samedi 12 octobre 2013

Vers une autonomie administrative d'une portion du Nord-Kivu en RD Congo ?

La République Démocratique du Congo a qualifié le vendredi 11 octobre 2013 à New York, lors de la 5ème séance de la 4ème Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies, « d’opportunité historique » le plan marocain d’autonomie au Sahara occidental. Elle a donc salué la « dynamique créée » par cette initiative susceptible de « mener à l’aboutissement d’une solution politique, juste et acceptable par tous ». À cette occasion, Jackson Bumba Vangu a affirmé que l’initiative marocaine[1] pourrait « mettre fin à la situation humanitaire extrêmement pénible des populations vivant dans les camps de Tindouf ». Sans vouloir s’immiscer dans les affaires internes dun pays, ni dailleurs mettre en cause le processus marocain, on ne peut que s’interroger sur les véritables motifs ayant poussé la République Démocratique du Congo à soutenir une telle initiative alors qu’elle est confrontée au même problème dans la région du Kivu.


Le fief du M23

Une portion du Nord-Kivu – notamment la partie frontalière du Rwanda englobant les villes de Rutshuru, Kiwanja, Rumangabo et Bunagana – est actuellement sous le contrôle des éléments du M23 soutenus par le régime rwandais. La déstabilisation de ce territoire a pour finalité de faire fuir les autochtones et les remplacer ensuite par des populations non congolaises. D’ailleurs, le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, n’a-t-il pas récemment annoncé l’arrivée de 200 familles qu’on dit être des Congolais et qui ont illégalement traversé la frontière rwandaise pour se retrouver à Bunagana, dans la zone rebelle ? Doit-on faire un dessin pour expliquer à l’opinion qu’il s’agit purement et simplement de l’infiltration de quelques éléments de l’armée rwandaise dans le but de renforcer le M23 ? Du dépeuplement pour un repeuplement ultérieur ?
De toute évidence, ce n’est pas pour amuser la galerie que les Nations Unis se sont inquiétées mercredi 9 octobre 2013 d’informations faisant état d’un renforcement militaire de la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23). En effet, selon le chef militaire de la Monusco, le général Carlos Alberto Dos Santos Cruz, la mission onusienne dispose de « beaucoup d’informations relatives au renforcement du M23 », même si, pour des raisons que personne n’ignore, elle fait semblant d’ignorer « l’origine de ce renforcement ».

Une probable autonomie ?

En tout cas, le représentant de la République Démocratique du Congo aux Nations Unies, Jackson Bumba Vangu, a affirmé que l’initiative du Royaume du Maroc « constitue une base de négociation pour aboutir à une solution politique et juste, d’autant plus qu’aux termes de la résolution 2099 le Conseil de sécurité s’est félicité des efforts réalisés par le Maroc »[2]. S’agit-il de créer un précédent pouvant permettre de répondre favorablement, le moment venu, aux revendications des populations rwandophones de la région du Kivu ? Cette déclaration préfigure-t-elle, en réalité, une annoncée anticipée de l’autonomie du territoire du Masisi ? Rappelons que, aux pourparlers de Kampala, le M23 revendique l’administration par ces éléments des territoires qu’il occupe. Comment peut-on ne pas appliquer chez soi ce qu’on approuve ailleurs ? Faut-il conclure que Kinshasa s’apprête à céder une portion de son territoire national ? Paul Kagamé est-il en passe de gagner son pari, à savoir la partition de la République Démocratique du Congo en vue de l’annexion d’une partie du Kivu au Rwanda ? That’s the questions !

Gaspard-Hubert Lonsi Koko

© Jolpress

[1] L’initiative marocaine d’autonomie pour la région du Sahara occidental a été créée le 11 avril 2007.
[2] Adoptée le 25 avril 2013, la résolution 2099 du Conseil de sécurité des Nations Unies avait prorogé d’un an le mandat de la Minurso sans élargissement de ses prérogatives au contrôle des droits de l’Homme.

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