MM. Gaspard-Hubert Lonsi Koko et Donald B. Easum, ancien Secrétait d'État américain aux affaires africaines
La Prospérité : Quelles sont vos origines, monsieur Gaspard-Hubert Lonsi Koko ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Je suis un Kinois né des parents originaires du Bas-Congo. De ce fait, je suis mukongo, et la Constitution congolaise me reconnaît comme tel. Est-ce pour évoquer la problématique de la double nationalité que vous me posez ces questions ?
La Prospérité : Tout à fait. Pour quelqu'un qui aspire à devenir président de la République Démocratique du Congo, on ne peut que vous interroger, entre autres, sur cette problématique. Qu'elle est donc votre point de vue ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Je vous fais l'économie de la contradiction entre les alinéas 1er et 3 de la Constitution congolaise en matière de nationalité. Je vous épargne aussi le conflit entre les dispositifs constitutionnels et la loi sur la nationalité, car la Constitution prime sur la loi. Néanmoins, la Constitution congolaise constate qui est Congolais d'origine : à savoir toute personne née des parents faisant partie des groupes ethniques reconnus lors de l'indépendance de notre pays. De ce fait, cette Constitution n'a pas vocation à ôter à tout Congolais d'origine sa nationalité.
Par ailleurs, dès lors que le moratoire décidé au niveau du Parlement court toujours, on ne peut pas empêcher les Congolais d'origine se trouvant dans la même situation que leurs compatriotes parlementaires, sénateurs et ministres détenant des citoyennetés étrangères d'en bénéficier. Vous voyez bien que les Congolais sont très nombreux, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, à être concernés par cette problématique de la double nationalité.
Que doit-on faire concrètement ? Déclarer anticonstitutionnelles toutes les mesures prises depuis 2006 par des gens élus, quand bien même ils détiennent des citoyennetés étrangères ? La sagesse voudrait que l'on privilégie l'intérêt du pays. Rappelons qu'en droit les faits précèdent la loi.
La Prospérité : Que direz-vous par rapport à ceux de nos compatriotes qui ne ratent aucune occasion de s'en prendre à vous ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : C'est leur droit le plus absolu de me critiquer. Mais vous avez remarqué qu'ils ne m'attaquent jamais sur mes positions politiques, ni sur le projet de société que mes amis et moi-mêmes nous défendons. Vous avez aussi constaté que mes détracteurs les plus perspicaces sont tous partisans de ceux qui, au regard de l'administration congolaise, détiennent la double, voire la multiple nationalité. En tout cas, les gens avertis ont vite compris à qui profitent leurs attaques à mon encontre. Il paraît que l'on ne jette la pierre qu'à un arbre fruitier.
La Prospérité : Pourquoi les surnoms de « Koko bopeto », ou « Koko le balayeur » ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : On n'attribue pas un surnom à quelqu'un par le simple fait du hasard. Cela reflète toujours un besoin inconscient. La corruption étant l'un des maux qui hypothèquent l'avenir de notre pays, mes compatriotes, à travers ces surnoms qu'ils m'affublent, s'attendent à ce que je puisse axer ma campagne sur la thématique de la rigueur dans la gestion de la chose publique.
La Prospérité : En quoi consiste réellement votre descente au pays ?
Gaspard-Hubert Lonsi Koko : Une élection se gagne avant tout sur le terrain. Il faudrait bien que je réunisse les conditions nécessaires pour une campagne efficace. La crédibilité d'un candidat dépend de son projet de société. Et ce projet doit être défendu dans le cadre d'une structure légale, habilitée à prendre part à la compétition. L'un des objectifs de mon séjour au Congo consiste donc à confronter aux réalités locales le projet que nous avons conçu. Qui veut aller plus loin doit toujours penser à ménager sa monture. Je n'ai nullement l'intention de courir comme le lièvre de La Fontaine. Ma présence au pays sera aussi l'occasion d'échanger avec les forces vives de la Nation dans le cadre d'une concertation républicaine. D'aucuns savent que j'ai choisi la voie des urnes, même si cela me vaut des attaques déguisées. Mais j'assume mon choix, tout en me préservant de toute violence, aussi verbale soit-elle, à l'encontre de ceux qui ne pensent pas comme moi.
Propos recueillis par Roger Bongos.
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