Dialogue entre les différents acteurs locaux
En ayant signé l’accord-cadre du 28 février 2013, les
dirigeants de la région des Grands Lacs se sont interdits toute ingérence dans
l’est de la République Démocratique du Congo. «Nous aurons besoin [de
passer, ndlr] le test de la mise en œuvre»
de l’accord, a déclaré le secrétaire général des Nations Unies, qui a récemment
effectué une tournée en République Démocratique du Congo, au Rwanda et en
Ouganda. A en croire Ban Ki-moon, une paix durable n’est possible que «
si tous les pays signataires travaillent ensemble pour sortir de l’impasse
politique et créer une nouvelle dynamique en faveur de la sécurité et du
développement économique ». Quant au
président tanzanien, Jakaya Kikwete, il a saisi cette occasion pour livrer sa
vision de la feuille de route à tenir en vue d’une résolution durable de la
crise dans le Kivu. Après avoir insisté sur l’aspect politique, il a conclu que
la brigade onusienne d’intervention n’aurait aucun impact si le dialogue ne
s’ouvrait pas entre les différents protagonistes[1]
– y compris entre le Rwanda et les FDLR[2],
ainsi qu’entre l’Ouganda et l’ADF-NALU[3].
« Un coup de dé jamais n’abolira le hasard », écrivait Stéphane Mallarmé. Ce n’est un secret pour personne. Tout accord excluant les sanctions est d’office voué à l’échec. Effectivement, tant que le mécanisme de suivi régional[4] mis en place par les signataires de l’accord-cadre d’Addis-Abeba pour la paix en République Démocratique du Congo ne pourra sanctionner tout manquement aux engagements contractés, la raison du plus fort sera toujours la meilleure dans la région du Kivu. Par ailleurs, sans vouloir sombrer dans le complexe de Fachoda[5], l’absence à la fois des troupes francophones et des pays d’Afrique centrale dans la composition de la brigade d’intervention laisse-t-elle supposer la volonté d’imposer la « pax Anglo-Saxonica » dans la région des Grands lacs africains ? Veut-on faire croire que le dé est équilibré, alors qu’il est pipé d’avance ? Les Francophones seront-ils, en fin de compte, les dindons de la farce ? La proposition de François Hollande relative à un sommet pour la paix et la sécurité en Afrique vise-t-elle à éviter le mat du berger ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Source : Jolpress
[1] C’est-à-dire
entre le gouvernement congolais et le M23.
[2] Forces
démocratiques de libération du Rwanda.
[3] Les Forces
démocratiques alliées-Armée nationale de libération de l’Ouganda.
[4] Qui plus est
étroitement lié à l’Union africaine, à la Conférence internationale sur la
région des Grands Lacs et à la Communauté pour le développement de l’Afrique
australe, ainsi qu’à d’autres partenaires internationaux, y compris l’Union
européenne, la Belgique, les Etats-Unis d’Amérique, la France et le
Royaume-Uni.
[5][5]
Ce complexe remonte à la fin du XIXe siècle, quand la France tenta
de devancer l’Angleterre dans la conquête du haut Nil (nom du Soudan à cette
époque) et échoua à Fachoda, ayant ainsi scellé le partage des terres
africaines entre Britanniques et Français.
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