Selon certaines sources, notamment le journal Le Potentiel, le projet de loi électorale, bientôt en examen, planterait le décor de l’exclusion aux prochains scrutins. Pour prétendre au poste de candidat président de la République, il faudra payer une caution non remboursable de 100 000 USD, contre 50 000 en 2006. Des candidats députés nationaux, il sera exigé 5 000 USD de caution, contre 250 en 2006.
Rien de surprenant dans le souhait du président Joseph Kabila et de ses sbires de modifier la loi électorale afin d’augmenter de 100 % la caution pour l’élection présidentielle et de 2 000 % celle pour les élections législatives. Effectivement, Tacite nous apprend que « plus l’État est corrompu, plus il y a de lois ». En effet, « que peuvent les lois, là où ne règne que l’argent ? » s’est interrogé à juste titre l’écrivain latin Pétrone dans Satiricion. Le principe fondamental d’une loi étant d’établir l’équité, toute initiative légale qui génère l’exclusion est injuste. Nous devons donc à l’esprit la conception bonapartienne qui veut que « la morale publique soit le complément naturel de toutes les lois » dans la mesure où « elle est à elle seule tout un code ».
En voulant tripatouiller de nouveau la loi à quelques mois des élections, le président Joseph Kabila et ses complices veulent-ils expérimenter l’idée de Jonathan Swift selon lequel « les lois sont semblables aux toiles d’araignée, qui attrapent les petites mouches, mais laissent passer guêpes et frelons » ? Raison pour laquelle, à l’instar de Maurice Barrès, les hommes et les femmes soucieux de l’intérêt du peuple congolais demandent tout simplement à nos gouvernants et à nos parlementaires d’œuvrer pour « un état d’esprit, non des lois [injustes] », d’agir pour « une réforme mentale plus qu’une réforme matérielle ». Tel Léon de Saint-Just, il convient de rappeler au peuple congolais que « la servitude consiste à dépendre de lois injustes ». Ainsi doit-il agir, en sa qualité de souverain primaire, pour que « la liberté [dépende] de lois raisonnables ».
Peuple congolais, Gandhi ne nous a-t-il pas enseigné qu’« aucune loi tyrannique ne peut asservir [un peuple] dès que quelqu’un comprend qu’il est contraire à sa dignité d’homme d’obéir à des lois injustes » ? Ne laissons donc aucune tyrannie nous asservir. Conscients du fait que, à en croire le politicien et écrivain britannique Edmund Burke, « de mauvaises lois sont la pire sorte de tyrannie », il sera du devoir des Congolaises et des Congolais de s’opposer vigoureusement, si jamais le Parlement se prononce en faveur d’une énième loi visant à satisfaire les desiderata du président Joseph Kabila et de ses affidés au détriment de l’avenir de la République Démocratique du Congo. Seule une action populaire de grande envergure pourra contrecarrer l’initiative des parlementaires qui s’aventureraient à voter d’autres lois iniques, contraires à la fois à l’éthique politique et à la morale citoyenne. Croyant beaucoup à la capacité circonstancielle de toute nation à se choisir son destin, je préfère donc laisser au peuple congolais le soin de méditer sur cette phrase de Nicolas Machiavel : « Vous devez [...] savoir qu’il y a deux manières de combattre : l’une avec les lois, l’autre avec la force ; la première est propre à l’homme, la seconde est celle des bêtes ; mais comme la première, très souvent, ne suffit pas, il convient de recourir à la seconde ».
Gaspard-Hubert Lonsi Koko
Bravo ! Le destin de la RD Congo est génialement tracé entre ces lignes. Il revient au peuple congolais de s'assumer.
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