Gaspard-Hubert Lonsi Koko et José Maria Nevs, Premier ministre du Cap-Vert
L’élection présidentielle de 2011 en République démocratique du Congo approche à grands pas. Les ambitions s’aiguisent et la campagne semble avoir déjà commencé. Pour les acteurs politiques congolais, l’heure est à la mobilisation. Futur candidat à ce scrutin, le président d’Union du Congo, Gaspard-Hubert Lonsi Koko, évoque dans cette interview les éléments de son projet pour le Congo de demain. Rencontre avec un homme qui aspire à prendre les rênes de ce grand pays au cœur de l’Afrique.
Vous êtes l’un des futurs candidats à l’élection présidentielle de 2011 en République démocratique du Congo. Dans l’hypothèse où vous êtes élu, quel est votre projet pour remédier à la situation socioéconomique catastrophique que traverse ce pays ?
J’ai longuement réfléchi à la façon dont je pourrais aider mon pays à prendre un nouvel élan. Ce n’est que lorsque je me suis senti en phase avec les pesanteurs étatiques et les forces spirituelles bantoues que j’ai pris la décision de me présenter à l’élection présidentielle. Je me réjouis du caractère collectif pris par cette initiative.
Si je suis élu président de la République, je privilégierai le développement économique, le progrès social et la paix. Le budget de l’État sera donc un budget de croissance économique et de défense nationale, l’objectif étant la stabilité sociale et la sécurisation du territoire national. D’une part, cela se matérialisera par la création de l’Agence nationale de développement économique et sociale, un organisme dont le rôle consistera à faire des projections dans le temps pour atteindre les différents objectifs fixés par les autorités publiques et gouvernementales. Il sera question de doper la création de richesses matérielles et d’emplois. D’autre part, le gouvernement préservera la paix publique, sécurisera les citoyens et défendra la Nation toute entière.
Quels sont les défis à relever ?
Le prochain président de la République aura un travail de titan, tant la tâche à accomplir est gigantesque. Notre pays est confronté à plusieurs défis internes et externes : la restauration de son intégrité territoriale, l’affirmation de sa souveraineté politique, sa réunification administrative, la consolidation de la cohésion nationale, la mise en place d’un appareil d’État performant et transparent, la consolidation des structures étatiques représentatives, la reconstruction physique de ses infrastructures, la démobilisation et la réinsertion sociale des groupes armés, la gestion durable et responsable de ses ressources naturelles, et la poursuite de l’amélioration du niveau de développement humain de l’ensemble de la population congolaise. Mon devoir, c’est de transformer tous ces problèmes en quelque chose de bien, car je veux que le peuple congolais retrouve le bonheur.
Quels moyens mettrez-vous en œuvre pour relancer économiquement le pays et relever le niveau de vie des Congolais ?
Les pistes sont nombreuses. Quelques exemples suffiront. Notre système bancaire et financier sera modernisé pour participer, dans les meilleures conditions, à l’expansion de l’entreprise, au dynamisme de notre économie et à notre développement. J’encouragerai toute politique favorable à l’épargne et susciterai la création d’une bourse des valeurs pour développer le marché financier local. Pour relancer la croissance économique, je faciliterai l’émergence d’un patronat, auprès de qui l’État prélèvera, sans pour autant l’asphyxier, des taxes fiscales. J’encouragerai donc la création de petites et moyennes entreprises, notamment dans le secteur informel, par le biais d’une Institution d’aide et de gestion des Petites et moyennes entreprises. Entre-temps, j’accorderai une place importante aux syndicats, mon ambition étant de veiller à l’existence d’un contrat pour toute embauche et d’obtenir des salaires décents, selon le coup de la vie, pour nos compatriotes. Mon souhait, c’est l’émergence d’une classe moyenne congolaise. Je prendrai aussi des mesures économiques incitatives pour relancer l’élevage industriel dans le respect des normes internationales. Je suis pressé de mettre en place des mécanismes susceptibles de répondre et de subvenir aux besoins alimentaires du pays, d’assurer la sécurité alimentaire de nos compatriotes. Dans le cadre de la bataille productiviste et de l’agriculture mécanisée, je demanderai au gouvernement d’exonérer la taxe foncière au profit des exploitations agricoles. Il en sera de même pour l’élevage, la pêche, la pisciculture et/ou l’aquaculture.
Pour y parvenir, comptez-vous sur le soutien des investisseurs étrangers ?
Nous vivons dans un contexte de globalisation. Mais le fait de rester ouvert au monde n’exclura pas l’hypothèse selon laquelle, sous ma présidence, les contrats avec les investisseurs étrangers seront conditionnés à l’apport direct aux populations locales (construction d’un dispensaire, entretien d’une école ou d’une route...) et au transfert de technologies dans certains domaines.
Redéfiniriez-vous certains accords de coopération qui avilissent l’indépendance économique de la République démocratique du Congo ?
Je suis très conscient du principe de la continuité de l’État. S’agissant des accords qui portent préjudice aux intérêts de notre peuple, je suis partisan de les redéfinir et de les limiter dans le temps. Une commission ad hoc sera mise en place afin de trouver des arrangements profitables à tout le monde.
En matière de coopération, quelle place accorderiez-vous aux ONG qui exercent en République démocratique du Congo ?
Ne jetons pas la pierre sur les ONG étrangères qui œuvrent au Congo. Leur présence permanente est due à la faillite quotidienne de l’État congolais. Leur place sera fonction de l’efficacité de notre gouvernement.
Et aux ONG locales qui dépendent financièrement de l’extérieur ?
Pour éviter que les ONG congolaises soient sous la coupe des ONG étrangères, je mettrai en place, sur le plan humanitaire, une sérieuse politique gouvernementale. Cela poussera nos partenaires étrangers à faire de nouveau confiance à l’État congolais en lui permettant de mener à bien ses actions sur le terrain.
Comment envisagez-vous votre action sur le plan continental ?
Le Congo étant membre de l’Union Africaine, il est évident que mon action intégrera la dimension continentale grâce à une vision panafricaniste. Bien sûr, compte tenu de notre position géostratégique, je renforcerai nos rapports avec les pays de la CEEAC et de la SADC. Quant à la région des Grands Lacs, j’entreprendrai des démarches en vue de la clarification et de la redéfinition de certains dispositifs.
Quel rôle comptez-vous faire jouer à la diaspora dans la problématique de développement du pays ?
Pour que la diaspora congolaise apporte davantage sa contribution au développement, il faudra que le Congo respecte ses droits. Parmi les problèmes auxquels sont confrontés les Congolais de la diaspora figurent la privation des droits civiques et la non-reconnaissance de la double nationalité. S’agissant du premier cas, grâce à la création d’un fonds public alimenté au moyen des frais liés à la délivrance des documents administratifs par nos ambassades à l’étranger, je lèverai les supposées contraintes techniques qui empêchent nos compatriotes de la diaspora de voter et d’être candidats à certains scrutins. Je lèverai aussi l’obstacle concernant la résidence, car tout citoyen congolais a le droit de se présenter à la magistrature suprême indépendamment de son lieu d’habitation.
Quant à la reconnaissance de la double nationalité aux Congolais détenant la citoyenneté étrangère, je confirmerai le caractère inaliénable, donc incessible, de la nationalité congolaise d’origine et ferai respecter les textes internationaux signés par notre pays surtout lorsque ceux-ci ont une valeur constitutionnelle. Si je suis élu, je mettrai en place une politique qui tiendrait compte de ce qui précède, parce que je veux que les Congolais de la diaspora se sentent pleinement concernés par les principaux problèmes qui se posent au pays, notamment celui de son développement.
Gaspard-Hubert Lonsi-Koko, espoir du Congo de demain proclament les médias en Europe. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Je dirai que le destin d’un individu finit toujours par le rattraper, et qu’il est difficile d’y échapper.
Confirmez-vous l’imminence de votre retour au pays ?
Oui, je le confirme avec force et vigueur. Je m’installerai, de manière définitive, au Congo et j’y vivrai indépendamment des résultats du scrutin. D’ailleurs, sans l’assassinat de Floribert Chebeya, le directeur exécutif de La Voix des Sans Voix, j’aurai séjourné à Kinshasa dès mi-juin. Beaucoup de mes compatriotes m’ont demandé d’attendre l’issue de l’enquête, car il serait dommage que notre pays perde, à cause d’une « criminelle main téléguidée », l’un de ses enfants qui veulent lui redonner sa grandeur.
PROPOS RECUEILLIS PAR ROBERT KONGO, CORRESPONDANT EN FRANCE.
© Le Potentiel
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