tenait compte – à court, moyen et long terme – de
l’affectation des ressources et de la réalisation des objectifs
prioritaires à atteindre à tout prix : à savoir la paix, la
cohésion nationale, la croissance économique et l’évolution
sociale.
Les
10,2 milliards USD du budget de l’exercice 2014 – soit 2,2
milliards USD supérieurs au budget du gouvernement – ont d’ailleurs
été estimés sur la base de l’exercice 2013 que le Premier
ministre Matata Ponyo avait jugé très équilibré. La
croissance, très dégradée à cause des politiques menées depuis
2001, aurait pu nettement progresser au regard du budget
gouvernemental de 2013, c’est-à-dire 7 milliards USD, de 10 % en
2014 à 18,25 % en 2019 – soit une évolution de 8,25 % en 5 ans.
Il est à noter que, selon les estimations du PIB réalisées par le
gouvernement congolais à la fin décembre 2012, la croissance
économique avait atteint le taux de 7,2 %, alors que le RDPC
préconisait 10 % en décembre 2014 – soit une hausse de 2,8 % –
et 11,65 % en 2015, au lieu de 10,5 % qu’avait prévu le
gouvernement, soit une hausse de 1,15 %.
Un
budget 2015 ambitieux
Ayant
retenu les leçons du passé, pour ce qui est de la bonne supposée
foi du gouvernement en place à Kinshasa, le chiffrage proposé « hic
et nunc » tient surtout compte des moyens qu’un
gouvernement de la République aura besoin dans la déclinaison de sa
politique. Cela permettra non seulement de vérifier la rentabilité
et l’équilibre financier du programme du RDPC, mais surtout de
réaliser le sérieux de la future administration, sans conteste
modernisée, avec laquelle les Congolaises et les Congolais auront à
faire. Plus entreprenant et plus pragmatique que le gouvernement
Matata Ponyo, le RDPC n’a pas hésité à proposer, sur la base de
ses propres estimations, un bilan global de 12,5 milliards USD pour
l’exercice 2015 – soit 3,5 milliards USD en plus par rapport aux
9 milliards USD proposés par le gouvernement Matata Ponyo.
Néanmoins,
les critiques émises par les députés incitent à la prudence. De
plus, en principe, gouverner c’est également
prévoir. Le cardinal François Marty ne soutenait-il pas que «
l’art de gouverner ne consiste pas à rendre souhaitable ce qui est
possible […] mais à rendre possible tout ce qui est souhaitable »
?Bien entendu, par prudence et par réalisme, les prévisions du RDPC
s’appuient sur des hypothèses de croissance de l’économie
nationale.
Crédibilité
et faisabilité
C’est
en jonglant habilement avec les chiffres, analysés les uns par
rapport aux autres, que l’on parvient à mieux crédibiliser un
axiome et à démystifier les préceptes à propos de l’économie.
Le budget étant par excellence l’expression chiffrée de la
politique économique et sociale de tout gouvernement, le RDPC a
toujours fait le choix de se projeter dans l’avenir, au lieu de
s’attarder tout le temps sur le calamiteux constat d’un pays dont
l’avenir est davantage hypothéqué par des facteurs tant endogènes
qu’exogènes, locaux que régionaux, et continentaux
qu’internationaux. En effet, il faut en finir définitivement avec
un État patrimonial au service de quelques oligarques dont la
logique reste la gabegie, la prédation, la mendicité
internationale, le pillage des richesses nationales et
l’enrichissement personnel.
Rappelons
que les prévisions dont il est question ont vocation à démontrer
la crédibilité et la faisabilité de la démarche initiée dans
l’espoir, comme le disait l’écrivain et historien français
Charles Pinot Duclos, « de faire le
plus grand nombre d’heureux ». «
Si tes projets portent sur un an, plante du riz ; sur vingt ans,
plante un arbre ; sur plus d’un siècle, développe les hommes »,
dit un proverbe chinois. C’est parce que le RDPC a la ferme
intention de bâtir les fondations durables du Congo-Kinshasa du
troisième millénaire que ses dirigeants commencent par poser la
première pierre. Ainsi reviendra-t-il aux futures générations de
la dégrossir tous les jours, à l’aide des outils qu’on doit
mettre dès maintenant à leur disposition.
Gaspard-Hubert
Lonsi Koko
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