Le Conseil des ministres de la République
Démocratique du Congo a prouvé le 10 novembre 2014 le dossier relatif à la
liquidation des 8 entreprises publiques[1]. Ainsi
une commission a-t-elle été instituée pour déterminer les modalités de cette privatisation,
ainsi que de sa durée. Contrairement aux choix du gouvernement Matata Ponyo,
les réponses à la crise économique ne résident pas dans la liquidation
systématique des entreprises publiques ou ayant une telle vocation. Ainsi
est-il plus dynamique de préconiser, dans les différents domaines, les choix
stratégiques – à court, moyen et long terme – en vue des solutions idoines.
Les choix
stratégiques
Pour ce qui est de la conservation et de la
gestion des ressources naturelles, les choix stratégiques du gouvernement
congolais auraient dû tenir compte de la meilleure connaissance et de la
compréhension de la biodiversité, du partage intelligent des connaissances, de
l’évaluation des bénéfices et des coûts de préservation de services rendus par
la nature. De plus, il est indispensable de tout entreprendre pour réduire les
pressions sur les écosystèmes et les ressources naturelles. En effet, l’objectif
consiste à lutter efficacement contre l’artificialisation des espaces et la
banalisation des paysages.
L’eau et
l’électricité
Il va falloir fixer un prix unique de l’eau
consommée et remplacer, dans le meilleur délai, le réseau vétuste. Dans cet
ordre d’idées, il faudra améliorer de façon considérable la qualité de l’eau et
faciliter son accès à toute la population. Voilà pourquoi, dans les villes et
les grandes agglomérations, le gouvernement congolais doit soutenir toute
initiative relative à un système d’assainissement de l’eau des sources ainsi
que sa potabilisation. Il doit aussi encourager la récupération de l’eau de
pluie pour les latrines et d’autres usages domestiques.
Dans une logique tout à fait humaniste, compte
tenu d’énormes ressources dont dispose le pays, l’électricité doit être
vulgarisée dans l’ensemble du territoire national. Son prix doit être banalisé
et harmonisé pour faciliter son accessibilité. C’est la raison pour laquelle le
barrage d’Inga doit être valorisé, modernisé en augmentant sa capacité en vue
de la consommation nationale et de l’exportation. Enfin, par rapport au nombre
impressionnant de cours d’eau qui quadrillent la République Démocratique du
Congo, on doit à tout prix réhabiliter et créer des centrales hydrauliques, des
mini-barrages, pour électrifier les quartiers et les villages enclavés, les
localités et les zones rurales.
Les
infrastructures
Le développement tous azimuts de la République
Démocratique du Congo et l’essor de l’emploi nécessitent un effort considérable
dans la programmation de grands chantiers publics, ou travaux
d’infrastructures. Cela passera, entre autres, par le désenclavement total d’un
bon nombre de localités : d’où l’obligation de lutter contre le
déséquilibre territorial. Pour cela, il faut encourager un nouveau modèle de
développement rural en construisant des routes de desserte agricole et
facilitant l’évacuation des produits vivriers vers les grandes agglomérations.
Le gouvernement congolais doit aussi s’adonner
à la réhabilitation et à l’électrification de 2 500 km de voies ferrées, à
la création d’au moins 1 000 km de voies routières, à la formation des équipes
et techniciens locaux dans le domaine du génie civile, ainsi qu’à l’investissement
dans les matériels roulants pour le transport des voyageurs et des
marchandises. Pour atteindre un tel objectif, il va falloir adopter une
politique innovante susceptible d’attirer les investisseurs étrangers et les
entrepreneurs de la diaspora congolaise, sans oublier les multinationales.
Enfin, un effort en faveur de nouvelles technologies de l’information et de la
communication rapprochera davantage les populations congolaises.
Les
minerais
Au regard du respect de l’environnement et des
préoccupations sociales des populations, il est plus efficace d’agir en faveur
de la responsabilité juridiquement contraignante et de la régulation des acteurs
privés pour une gestion durable des ressources naturelles. A cet effet, les
entreprises, qui ont l’exclusivité de l’exploitation des minerais congolais,
doivent être tenues par un cahier des charges. Cela ne pourra que faciliter,
au-delà des préoccupations d’ordre environnemental, la transparence dans
l’industrie extractive conformément à d’autres lois qui ont été votées dans les
pays développés, comme la loi américaine Dodd-Frank sur les minerais[2].
Il est important d’attribuer l’exploitation des
ressources naturelles et minérales, stratégiques et précieuses de la République
Démocratique du Congo par voie de concession, cession ou capitalisation. Ainsi
un code légal, pour une utilisation responsable et consciencieuse de ces
ressources, doit-il être adopté par le Parlement. Par conséquent, il va falloir
attribuer leur gestion à un organe permanent de contrôle qui agira de manière
autonome. Par ailleurs, dans le cadre de l’amélioration de la gestion des
ressources naturelles, il faudra exiger aux entreprises du secteur minier le
respect des lois congolaises et internationales telles que la loi des
Etats-Unis concernant la pratique de la corruption à l’étranger[3],
ou les recommandations de la Convention de l’OCDE sur la lutte contre la
corruption d’agents publics étrangers dans les transactions commerciales
internationales.
Un Fonds de
développement
Bien entendu, les pays africains sont contraints
de trouver des voies et moyens qui puissent permettre leur épanouissement
économique, facteur indispensable à la paix sociale et à l’évolution
démocratique. Cela nécessitera de l’audace, de l’innovation, de l’inventivité,
du pragmatisme et une réelle volonté politique. Mais au lieu de se contenter de
privatiser les entreprises de différents secteurs économiques, le gouvernement congolais
devrait plutôt procéder à un inventaire en vue de leur évaluation par la Banque
africaine de développement, ou alors par la Banque mondiale, et pourquoi pas par
l’Union européenne. Cette opération ne pourra qu’aboutir concrètement à la
création d’un Fonds de développement pour le Congo (FDC), lequel sera ouvert à
des investisseurs publics, ou privés, dont les parts seront détenues sous forme
d’actions et cotées en bourse. Ce Fonds sera alimenté par des capitaux émanant
des partenaires nationaux, ou étrangers, désireux de participer activement au
développement économique de la République Démocratique du Congo.
[1] Office
national du logement (ONL), CCIC, Société nationale de trading (SONATRAD), Société
nationale des chemins de fer (SNCZ), Compagnie cotonnière du Congo (COTONCO), Office
des biens mal acquis (OBMA), SOTRACO, SIZARAIL.
[2] Cette
loi porte sur l’exigence de traçabilité des minerais dans l’espoir d’établir un
peu de transparence et de discipline dans l’exploitation des minerais de l’Est
de la République Démocratique du Congo. Les minerais sont analysés avec un
système d’étiquetage au niveau régional, mis en œuvre dans le cadre de la
Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL).
[3] Foreign
corrupt practice act.
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