Dix millions de Congolais vivraient à l’étranger, selon des statistiques non vérifiées. Un chiffre qui fait peur et représente plus que le double de la population du Gabon et du Congo Brazzaville réunis. Les congolais de l’étranger sont privés du droit de vote. Pourtant, ils demeurent les principaux soutiens financiers, voire le dernier rempart des familles restées au pays. Résultat, ils ont le sentiment d’être dépossédés de leurs droits civils et politiques. Le débat sur la double nationalité fait rage au pays tant que la constitution consacre l’exclusivité de la nationalité congolaise. Un débat parfois truffé de dérapages et de débordements oratoires : « Vous avez changé de nationalité, vous n’êtes plus des congolais, ne vous mêlez pas des affaires de notre pays » répète Zacharie Bababasue, un conseiller occulte d’Olive Lembe, l’épouse du chef de l’Etat, Joseph Kabila, chaque fois qu’il s’adresse aux congolais de l’étranger. Parmi eux, « les combattants » revendiquent l’alternance politique et la bonne gouvernance au Congo. « C’est nous qui envoyons l’argent aux familles restées au pays face à un gouvernement démissionnaire qui n’assure pas la sécurité sociale de la population, » répliquent-ils. Depuis la nuit des temps, les phénomènes migratoires ont toujours existé. Aussi bien pour les humains que les animaux. Pour les humains, les motivations sont les besoins vitaux ou circonstanciels : la recherche de meilleurs pâturages, les conditions climatiques, les études, l’emploi, le commerce, le mariage, la curiosité, l’envie de découvrir d’autres horizons… Il se peut qu’à l’issue de ces pérégrinations, l’on s’installe durablement quelque part. De ce fait, on finit par s’adonner à des activités professionnelles dans le respect des lois locales et à fonder un foyer. L’intégration, ou l’assimilation, aidant, certains optent, peu importent les circonstances, pour la citoyenneté des pays de résidence sans pour autant couper les liens culturels et familiaux avec la patrie de leurs ancêtres. D’autres, en l’occurrence la nouvelle génération, deviennent naturellement des autochtones du fait d’être nés dans le pays d’immigration. Au fil des temps, les migrants se retrouvent à cheval sur deux, voire plusieurs cultures avec tout ce que cela comporte comme conséquences sur le plan identitaire [lire la suite].
Gaspard-Hubert Lonsi Koko et Éric Mwamba
© Africa Média 21
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